Une stratégie «plus réaliste» s’impose

 Anticiper sur les risques en réhabilitant l’approche santé publique



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La courbe de l’épidémie du SARS-CoV-2  part à la verticale, contrairement aux prévisions rassurantes des pouvoirs publics. Quelque chose a dû manquer, par oubli ou par omission, dans les éléments pris en considération dans l’établissement de la stratégie nationale de lutte contre la Covid-19 et la prise de décision.

D’ailleurs, les instructions données par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors du conseil du gouvernement, vont dans le sens d’une prise en charge «plus réaliste» de l’épidémie.

Plus réaliste, ou plus exhaustive et agissant sur le fond comme l’ont suggéré des médecins spécialistes dans des réflexions pléthoriques, mais dégageant un consensus autour de la nécessité de réhabilitation de l’approche Santé publique dans le combat contre la Covid-19 et en général dans l’anticipation des risques.

«Les particularités de transmission et d’évolution du SARS-CoV-2  nous obligent à revoir le système de surveillance épidémiologique et au-delà, à remettre en question toute l’approche santé publique en Algérie», estime, à juste titre, le Pr Djamel Zoughailech, du CHU de Constantine.

Ce spécialiste en épidémiologie et médecine préventive affirme que pour être exhaustif, notre système de défense doit être complété par des enquêtes épidémiologiques autour des Clusters (foyers épidémiques) qui doivent être identifiés, étudiés et surveillés. «C’est à ce niveau qu’on décèle les situations super propagatrices responsables des flambées épidémiques», précise-t-il à El Watan.

En bon pédagogue, notre interlocuteur rappelle que la démarche santé publique axée sur la surveillance épidémiologique et la prévention est née justement des périodes de grandes épidémies.

L’épidémiologie a rapidement émergé en tant que discipline capable de faire comprendre, d’analyser les situations sanitaires complexes et de faire évoluer les stratégies de gestion du risque. «La gestion actuelle de l’épidémie a été une gestion administrative des capacités hospitalière à prendre en charge les patients Covid-19, moins axée sur la prévention et le contrôle du risque épidémique.

Cette pandémie a mis à nu les limites de cette approche bien dépassée ; nous avons plein d’exemples sur les systèmes de santé occidentaux supposés avoir une conception moderne de prise en charge des malades, et qui se trouvent de fait ramenés à des pratiques anciennes de confinement aujourd’hui difficilement supportables.»

La crise est une opportunité

Si la crise offre des conditions nouvelles de l’action, on doit saisir cette opportunité pour initier le changement, pense le Pr Zoughailech, ajoutant qu’une stratégie de sécurité sanitaire réaliste est la seule réponse à moyen ou long terme à cette situation.

En plus clair, que cette stratégie ne peut s’envisager en dehors d’une démarche santé publique intersectorielle. Et l’Algérie dispose justement d’atouts considérables en santé publique que notre interlocuteur décline en quatre catégories.

En premier, on trouve un réseau exceptionnel de Semep (services d’épidémiologie et de médecine préventive), de santé scolaire, de PMI (protection maternelle et infantile) rendu obsolète durant des années. A quoi s’ajoutent des ressources humaines, des spécialistes de santé publique, dont une partie a été poussée à l’exil.

Les médecins hygiénistes aussi sont un atout, et l’université en a formé trois promotions, or rares sont ceux qui sont opérationnels au niveau des hôpitaux, précise en connaissance de cause, le professeur formateur.

En dernier lieu, il nous apprend que l’Algérie est l’un des rares pays  disposant de médecins de santé scolaire (on en a formé quatre promotions) à l’échelle nationale et qui sont en fonction au niveau des UDS.

Mais là aussi, force est de constater que ces médecins ne sont pas rappelés, recyclés et préparés à encadrer la rentrée scolaire et universitaire après le confinement.

Avec l’OMS, un cours de préparation aux soins pré-hospitaliers en situation de catastrophes dont les épidémies est dispensé. Or, ces médecins ne sont pas associés dans la lutte actuelle  – tout comme les médecins généralistes, installés en cabinet et qui représentent pourtant le premier maillon de la chaîne de «traçage» et des soins de santé primaire des personnes malades et de celles ayant été en contact avec ces dernières – en vigueur pour empêcher la propagation du virus. Que de potentiel gâché !

Apprendre à vivre avec le virus

Au sujet des Semep, «une spécificité et une force du système de santé algérien», leurs expériences et savoir–faire peuvent nous permettre dans cette phase cruciale de contenir l’épidémie et limiter sa propagation par la détection rapide, le suivi et l’isolement de tous les contacts, et foyers de contamination, nous dit le Pr Zoughailech.

Cette tâche essentielle relève, selon lui, de leurs activités, comme précisé dans le plan national de préparation et de riposte à la menace de l’infection coronavirus Covid-19 et rappelé par la dernière instruction ministérielle du 14 mai, relative au renforcement des Semep et leur intervention dans ce sens.

«Si les moyens élémentaires leur ont souvent manqué pour accomplir cette mission, des contraintes limitent actuellement leur efficacité aussi bien sur le plan organisationnel que celui opérationnel (cloisonnement du circuit de l’information)», avertit-il.

Tout ce que les scientifiques biologistes, épidémiologistes, statisticiens, cliniciens essaient, sans certitude, de prévoir, à savoir la durée et les conséquences de cette pandémie, n’ont encore pas de réponses.

Les hypothèses sont nombreuses et contradictoires, car la propagation est trop rapide et la proportion d’infections non détectées reste la grande inconnue.

Ce pourquoi, en conclut notre spécialiste, «nous devons apprendre à vivre avec le virus, car cela va durer quelques mois et le risque d’une nouvelle vague n’est pas à écarter, sauf si d’ici là, on trouve un vaccin et/ou des traitements efficaces».


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