Le FMI préconise une réouverture prudente



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Le Fonds monétaire international révise ses calculs pour assombrir davantage le tableau de la reprise économique mondiale. Dans une mise à jour de ses perspectives économiques, l’institution de Bretton Woods dit s’attendre à une situation bien pire que prévue et que la reprise sera plus lente qu’espérée.

Le FMI revoit ainsi sa projection sur la récession mondiale qui plongera à 4,9% au lieu des 3% prévus en avril dernier en plein confinement total et arrêt des activités économiques.

Aujourd’hui, plus de 75% des pays optent pour la réouverture économique. «En l’absence de solutions médicales, la vigueur de cette reprise est extrêmement incertaine et l’impact est inégal selon les secteurs et les pays», affirment les analystes du FMI.

La perte cumulée sur deux ans du fait de la pandémie est estimée à pas moins de 12 000 milliards de dollars. «L’ampleur mondiale inédite de cette crise entrave les perspectives de reprise pour les pays tributaires des exportations et compromet les possibilités de convergence des revenus entre pays en développement et pays avancés.

Nous prévoyons un ralentissement grave et synchronisé en 2020, tant pour les pays avancés (-8%) que pour les pays émergents et les pays en développement (-3% ; -5% en excluant la Chine) et plus de 95% des pays devraient enregistrer une diminution du revenu par habitant en 2020», indique l’institution financière internationale.

De plus, à mesure que les réouvertures s’amorceront, le redressement ne sera pas égal entre les pays. «D’un côté, la demande refoulée entraînerait une forte hausse des dépenses dans certains secteurs, tels que le commerce de détail alors que d’un autre côté, les secteurs de services qui reposent sur de nombreux contacts entre personnes, tels que l’hôtellerie, les voyages et le tourisme, resteraient en berne. Pour les pays qui vivent de ces secteurs, les répercussions se feront vraisemblablement sentir pendant longtemps».

Le marché du travail subira de plein fouet les conséquences de la crise. Les marchés financiers quant à eux se porteront mieux, mais l’incertitude plane toujours tant que la pandémie n’est pas totalement évincée. Dans un autre rapport sur la stabilité financière dans le monde, le FMI note que si «certains marchés boursiers ont récupéré la totalité de leurs pertes, d’autres ne sont qu’à 75% environ du niveau où ils se trouvaient à la mi-janvier.

Parallèlement au redressement des prix, la volatilité des marchés boursiers s’est atténuée après avoir atteint un pic en mars… les marchés du crédit, les écarts de taux se sont considérablement rétrécis après avoir atteint des sommets», précise l’établissement de Bretton Woods.

Et de noter que le décalage entre les marchés et l’économie réelle agite le spectre d’une nouvelle correction des prix des actifs en cas de baisse de l’appétit des investisseurs pour le risque, ce qui mettrait la reprise en péril. «En fait, les valorisations semblent excessives sur bon nombre de marchés boursiers et de marchés d’obligations de société», explique le FMI en notant que l’économie mondiale est entrée dans la pandémie, alors qu’elle comptait des fragilités financières accumulées depuis la Grande récession. «Dans les pays avancés comme dans les pays émergents, la dette des entreprises et des ménages pourrait devenir insoutenable pour certains emprunteurs en cas de grave contraction économique…

Cette détérioration des paramètres économiques fondamentaux a déjà conduit au rythme de défaillances d’obligations d’entreprise le plus rapide depuis la crise financière mondiale».

Dans les projections économiques, le FMI préconise de donner la priorité à «gérer les risques sanitaires, même lorsque les pays rouvrent leur économie». «Il convient de poursuivre le renforcement des capacités sanitaires, de mener de vastes campagnes de dépistage et de traçage, ainsi que de respecter la distanciation physique.» Aussi, l’intervention de l’Etat pour sauver des entreprises et aider les ménages est soulignée comme une exigence pour limiter les conséquences négatives de la crise.


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