La solitude du personnel soignant



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Les plus grands hôpitaux d’Alger sont pratiquement saturés. Aussi bien au CHU Mustapha qu’à Beni Messous et Bab El Oued, les services de réanimation affichent complet alors que ceux des urgences, des hospitalisations sont quotidiennement encombrés.

La situation sanitaire inquiète sérieusement le personnel de santé, confronté directement à la prise en charge de la pandémie. Au moins trois grands hôpitaux de la capitale, Beni Messous, Mustapha et Bab El oued, affichent actuellement complet avec une moyenne d’hospitalisation de plus d’une quarantaine de patients positifs, alors que leurs services de réanimation sont carrément saturés.

Soumis à une forte pression, liée au confinement obligatoire après les gardes Covid-19, au risque de contamination, au manque de moyens de protection et de dépistage, le personnel soignant se retrouve seul face à la pandémie. D’un côté, la transmission rapide du virus en raison du non-respect du port du masque, de la distanciation sociale et du lavage des mains, et d’un autre, le manque de moyens de prise en charge, de dépistage et surtout de protection dans l’exercice de leur métier.

Ils en payent le prix puisque, selon le Dr Berkani Bekkat, membre de la commission de suivi de la pandémie Covid-19, 21 d’entre eux sont décédés et plus de 400 autres ont été contaminés.

Un bilan qui risque de s’alourdir si la situation persiste. Dans de nombreuses wilayas du pays qui souffrent d’un manque flagrant d’infrastructures hospitalières, le personnel médical, souvent en manque d’effectif, fait face, avec des moyens dérisoires, à un rush de malades Covid-19.

C’est le cas de Sétif, mais aussi de Constantine, de Ouargla, de Annaba et d’autres où les soignants, peu nombreux, exercent dans des conditions extrêmement difficiles et supportent tout le poids de la prise en charge avec des moyens dérisoires et une population qui reste encore indisciplinée et réfractaire au port du masque, à la distanciation sociale et au lavage des mains.

Pour le Dr Lyes Merabet, président du SNPSP (Syndicat national des praticiens de la santé publique), le bilan des soignants touchés par la Covid-19 «est loin de la réalité. Les nombres des professionnels contaminés dépasserait largement le millier de cas, alors que pour les décès dans les deux secteurs privé/public, nous sommes aujourd’hui à plus de 30 victimes.

Nous avons demandé à l’ensemble de nos structures présentent dans plusieurs wilayas de recenser les effectifs des personnels soignants contaminés, hospitalisés, ceux admis en réanimation et malheureusement aussi les cas de décès, ainsi que l’état des effectifs ayant bénéficié d’un dépistage à la RT PCR ou au test rapide.

Nous sommes en train de finaliser. Je sais que le ministère de la Santé a demandé dernièrement aux directeurs d’établissement de santé un travail similaire. Les professionnels de la santé, tous corps confondus, trouvent des difficultés dans leur prise en charge lorsqu’ils sont eux-mêmes malades.

Nous avons eu à intervenir plusieurs fois pour régler un problème d’exploration ou d’hospitalisation pour nos adhérents et d’autres personnels du secteur. A ce titre, nous avons demandé officiellement la reconnaissance de la Covid-19 comme maladie professionnelle au profit des professionnels de la santé.

La proposition a été faite aussi par le ministère de la Santé aux départements concernés du ministère du Travail et de la Sécurité sociale pour étude».

Le président du SNPSP plaide pour la continuité de la réflexion «sur les stratégies à mettre en place et à travailler encore plus mais avec une meilleure coordination pour espérer éviter le scénario italien ou brésilien. La démarche-stratégie doit évoluer avec le contexte épidémiologique qui, force est de le constater, a changé dans notre pays».

30 morts et un millier de contaminations…

Il qualifie d’«inquiétant» le manque de protection du personnel soignant et précise : «Le dépistage reste très faible, comparé à l’étendue de l’épidémie et donc aux besoins exprimés par les structures de santé. Une situation qui entrave directement le bon déroulement des enquêtes épidémiologiques sur le terrain et, par conséquent, rend caduque l’impact de nos démarches préventives.»

Contacté, le professeur Rachid Belhadj, chef de service de médecine légale et directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha, confirme la saturation des services d’hospitalisation Covid-19 et de réanimation, qui met le personnel soignant «sous un stress permanent».

Il explique que cette situation «est surtout le résultat du non-respect des règles de protection qui stoppent la chaîne de transmission du virus. Il faut savoir que ce dernier a perdu beaucoup de sa virulence, il contamine moins. Ce qui rend les mesures de protection très importantes.

Les soignants sont en première ligne depuis près de 4 mois. Ils ne peuvent pas rester éternellement dans cette situation. Le citoyen doit être responsable et aider à ce que nos hôpitaux ne soient pas encombrés afin de permettre au personnel de prodiguer les soins dans de bonnes conditions».

Abondant dans le même sens, le Dr Mohamed Berkani Bekkat, membre de la commission nationale de veille et de suivi de l’évolution de l’épidémie du nouveau coronavirus et président de l’ordre des médecins, est formel : «Il faut faire en sorte que les règles de protection, notamment le port du masque, soient strictement respectées. Le port du masque est obligatoire. Il faut que cela soit visible sur le terrain.

C’est le seul moyen de stopper la pandémie et réduire cette tension qui pèse sur le personnel médical.» Nos trois interlocuteurs insistent beaucoup sur les conséquences de la pression qui s’exerce sur le personnel médical. «Ils sont dans l’obligation d’assurer les soins certes, mais il ne s’agit pas d’une simple maladie.

Ils sont privés de leurs familles, confinés, vivent avec un stress permanent et la peur, qui affecte leur état psychologique», déclare le Pr Rachid Belhadj.

Pour le Dr Lyes Merabet, les conséquences de cette mobilisation permanente, depuis près de 4 mois, a eu des conséquences assez dramatiques sur la santé psychologique du personnel soignant, en citant par exemple les cas de burn-out. A ce titre, il précise : «Nous avons demandé que le burn-out soit aussi déclaré comme maladie professionnelle.

Une séance de travail est proposée pour bien étudier la proposition en présence de spécialistes en médecine du travail, de psychiatres et de psychologues. Le principe est retenu. Parallèlement, nous continuons à revendiquer un dépistage systématique pour les professionnels de santé.

C’est une mesure de protection pour eux, d’une part, pour les malades et pour les proches des professionnels, d’autre part, et cela permettra d’avoir une vue réelle sur le niveau de contaminations au sein de l’espace sanitaire, cela donnera le droit à une prise en charge et à une indemnisation du professionnel atteint et des victimes décédées pour une première mesure».

Hier, le nombre de contaminations a dépassé largement la barre des 300 nouveaux cas, alors que le pic atteint au mois d’avril dernier était de 280, avant de baisser pour atteindre la quarantaine et de flamber une seconde fois.

Conseil des ministres : Les frontières resteront fermées jusqu’à nouvel ordre

Lors du Conseil des ministres, tenu hier sous sa présidence, le président Abdelmadjid Tebboune a appelé au durcissement des sanctions contre les contrevenants aux mesures de prévention sanitaire.

Par ailleurs, il a chargé le Premier ministre de préconiser de nouvelles mesures concernant la gestion du confinement à travers le pays.


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