Une contrainte pour les personnes sensibles



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Les personnes enfreignant les mesures de confinement, de port du masque de protection, des règles de distanciation et de prévention et les dispositions du présent décret sont passibles de peines prévues par le code pénal, stipule l’article 17 du décret exécutif.

Décrété obligatoire dans les espaces publics ouverts et fermés et sur la voie publique, le port du masque de protection est désormais obligatoire même si on est seul dans son véhicule.

Dans une déclaration au JT de 19h de mardi sur Canal Algérie, le procureur général près la cour d’Alger, qui est revenu sur les sanctions prévues par la loi pour les contrevenants à cette obligation, affirme que «l’article de loi est clair, il stipule que si vous êtes sur la voie publique ou dans une administration, vous êtes obligé de le porter.

Etre en voiture, c’est être sur la voie publique», sans préciser de quelle loi ou article il s’agit. Pour lui, le port du masque est obligatoire dès que l’on sort dans la rue, à pied ou en voiture.

Ce qui devient, selon les spécialistes, une vraie contrainte pour les personnes sensibles, sachant que «les masques chirurgicaux doivent être changés au moins deux à trois fois par jour, alors que les masques artisanaux lavables et réutilisables ne sont soumis à aucun contrôle ni validation par les organisations d’homologation alors qu’ils doivent avoir une Autorisation de mise sur le marché (AMM) au même titre que les médicaments», affirme le Pr Salim Nafti, spécialiste en pneumo-phtisiologie, ce qui pourrait être dangereux pour les usagers, selon lui, notamment les personnes qui souffrent de maladies respiratoires.

Et de préciser que «lorsque l’on se retrouve à l’intérieur d’une voiture, cela relève de l’espace privé, jusqu’au moment où on ouvre les vitres pour discuter avec un agent de police, le pompiste d’une station d’essence ou toute autre personne, à ce moment-là, la règle de la distanciation et les gestes barrières, à travers le port du masque, s’impose.

Comme il doit être aussi respecté si on se retrouve à plus de deux personnes dans la même voiture. Mais, il est difficile d’appliquer à la règle cette décision à l’intérieur de la voiture, qui peut être très mal supporté par certaines personnes, surtout avec l’arrivée des chaleurs.

Il faut souligner que le masque de protection arrive à saturation au bout de quelques heures. Il doit être jeter et remplacer, parce qu’il n’arrive plus à filtrer les particules, et notamment le virus.

Ce qui empêche une respiration normale avec un risque de surinfection avec ses propres sécrétions projetées durant toute la période du port». Le Pr Nafti a recommandé : «Ces masques en tissu fabriqués dans des ateliers artisanaux doivent être aux normes avec une réglementation conforme au risque d’avoir de fausses garanties en termes de protection.»

Il estime que l’obligation du port du masque doit être suivie, avant toute sanction, dans un premier temps d’une large disponibilité à des prix raisonnables, tout en établissant des prix plafond qui seront respectés. «Les sanctions doivent intervenir après pour les contrevenants dans les lieux grand public, bien sûr fermés ou ouverts, comme préconisé par le décret exécutif», a-t-il ajouté.

Pour le Dr Bekkat Berkani, membre du conseil scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie Covid-19, au plan réglementaire, le port du masque est obligatoire dans les espaces publics ouverts et fermés. Cela doit concerner normalement l’ensemble des espaces administratifs et commerciaux, sans exception.

«Cette mesure vient justement renforcer comme geste barrière la distanciation physique tant recommandée par les spécialistes. Le masque permet justement de protéger les uns et les autres des projection des postillons d’un individu à un autre. C’est là où il y a surtout l’intérêt. Cela peut s’appliquer dans une voiture lorsqu’il y a plus d’une personne», a-t-il indiqué.

Rappelons que le décret exécutif fixant les mesures complémentaires de prévention et de lutte contre la propagation de la Covid-19 du 24 mars 2020, complété par des articles portant sur le port obligatoire du masque, stipule : «Le masque de protection doit être porté par toutes les personnes et en toutes circonstances, sur la voie et les lieux publics, sur les lieux de travail ainsi que dans tous les espaces ouverts ou fermés recevant le public, notamment les institutions et administrations publiques, les services publics, les établissements de prestation de services et les lieux de commerce» (article 13 bis).

Cette obligation doit être respectée dans ces espaces puisque les administrations peuvent faire appel à la force publique pour ce faire.

L’article 13 ter stipule : «Toute administration, établissement recevant le public, ainsi que toute personne assurant une activité de commerce ou de prestation de services, sous quelque forme que ce soit, sont tenus d’observer et de faire respecter l’obligation du port de masque de protection, par tous les moyens, y compris en faisant appel à la force publique.

Tous les agents publics habilités sont tenus de veiller au strict respect de l’obligation du port de masque de protection.» Le décret exécutif prévoit également des poursuites judiciaires à l’encontre des contrevenants.

«Les personnes enfreignant les mesures de confinement, de port du masque de protection, des règles de distanciation et de prévention et les dispositions du présent décret sont passibles de peines prévues par le code pénal», stipule l’article 17 du décret exécutif.  


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