Le plan de déconfinement du conseil scientifique fin prêt



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Le plan de déconfinement consiste justement à organiser le passage à une nouvelle situation, qui est le post-confinement avec de nouvelles habitudes axées sur la prévention et le respect des mesures barrières qui s’imposent, désormais, dans tous l’espace pour longtemps probablement.

Le plan de déconfinement portant les recommandations du conseil scientifique chargé du suivi de l’évolution de la pandémie Covid-19 est fin prêt.

Le document daté du 30 mai, dont El Watan détient une copie, s’articule autour de quatre axes principaux portant essentiellement sur la situation épidémiologique dans notre pays, les lignes directrices qui rendent le processus de déconfinement inéluctable, les conditions requises en matière de maîtrise de l’épidémie, et l’évaluation et le suivi des chercheurs sur lesquels le conseil scientifique s’est appuyé pour justement proposer l’approche opérationnelle.

Une étape importante dans tout ce processus engagé depuis trois mois dans la bataille contre la Covid-19. Cette approche consiste justement à organiser le passage à une nouvelle situation qui est le post-confinement avec de nouvelles habitudes axées sur la prévention et le respect des mesures barrières qui s’imposent désormais dans tout l’espace pour longtemps probablement.

«Ces recommandations découlent de la nécessité d’une préparation efficace et coordonnée pour la mise en œuvre d’un processus de déconfinement adapté et contrôlé afin d’éviter tout relâchement brutal des mesures de santé publique qui pourrait se traduire par une remontée rapide du nombre de cas et un retour des formes graves», note le conseil scientifique en introduction, précisant que les lignes directrices de ce plan de déconfinement devraient porter sur la prise en compte des risques pour la santé publique, du fardeau économique et social engendré par l’ensemble des mesures prises pour freiner et maîtriser cette épidémie dans notre pays et le renforcement de la stratégie de contrôle dont «l’objectif est de tarir les foyers et empêcher l’apparition de nouvelles infections et poursuivre l’effort de réduire les formes graves et les décès», ajoute le conseil scientifique en rappelant que ces recommandations s’inscrivent dans le cadre des orientations de l’OMS insistant, entre autres, sur le maintien de la vigilance pour la poursuite des activités de prévention et de lutte contre la Covid-19, la mise en œuvre de façon graduelle des mesures de déconfinement et l’implication active au niveau national et local de tous les secteurs et de la société civile.

Considérant que la situation épidémiologique est actuellement maîtrisable et l’analyse fait apparaître «une tendance haussière maîtrisable pour le moment, depuis le début de l’épidémie, qui a connu un premier palier autour de 100 cas par jour, puis, depuis le début du mois de Ramadhan, un deuxième palier qui tend à se stabiliser, actuellement autour de 150 cas par jour en moyenne, et qui pourrait s’expliquer par l’augmentation continue des capacités de diagnostic et le non-respect des mesures barrières par une partie de la population», note le conseil scientifique qui conditionne la levée du confinement à plusieurs critères portant d’abord sur une absence de contamination active dans la communauté, arriver à R0 inférieur à 1, la diminution des transferts des cas vers la réanimation et du nombre de morts qui est d’une moyenne actuelle de 3 à 7 décès par jour.

Approche pro-active

Au-delà de ces indicateurs, le conseil scientifique a insisté sur la mise en œuvre de l’approche pro-active du dépistage des sujets contacts à travers le renforcement des équipes des services d’épidémiologie de médecine préventive chargées d’identifier tous les cas contacts, de les dépister et d’appliquer aussitôt les mesures de prévention appropriées.

Cette stratégie aura pour but d’interrompre, de façon durable, la chaîne de transmission, faute de quoi on pourrait assister à la persistance d’une transmission résiduelle susceptible d’être à l’origine de nouvelles vagues. Elle devra être menée, en priorité, dans les wilayas sièges de foyers actifs de transmission.

Dans ce cadre, le conseil scientifique a préconisé l’élargissement du recours aux nouvelles technologies (application smartphone, logiciel GoData de l’OMS), «un processus qui a été, d’ailleurs, engagé», a-t-on souligné.

La réussite de toutes ces actions dépend en partie du dépistage. «Le défi actuel porte sur les capacités de réalisation du test à tous les sujets contacts.

Ce défi s’inscrit dans la logique de l’interruption de la chaîne de transmission au niveau communautaire à travers le renforcement du suivi des sujets contacts», signale le conseil scientifique qui estime que le succès de toutes ces actions dépend également du respect des mesures et les gestes barrières, notamment le port du masque rendu obligatoire.

«Un autre défi», selon les membres du conseil scientifique qui estiment que «cette problématique rend compte de la nécessité d’une approche opérationnelle multisectorielle élargie, concertée et adaptée à l’évolution de la situation».

Le conseil scientifique recommande l’élaboration de façon concertée avec le secteur de la santé de «protocoles sanitaires» adaptés avec les secteurs dont les activités sont susceptibles de constituer une source de la contamination ou un facteur de propagation de la Covid-19 en tenant compte de leurs spécificités.

Il s’agira, selon le conseil scientifique, d’arrêter les modalités opérationnelles de mise en œuvre des mesures barrières et du port obligatoire du masque dans les différents secteurs d’activité, à savoir le transport, ceux recevant et offrant des services au grand public et des lieux de regroupement du grand public.

Dans l’approche opérationnelle, le dernier axe du plan, les recommandations portent sur les modalités pratiques pour la reprise des activités et des manifestations dans le respect des règles de prévention et de désinfection dans l’objectif de réduire le risque de transmission dans l’ensemble des structures dans tous les secteurs et développer l’information et la sensibilisation des personnels et des usagers, notamment dans les différents modes de transport et dans les espaces publics.

Et de considérer que les mesures de prévention d’ordre général devront prendre un caractère obligatoire pour toutes les activités propres à chaque secteur. «L’adhésion de la population est une condition essentielle à la réussite de ce processus, et ce, d’autant qu’il est établi que le confinement, dans sa durée, pèse lourdement sur l’état général de la population dans sa vie quotidienne», ajoute le conseil scientifique qui estime qu’il est essentiel d’accompagner le processus de déconfinement par le maintien, de façon adaptée à la situation épidémiologique locale, du dispositif de surveillance, d’alerte et de prise en charge des cas de Covid- 19, la poursuite de la mise en œuvre de la stratégie opérationnelle de recherche active et systématique de tous les sujets contacts d’un cas Covid-19 dans le but d’identifier, de dépister, d’isoler et de traiter les cas positifs afin de rompre rapidement la chaîne de transmission et d’éviter que les cas Covid-19 ne se transforment en clusters et/ou en foyers épidémiques.

En conclusion, le conseil scientifique rappelle que l’ensemble de ces mesures doivent être accompagnées d’un dispositif suivi-évaluation qui, «par souci de cohérence», s’appuiera sur le comité ad hoc multisectoriel de prévention, de suivi et de lutte contre le coronavirus et le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus.


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