Un 5 juillet très spécial à El Alia



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A l’extérieur, une foule est massée sur le trottoir, avec l’espoir de pouvoir à son tour se recueillir sur les tombes des chouhada rapatriés, et qui sont désormais parmi les leurs.

Quelle meilleure date pour inhumer nos 24 héros rapatriés qu’un 5 juillet ! Et c’est ce qui s’est passé hier lors d’une cérémonie solennelle qui s’est déroulée à El Alia. C’est comme une contraction de l’histoire qui s’est opérée, faisant télescoper les dates et les événements.

En ce 58e anniversaire de l’indépendance, ces hommes qui se sont engagés très tôt dans le combat pour la libération de notre pays et y ont laissé leur vie, vont pouvoir désormais goûter au repos des âmes apaisées dans les entrailles de la mère patrie, en compagnie de l’Emir Abdelkader, de Lalla Fadhma N’soumer, de Larbi Ben M’hidi, de Abane Ramdane, de Mohamed Boudiaf, de Ferhat Abbas, de Krim Belkacem… Des générations de combattants qui forment désormais un seul corps, un seul cœur aux contours de l’Algérie

Un enterrement solennel

Il nous a été précisé que nous devions être au cimetière à 8h. Il est 7h45 ce dimanche quand nous arrivons aux abords d’El Alia. Il y avait déjà une foule d’uniformes qui entourait les lieux, et un déploiement impressionnant des services de sécurité, tous corps confondus.

Une fois les formalités d’usage accomplies à l’entrée, nous nous retrouvons devant un carré d’honneur de la Garde républicaine. Très tôt, plusieurs ministres commencent à débarquer les uns après les autres, suivis de contingents de hauts gradés.

Nombre d’hommes politiques et de chefs de partis leur emboîtent le pas : Soufiane Djilali, Abderrezak Makri, Noureddine Bahbouh, Moussa Touati, Abdelkader Bengrina, Lakhdar Benkhellaf, Belkacem Sahli… Tous les présents portaient des masques anti-Covid : ministres, politiques, généraux, journalistes… Si bien qu’il était parfois difficile de savoir qui est qui et de se reconnaître du premier abord.

10h passée. Tout le monde est invité à prendre place sous un chapiteau aménagé au Carré des Martyrs, épicentre de la cérémonie. Des versets coraniques sont diffusés.

10h40. Un roulement de tambour annonce le début officiel de la cérémonie. Un long cortège avance au rythme des percussions martiales.

Les 24 cercueils drapés de l’emblème national sont portés par des élèves officiers jusqu’à l’espace qui leur a été réservé à l’intérieur du Carré des Martyrs.

Le président Abdelmadjid Tebboune apparaît juste après les derniers cercueils, au milieu de la procession. Il est accompagné du général-major Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’ANP, du ministre des Moudjahidine Tayeb Zitouni, et d’un certain nombre d’officiels et d’officiers supérieurs.

La cérémonie est étrennée par un imam qui a rendu un hommage appuyé, la voix étranglée par l’émotion, à ces premiers chouhada de l’Algérie combattante, avant de réciter la Fatiha à leur mémoire.

Il convient toutefois de souligner, comme nous le précise un membre du staff de communication de la Présidence, qu’«il ne s’agit pas d’une salate el djanaza», rappelant qu’«il n’y a pas d’office de la prière du mort pour les martyrs».

«Ils sont tombés en martyrs et ont été exilés»

Le président Abdelmadjid Tebboune ne fera pas de discours, laissant le soin à Tayeb Zitouni de prononcer l’éloge funèbre. Le ministre des Moudjahidine a tenu d’emblée à saluer la mémoire de ces «hommes valeureux qui ont tracé un chemin lumineux et ont été un phare et un sémaphore dans les ténèbres de la longue nuit (coloniale). Ils ont laissé leur empreinte sur les champs du sacrifice et son tombés en martyrs».

Il poursuit : «Ces hommes sont nos preux chevaliers, des hommes d’honneur, défenseurs de la liberté, héros de la résistance populaire : Cheikh Bouziane, Cheikh Mohamed Ben Lemjed Ben Abdelmalek dit Cherif Boubaghla, Aïssa El Hammadi, Bouamara Boukadida, Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui, Moussa Ederkaoui, et tous leurs compagnons parmi ceux qui ont combattu la colonisation de notre patrie et ont répondu à l’agression perpétrée contre notre peuple».

Pour le représentant du gouvernement, ce 5 juillet 2020 revêt forcément un caractère particulier : «C’est un jour éternel que celui dans lequel ces résistants reviennent en grands seigneurs à leur terre pour qu’elle les accueille comme la tendre maman enlace ses enfants».

«Ils sont tombés en martyrs et ont été exilés», martèle le ministre, avant d’ajouter : «L’entretien de la mémoire est une deuxième vie et nous continuerons à entretenir votre souvenir aussi longtemps que le soleil continuera à se lever».

Et de rappeler toutes les révoltes qui ont jalonné notre histoire, «depuis la résistance de l’Emir Abdelkader, et celle d’Ahmed Bey, et la résistance des Ouled Sidi Cheikh, et celle de Cheikh Amoud et Brahim Ag Bekeda, et celle de Mohamed Ben Toumi Ben Brahim dit Cherif Bouchoucha, et la résistance de Lalla Fadhma N’Soumer, de Cheikh Boubaghla, d’El Mokrani, de Cheikh El Haddad, de Cheikh Bouamama, de Ben Nacer Ben Chohra, de Mohamed Ben Abdallah, et tant d’autres héros qui ont porté l’étendard de la résistance».

La flamme de Novembre 54, insiste M. Zitouni, n’est pas venue du néant mais s’inscrit fondamentalement dans ce continuum des luttes : «Dans ce sillage, dit-il, se sont forgées les autres résistances à travers le Mouvement national jusqu’à l’éclosion de l’aube de Novembre et sa glorieuse Révolution éternelle qui a montré le chemin du salut, qui a mobilisé les dignes enfants de l’Algérie qui ont bondi comme un seul homme : Mostefa Ben Boulaïd, Mohamed Larbi Ben M’hidi, Amirouche, et Si M’hamed Bouguerra, et Zighoud Youcef, et Didouche Mourad, et Abane Ramdane, et Lotfi, et Si El Haouès… Ils sont les dignes héritiers des ancêtres authentiques parmi les symboles de la résistance populaire».

Au terme de l’oraison funèbre, des salves de tirs ont été exécutées en l’honneur de ces vénérables aïeux. Des sapeurs-pompiers se sont ensuite chargés de creuser les tombes dans l’espace qui leur a été imparti.

Celui-ci est situé exactement au bout de l’allée séparant la rangée où sont enterrés les présidents Ben Bella, Chadli, Ali Kafi, et celle d’en face où reposent l’Emir Abdelkader ainsi que les hautes figures de la Révolution.

Avant la levée de la cérémonie, M.Tebboune a offert les drapeaux qui recouvraient les cercueils des résistants à des éléments des écoles des Cadets de la nation, un geste qui suggère, on l’aura compris, la transmission et le passage de témoin.

11h38. La cérémonie prend fin dans un fracas de portes qui claquent et de véhicules officiels qui démarrent en trombe, suivis par des 4X4 noirs des corps d’élite de la sécurité présidentielle.

A l’extérieur, une foule est massée sur le trottoir, avec l’espoir de pouvoir à son tour se recueillir sur les tombes des chouhada rapatriés, et qui sont désormais parmi les leurs. Un jeune dans les 16 ans agite fièrement le drapeau national. Emouvant… 


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