Faire de la Covid-19 une maladie à déclaration obligatoire



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C’est ce que défend le Dr Abdallah Benarab, président de la commission santé de l’APW de Constantine.

A mesure que la situation de l’épidémie vire au rouge dans la capitale de l’Est, à Sétif et dans plusieurs autres wilayas depuis le déconfinement du 14 juin, les bilans officiels établis sur la base d’un comptage des cas déclarés aux hôpitaux du service public deviennent trompeurs.

«Les citoyens qui ont peur d’aller consulter dans les hôpitaux, se tournent vers leur médecin habituel et se font prescrire un scanner du thorax.

D’après les statistiques menées parmi les 11 scanners privés de la wilaya de Constantine, en moyenne 50 Covid– sont diagnostiqués tous les jours», révèle le Dr Benarab à El Watan. Un chiffre qui donne froid dans le dos, car bien au-dessus du bilan quotidien avancé par les services officiels.

A Constantine, l’opinion publique est frappée par la fermeture de la grande poste et de la majorité des services d’état civil, infectés par le coronavirus.

Les trois hôpitaux désignés pour accueillir les malades de Covid-19 sont saturés depuis plusieurs semaines.

En face, la population fait preuve de résistance et réinvesti les lieux publics, les commerces en tête, bravant le risque de contamination.

Le conseil de sécurité de wilaya, réuni dimanche sous la présidence du chef de l’exécutif local, Sassi Ahmed Abdelhafid, a examiné cette situation fortement inquiétante et écouté un exposé du président de la commission santé de l’APW.

Ce dernier, s’appuyant sur ses observations de l’évolution de l’épidémie à Constantine et dans les autres wilayas, avertit sérieusement sur l’urgence de considérer la Covid-19 comme maladie à déclaration obligatoire. «Les médecins de ville seront obligés de déclarer leurs patients atteints de Covid+.

Ainsi les médecins de villes peuvent procéder à la recherche (tracking) et au contrôle des sujets contacts de leurs propres nouveaux Covid+.

Les sujets contacts qui sont contaminés seront alors placés en confinement chez eux. Leur suivi pourra se faire par téléphone, pour les cas asymptomatiques ou bénin», prévoit-il.

Dans la situation actuelle, explique notre interlocuteur, ces malades échappent à tout contrôle et représentent la face cachée de l’iceberg.

Il estime que le service d’épidémiologie de la wilaya, à travers les Semep, se trouve dépassé par le nombre de nouveaux contaminés.

Par manque de moyens matériels et humains, il n’arrive plus à rechercher et contrôler tous les nouveaux sujets contacts.

Il est désormais établi que le système national de santé publique est désarmé devant l’avancée de l’épidémie, en dépit des efforts accomplis et de la stratégie de lutte qui avait donné des résultats contre la première vague.

Sous la pression sociale et économique, le déconfinement a relancé de plus belle l’épidémie, encouragée hélas par un relâchement dans le comportement préventif des populations.

«Nous espérons que nos concitoyens prennent conscience du danger de cette maladie et adhèrent pleinement aux mesures sanitaires qui leur sont recommandées», espère notre interlocuteur.

Ce dernier rappelle sans cesse que la rupture de la chaîne de transmission du virus ne peut se faire que grâce aux mesures de prévention (bavettes, distanciation, lavages des mains), et la prise en charge des malades et de leurs proches ou sujets contacts.


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