Aziz Abbès . Entraîneur du WA Tlemcen

«Si on ne reprend pas avant le 30 juin, il vaut mieux tout arrêter»



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Partisan d’un arrêt de la compétition avec désignation des promus et des relégués, le patron de la barre technique du Widad de Tlemcen, pensionnaire de la Ligue 2 et sérieux prétendant pour l’accession parmi l’élite, ne manquera pas de commenter la décision de la FAF de maintenir le championnat.

Regrettant que les instances n’aient pas plutôt fixé une date pour la reprise au lieu de naviguer à vue, Aziz Abbès estime que si les entraînements ne reprennent pas avant la fin de ce mois, la reprise de la compétition sera définitivement compromise.

Entretient réalisé par  Tarek Aït Sellamet

 

-Vous avez toujours soutenu un arrêt définitif du championnat (Ligue 2, ndlr). Qu’en est-il désormais avec la dernière décision de la FAF de terminer la saison ?

Il faut savoir qu’on a donné aux joueurs des programmes de préparation individuelle, pour essayer de garder la forme face à cet arrêt forcé des entraînements et de la compétition. Mais c’était pour une période d’un mois, un mois et demi tout au plus, car c’était nécessaire avec l’arrêt de la compétition et la fermeture des infrastructures sportives. Mais là, on va boucler trois mois sans compétition et sans le moindre entraînement collectif. C’est devenu insoutenable. Et c’est pour cette raison qu’on a demandé un arrêt des championnats. Il y a des lois qui indiquent qu’en cas d’arrêt du championnat, on désigne le champion ainsi que les équipes qui accèdent et celle qui rétrogradent, comme le stipulent aussi les règlements de la FIFA.

-Qu’est-ce qui motive votre position ?

Après trois mois d’arrêt effectif à la date du 13 juin, et alors que rien n’indique qu’on pourra reprendre les entraînements au-delà de cette date, il était préférable, à mon sens, de tout arrêter. Pour plusieurs raisons, non seulement technique et physique où les joueurs sont sérieusement affectés, mais plus grave encore, sur le plan mental.

Parce que psychologiquement, les joueurs sont très affectés, et il sera difficile de les mobiliser, surtout qu’il n’y a pas de date précise de reprise, et qu’on s’accroche à cette hypothèse, alors que rien n’indique avec certitude qu’elle sera possible dans les prochaines semaines. Il faut être honnête, on n’est toujours pas sûr qu’on puisse reprendre dans les prochains jours. Et c’est ce qui m’inquiète en tant que technicien. Et tant qu’on ne peut visualiser cette date et qu’on reste dans le flou, il sera difficile, à mon avis, voire même impossible de reprendre.

-Cela ne s’explique-t-il pas par le fait que le WAT est en position de promu ?

En cas d’arrêt, le règlement est clair. Et en plus, à mon avis, l’Olympique de Médéa et le WAT méritent amplement d’accéder en Ligue 1 au vu de leurs parcours cette saison, pour la simple raison que ces deux équipes ont dominé le championnat tout le long de la saison en occupant, depuis son entame, les premières places au classement. Maintenant, on est forcé de se plier aux décisions du bureau fédéral de la FAF et de la LFP, qu’on respecte beaucoup en tant qu’instances dirigeantes du football.

-Donc, cette décision de la FAF vous contrarie…

Le problème ne se pose pas vraiment. Moi, je ne veux pas dire que je suis contre cette décision de reprise ou même pour un arrêt définitif, car le problème est ailleurs. J’aurais souhaité que les deux instances nous donnent une date précise pour la reprise des entraînements, puis de la compétition. Ce n’est qu’a partir de là qu’on pourra vraiment se positionner d’une manière précise.

-Et dans le cas où une date aurait été fixée, pensez-vous qu’il doit y avoir au moins une deadline, c’est-à-dire une date limite, au-delà de laquelle il ne sera plus possible de reprendre le championnat ?

Si cet arrêt n’avait pas dépassé les deux mois, on aurait pu, de mon point de vue de technicien, reprendre la saison en cours et enchaîner directement avec le nouvel exercice. On aurait pu terminer les sept journées restantes, et deux semaines de récupération auraient été suffisantes pour enchaîner avec la nouvelle saison. Scientifiquement et techniquement, il est vrai que 45 jours d’intersaison sont suffisants pour préparer un retour à la compétition. Mais là, c’est trois mois d’arrêt, et non actif de surcroît. De ce fait, et dans notre cas précis, ces 45 jours de préparation deviennent obsolètes.

Dans ces conditions et vu la situation qui prévaut, je pense que si on ne reprend pas les entraînements avant le 30 de ce mois, il sera impossible de poursuivre la saison en cours. Si on dépasse le mois de juin, on ne pourra pas débuter la nouvelle saison avant le mois d’octobre prochain.

C’est ce qui fait, à mon avis en tant que technicien, que si on dépasse cette date butoir du 30 juin, sans pouvoir reprendre les entraînements, il vaudra mieux tout arrêter.

-Et comment appréhendez-vous l’avenir en attendant cette reprise ?

Il faut déjà savoir que le programme de préparation qu’on a prodigué au joueur au début de la pandémie et de l’arrêt de la compétition n’a plus aucun sens désormais. Cela est valable pour un mois en principe, et pas plus. Le joueur ne va pas se contenter de courir et faire des exercices physiques pendant trois mois tout de même ! Un footballeur a besoin du ballon pour travailler.

Moralement, j’avoue que les joueurs ont carrément abandonné. En plus, il y a ce problème d’argent, avec des joueurs à qui la direction doit quatre salaires, et qui se voient obligés de faire l’impasse sur ceux de ces trois mois d’arrêt. Cela devient vraiment insupportable.


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