Aziz Abbès. Entraîneur du WA Tlemcen (Ligue 1)

«La nouvelle saison sera très délicate pour plusieurs raisons»



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Artisan de l’accession du WAT en Ligue 1 après sept années d’absence, une année seulement après avoir réussi une accession historique avec le NC Magra, le coach du Widad revient sur cette saison pas comme les autres. Il ne manquera pas d’évoquer la nouvelle saison et les difficultés auxquelles il s’attend en raison des nombreuses contraintes consécutives à cette pandémie de coronavirus qui sévit toujours.

Entretien réalisé par  Tarek Aït Sellamet

 

-Le BF de la FAF a acté, il y a tout juste une semaine, l’accession du WAT en Ligue 1. Vos impressions après ce dénouement sur le sort de la saison actuelle ?

C’est une décision qui nous soulage. Elle était prévisible, même s’il faut avouer que les instances ont un peu tardé, vu l’évidence qu’il était impossible de reprendre le championnat. La sagesse, le bon sens et la prévoyance dictaient qu’on arrête la compétition et qu’on fasse accéder les équipes qui étaient en tête du classement dans leurs championnats respectifs. Je dois aussi dire, qu’avec ou sans cette décision, le WA Tlemcen allait accéder parmi l’élite puisqu’il n’a jamais quitté le podium. C’est une accession méritée pour nous au vu de notre parcours.

-C’est votre seconde accession de suite en Ligue 1, après celle du NC Magra la saison dernière. On imagine que c’est une satisfaction personnelle…

Tout à fait. Abstraction faite des résultats que j’ai obtenus dans ma carrière, notamment avec le CA Bordj Bou Arréridj où on a disputé une Coupe arabe et une finale de coupe d’Algérie en 2009 face au CR Belouizdad, en passant par de nombreuses accessions avec plusieurs formations, j’avoue que réaliser deux accessions de suite en Ligue 1 avec deux équipes différentes n’est pas quelque chose que les techniciens réalisent tout le temps. Et c’est pour cela qu’elle a une saveur particulière, et prouve surtout qu’il y a eu un gros travail derrière et beaucoup de sacrifices. Dieu merci, ceux qui travaillent sont récompensés. C’est très particulier, surtout qu’avec le NC Magra c’était une accession historique pour cette jeune équipe de la wilaya de M’sila et que le WAT, qui a végété pendant sept années entre la DNA et la Ligue 2, est revenu à la place qui lui sied parmi l’élite, étant une équipe titré (Coupe arabe et deux coupe d’Algérie). Je suis donc honoré d’avoir contribué à ce que ces deux formations rejoignent l’élite du football national.

-Il est aussi notable de relever qu’aussi bien le NCM la saison dernière que le WAT cette saison n’avaient fixé l’accession comme objectif. Quel est le secret de cette réussite ?

C’est en effet le cas. A titre d’exemple, le WAT et après le choc de l’accession ratée lors des deux dernières journées de la saison passée et le retrait du président Ben Ahmed, le départ des joueurs et de l’entraîneur, le plus urgent pour la direction qui avait pris le relais était juste de pouvoir démarrer le championnat. Ce n’est pas pour me lancer des fleurs, mais tout le monde sait que je suis quelqu’un qui aime les défis et j’ai assuré aux dirigeants que je jouerai l’accession. Dieu merci, dès les premières journées, l’équipe a montré ses ambitions et on a maintenu la cadence en ne quittant jamais le podium depuis l’entame du championnat jusqu’à son arrêt à la 23e journée, au mois de mars. Je dois aussi ajouter qu’on a la meilleure attaque et la deuxième meilleure défense du championnat. On est la seule équipe à avoir battu le leader, l’O Médéa, chez lui et avec un record d’invincibilité à domicile en récoltant 34 points sur 36 possibles.

-La nouvelle saison s’annonce difficile pour plusieurs raisons, notamment qu’elle ne pourra pas démarrer avant octobre, qu’elle sera courte, avec en sus 38 matchs à disputer au lieu de 30, le tout sans date précise pour la reprise des entraînements et de la compétition. Qu’en pensez-vous en tant que technicien ?

Tout ce que vous venez d’énumérer comme paramètres présage en effet une saison difficile. Mais à mon avis, il aurait était préférable et même souhaitable que les responsables du football national fixent une date, même provisoire, pour le coup d’envoi du championnat, pour que les entraîneurs et les joueurs qui doivent changer de club ou pas sachent comment gérer et préparer la nouvelle saison. Les pays qui ont arrêté leurs championnats à cause de cette pandémie de Covid-19 ont tous fixé une date de reprise comme principe. Même la Libye, qui est pourtant en pleine guerre civile, a arrêté le 15 octobre pour une reprise éventuelle du championnat. Sans date pour la reprise du championnat, à partir de laquelle on pourra établir le programme de préparation, on reste dans le flou et c’est très harassant.

-Justement, comment voyez-vous le déroulement de cette saison avec un temps court et plus de matchs ?

Il est évident que ce ne sera pas facile. Je pense que si déjà on avait une date pour le coup d’envoi de la nouvelle saison, même théorique, on pourrait se préparer en conséquent et s’adapter à cette accroissement du nombre de matchs pour une saison, qui sera sans doute très courte. Chaque équipe dispose de 27 joueurs, donc deux effectifs avec lesquels elle peut disputer par exemple deux matchs par semaine pour compenser ce manque de temps. La FIFA a aussi permis d’opérer cinq changements par match. Je pense qu’avec cette stratégie, on pourra gérer cette nouvelle saison. Mais au risque de me répéter, on doit impérativement avoir une date, même approximative, pour la reprise.

-Avec maintenant près de cinq mois d’arrêt, sans aucune chance de reprise à court terme, on imagine que la préparation d’intersaison sera totalement différente…

Vous évoquez là un point très important. Déjà, il faut noter qu’en Algérie et en temps normal la période d’arrêt entre deux saisons, ou de vacances pour les joueurs si vous préférez, d’un mois jusqu’à un mois et demi était anormalement longue et les techniciens trouvaient beaucoup de mal à préparer les joueurs. Alors, vous pouvez imaginer la difficulté après cinq mois d’arrêt, et peut-être même plus du moment qu’on ne va pas reprendre de sitôt les entraînements. La préparation pour cette nouvelle saison sera des plus délicates, elle devra être plus longue que d’habitude. Elle devra débuter tout doucement pour ne pas brusquer le physique des joueurs. Elle nécessitera aussi une surveillance stricte et minutieuse de leur état. Il sera impossible de préparer les joueurs et l’équipe en deux mois seulement, après un aussi long arrêt. En plus, avec le retard qu’on prendra dans l’entame de la nouvelle saison, on ne sait même pas si on aura au moins deux mois pour se préparer. C’est vraiment un point très délicat, qui commence déjà à m’inquiéter.

–Que préconisez-vous pour une préparation adéquate et éviter tout accroc aux joueurs ?

De mon avis de technicien, je préfère qu’on bénéficie d’une période de préparation d’intersaison plus longue (plus de deux mois, ndlr) et qu’on dispute deux matchs par semaine, que d’avoir une courte intersaison et disputer un match de championnat par semaine. Une préparation adéquate et longue après cinq mois d’arrêt de toute activité est incontournable. Elle est même primordiale. Par la suite, on pourra débuter la saison avec un match par semaine durant les cinq ou six premières journées, le temps de reprendre le rythme de la compétition, et passer ensuite à deux matchs par semaine, sans que cela n’affecte les joueurs.

-Revenons au WAT. Après cette accession, verra-t-on Aziz Abbès à la tête de la barre technique du Widad la saison prochaine ?

Comme tout technicien, je privilégie toujours la stabilité, connaissant bien la maison Widad et étant derrière la formation de ce groupe de joueurs qui a réussi l’accession. Mon avenir au WAT est entre les mains des dirigeants et tout est une question de «mektoub». Je vous informe à ce propos que je me déplacerai ce mercredi (entretien réalisé avant-hier, ndlr) à Tlemcen pour rencontrer les dirigeants. On va s’asseoir autour d’une table pour étudier la situation et on évoquera à l’occasion mon avenir.


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