Dr Youssef Bellatrache. Expert en génie civil

«L’Algérie gagnerait à valoriser les résidus de ses palmeraies»



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La valorisation des résidus de palmiers dans différentes industries est une piste de recherche mise en avant par plusieurs chercheurs scientifiques.

Dans cet entretien, le Dr Youssef Bellatrache, qui vient de soutenir une thèse de doctorat en sciences génie civil portant «Etude du comportement thermomécanique des matériaux bitumineux contenant des fibres de palmier», menée en collaboration entre l’Ecole nationale supérieure des travaux publics (ENSTP) en Algérie et l’Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP) de Paris, nous livre ses pistes d’introduction de cette option économique et environnementale en Algérie.

Propos recueillis par  Houria Alioua

 

-De la fibre de palmier, non pas pour amender les sols ou décorer la maison, mais pour goudronner des pistes. Pensez-vous que les résultats de votre recherche serviront vraiment à améliorer l’état des routes en Algérie ?

Les types de dégradations des chaussées en Algérie, notamment le phénomène d’orniérage, à savoir les déformations permanentes que nous voyons sont dues aux températures élevées pouvant atteindre 60 °C en été et aux chargements liés au trafic. Je peux vous confirmer que les résultats enregistrés au laboratoire sont encourageants. Nous avons constaté que l’ajout des fibres de palmier aux enrobés bitumineux pourra augmenter la durée de vie des couches de roulement de chaussée. Il serait intéressant de réaliser une planche d’essai pour les valider. Mais il nous reste toujours un travail à faire au niveau du laboratoire pour optimiser et améliorer l’effet des fibres de palmier par rapport à son rôle vis-à-vis des différents types de dégradation.

-La valorisation des fibres de palmes de palmier dattier n’en est pas à sa première expérience dans d’autres domaines de recherche, notamment agronomique comme terreau. A qui adressez-vous cette nouvelle technologie : une start-up, un groupe industriel, une firme étrangère ou comptez-vous carrément lancer votre propre projet ?

Effectivement, les fibres de palmier ont déjà été utilisées dans différents domaines. Dans le génie civil, je citerai le béton de ciment, l’isolation thermique et les matériaux composites. Néanmoins, elles ne sont pas encore utilisées dans les enrobés bitumineux. Donc, on s’est interrogé sur la valorisation de ces résidus de palmier dans les enrobé bitumineux en Algérie, au lieu d’utiliser des polymères industriels qui augmentent le coût de réalisation des couches de roulement des routes.

A cet effet, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi que celui des Travaux Publics sont principalement concernés par cette nouvelle thématique. Une coopération entre les deux départements à l’échelle des laboratoires universitaires et à l’échelle du terrain pourra produire des fiches techniques et des spécifications nationales sur l’utilisation de ces fibres de palmier dans les enrobés bitumineux. Après cette étape, cette technique ouvrira de nouvelles voies, en particulier pour les gens du Sud, afin de créer des entreprises ou des microentreprises orientées vers le traitement des déchets de palmiers (récolter, laver et découper) pour être utilisables dans les enrobés bitumineux.

-Comment évaluez-vous l’intérêt pour ce type de recherche en Algérie et quels sont les problèmes qui ont freiné votre travail?

Cette recherche vise l’utilisation d’une partie des 200 000 tonnes de résidus produits chaque année par nos palmeraies dont une grande quantité est réduite en cendres car trop encombrante et beaucoup plus importante que l’usage individuel d’un seul phœniciculteur. D’où l’intérêt de trouver de nouveaux débouchés, surtout que l’incinération génère des problèmes environnementaux et une pollution dans les localités voisines. Donc, l’utilisation de ce déchet dans la construction routière pourra diminuer la pollution environnementale de ces régions. En plus, la création de nouvelles entreprises et de nouveaux postes d’emploi diminueront le chômage, notamment dans le sud algérien et dans les zones phœnicicoles en particulier. A l’échelle industrielle, l’utilisation de cet additif permettra de diminuer le coût de réalisation des enrobés bitumineux modifiés avec des additifs industriels (polymères).

Quant aux obstacles rencontrés, c’est d’abord le manque de moyens au niveau des laboratoires algériens. Cela m’a obligé de chercher un laboratoire étranger pour exécuter mon programme expérimental. Après plusieurs échanges avec certains chercheurs étrangers dans le domaine des travaux publics en Europe et en Asie, j’ai choisi l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie de Paris).

Mon choix s’est basé sur la disponibilité des moyens nécessaires pour établir et effectuer le programme expérimental pour ma thèse. En plus, l’ESTP est une grande école française très connue dans le domaine des travaux publics et de l’industrie. L’autre contrainte est liée à l’absence de passerelle entre l’université et les entreprises industrielle.

Ce lien est très important pour un chercheur, afin d’adapter sa recherche au besoin industriel, d’autant plus que je ne suis pas enseignant à l’université, mais un doctorant (étudiant) inscrit à l’ENSTP d’Alger. Après ma soutenance, j’ai eu une opportunité pour travailler en Postdoc (chercheur) au niveau de l’ESTP de Paris, mais malheureusement, certaines conditions personnelles m’ont empêché de m’engager.


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