Partenariat Usto-Oran / Ensas-Strasbourg

Des projets pour la réhabilitation du quartier Sidi El Houari



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Comment les étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSAS) de Strasbourg, en collaboration avec le département d’architecture de l’USTO, envisagent-ils les aménagements possibles à apporter au quartier de Sidi El Houari à Oran ?

Les rendus finaux d’un ensemble de projets, souvent complémentaires, ont été mis en ligne (drive) et débattus via le procédé de visioconférence, vendredi dernier, dans l’après-midi.

Les travaux devaient être discutés directement, à Oran, durant cette même période, mais la pandémie de la Covid-19 a obligé les organisateurs, Volker Ziegler, côté Starsbourg et Djelloul Tahraoui, représentant le département d’architecture de l’USTO, côté algérien, à opter pour la visioconférence, afin de rester dans les temps.

Les étudiants de Strasbourg (pas seulement Français) devaient aussi séjourner à Oran, en mars dernier, dans le cadre de ce projet de partenariat international issu de la convention de coopération décentralisée conclue par les villes Strasbourg et Oran, en avril 2015 et prolongée pour cinq ans à partir de 2019.

Les restrictions liées à la pandémie n’ont pas permis cette visite mais le travail a continué. «L’encadreur Volker Ziegler a déjà séjourné à Oran en 2016 pour un workshop avec un groupe d’autres étudiants dans le cadre du même partenariat, mais ce projet-ci représente une concrétisation scientifique de cette initiative», indique Djillali Tahraoui, appréciant particulièrement le degré d’implication des étudiants étrangers. Il ajoute : «Pour nous, l’intérêt est double. D’un côté, cela donne une visibilité internationale à la ville d’Oran, son histoire et son patrimoine et de l’autre, nous comptons bien profiter de ces réflexions qui peuvent nous inspirer.»

Selon lui, une publication est prévue pour les prochains jours et, si les conditions le permettent, les auteurs viendront exposer leurs travaux à Oran. Ainsi, pour ce qui est du contenu, Uyen Nguyen, Thomas Buckenmeyer et Laurine Hartstern proposent la mise en place d’une promenade tout autour du port donnant sur une nouvelle place publique. «Ce parcours, notent-ils, a pour but de développer le secteur du tourisme local, faciliter les accès piétons et valoriser les différents secteurs d’activités.»

Pour cela, privilégiant les voies piétonnes, ils ont imaginé trois principales voies d’accès depuis le haut du quartier de la Calère. Sur un autre registre, un projet purement architectural centré sur l’habitat et inspiré d’expériences déjà menées au Bresil, à Marrakech (Maroc) est proposé par Maxime Lutz et Eleonor Volny.

Il concerne la réhabilitation des anciennes piscines de Bastrana et la réalisation d’un ensemble de logements projetés sur le site voisin qui concentre, lui aussi, un grand nombre d’immeubles vétustes.

Plutôt que de privilégier la construction en hauteur, une tendance accentuée à Oran ces dernières années, ce projet propose un habitat collectif mais qui respecte l’intimité tout en restant ouvert à la vie publique. Ici, ce sont surtout les soucis liés à la nécessité d’épouser le relief et de garder une vue sur la mer qui sont mis en avant.

Pour Juliette Anguenot et Léa Boos, l’idée est de rétablir des connexions et des liens là où ils sont soit interrompus et brisés, soit tout simplement manquants. «Il s’agit de retrouver visuellement un rapport entre la mer, la montagne et la ville, rétablir un cheminement continu, qui permet de passer d’une strate à une autre de manière plus fluide, réinstaurer des activités en résonance les unes avec les autres et, enfin, pour ce qui est des liens sociaux, rétablir une vie de quartier par l’intervention urbaine.»

Tout en privilégiant l’aspect jeunesse pour redynamiser le quartier, ce projet propose la réalisation d’un musée historique, d’une école de musique avec scène ouverte, un restaurant universitaire, des locaux associatifs, une bibliothèque, des logements étudiants, des auberges de jeunesse et un marché alimentaire.

Sur un autre plan, vu le caractère fortement escarpé du site, Julia Mathulin et Mariana Quan Argenal privilégient une circulation aérienne, afin de désenclaver le patrimoine. A partir du téléphérique préexistant, les architectes ont imaginé tout un réseau aérien avec des stations parfois bâties en hauteur pour joindre plusieurs sites historiques, dont le Palais du bey avec le reste de la cité.

Permettre aux piétons de déjouer les contraintes de la topographie est le souci d’Arthur Camargo Macedo et Théodor Lucquet qui ont également imaginé de démultiplier les parcours pour offrir aux Oranais un nouveau rapport à la mer. L’une des étapes étant la réhabilitation et la transformation en un nouvel équipement culturel de l’ancienne manufacture de tabac, Bastos.

Concept nouveau, l’agriculture urbaine, un des paramètres clés du concept de l’écodéveloppement est pris en charge par Coralie Chenard, Zacharia Chouiyekh et Sarah Minery qui ont voulu, entre autres choses, que la carcasse de l’immeuble érigée sur le site du palais du Bey soit dédié à l’agriculture verticale.

C’est la dernière d’une série d’innombrables propositions formulées par ailleurs dans le sens d’intégrer dans le paysage urbain cette construction inachevée, qui défigure la vue de toute la ville.


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