Fermeture des centres spécialisés et changement des habitudes

Le confinement, source d’angoisse pour les enfants autistes



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Si la longue période de confinement est difficile pour l’ensemble de la population, elle est particulièrement malaisée pour les enfants atteints du trouble du spectre de l’autisme et pour leurs parents.

Le fait est que ces enfants ont besoin de repères pour se sentir bien dans leur peau. Lorsque le quotidien est chamboulé et les codes cassés, les enfants autistes sont déréglés. Le changement des habitudes et des repères quotidiens suscite angoisse et effroi qui se manifestent par des cris, des pleurs et de la violence.

Mme Saïdi Karima, mère de deux enfants autistes de 12 et 15 ans, raconte l’épuisement, le désarroi et l’agitation qui sont devenus son quotidien. Parfois, l’angoisse est telle que son fils de 12 ans éclate en sanglots, se montrant parfois agressif envers elle, la frappant et lui tirant les cheveux.

La mère gère les choses comme elle peut ; elle tente de le calmer en lui faisant quelques virées en voiture. «J’ai développé un sixième sens qui consiste de rester calme en toute situation», sourit-elle.

Son benjamin est, selon elle, celui qui souffre le plus de cette situation. «Il est dans une bulle d’angoisse», dit-elle en détachant chaque mot. En l’absence des centres spécialisés fermés pour cause de pandémie, il y a peu de choses pour ces enfants leur permettant une stimulation afin d’éviter une régression et une perte de leurs acquis. Étrangement, depuis le début du confinement, son fils, dit-elle, a développé des rituels. Chaque jour, à la même heure, il ouvre la porte pour regarder autour de lui.

Asma Oussedik, chef du service pédopsychiatrie à l’hôpital Drid Hocine d’Alger, rapporte le témoignage de l’un des parents d’enfant autiste vivant à Blida : «Lorsque le couvre-feu était établi à 13 heures dans cette wilaya, et se trouvant dans l’impossibilité d’expliquer à son fils ce chamboulement et ses raisons, bien trop abstraites pour son fils, ce père n’avait d’autre choix que de briser le règlement.

Il fallait à tout prix qu’il aille dans le même parc, à la même heure de l’après-midi pour permettre à son fils de jouer dans le même toboggan. Fort heureusement, les policiers se sont montrés compréhensifs.»

Les enfants Saïdi participent à l’initiative «Un enfant, un talent» lancée par l’association Chems depuis le début du confinement. «Cela leur permet de faire, à partir de la maison, des vidéos de musique, de dessin et autres activités stimulatrices. Cela crée un bien-être, certes momentané, mais c’est une parenthèse fortement appréciée par toute la famille», explique-t-elle. Aux enfants autistes, fustige Mme Saïdi, l’on ne réserve que ce qu’elle appelle «le folklore du 2 avril», Journée de l’autisme, durant laquelle l’on se rappelle de leur existence.

Et même cela, les enfants autistes n’y ont pas eu droit cette année pour cause de pandémie. «L’on sent que les services de l’Etat ne se donnent pas véritablement à fond», soupire-t-elle. «Aussi est-il nécessaire, poursuit-elle, de donner leur chance aux associations qui mettent du cœur à l’ouvrage avec peu de moyens et pas de structures». Et de lancer : «L’on ne veut pas de ces enfants.

C’est l’amère réalité. Déjà qu’en temps ordinaire, ils sont oubliés, alors pendant cette période particulière, il n’y a absolument rien du tout pour eux.»  Quand bien même les centres spécialisés reprendraient leurs activités, les parents s’inquiètent du fait que les enfants autistes, comme leur entourage, devront être «masqués».

Il leur sera difficile de leur faire admettre cette nouvelle normalité. Depuis la mi-mai, la charge parentale apparaît décuplée. «Cette situation est déjà difficile avec des enfants dits normaux, la difficulté est multipliée par cent pour les enfants autistes», lance Karima Saïdi.

Si le confinement risque d’entraîner une aggravation de certains des troubles du comportement à travers la multiplication de comportements agressifs ou auto-agressifs, il est aussi à l’origine de la perte des repères dont ils ont besoin pour leur équilibre mental.

Cela est d’autant plus déstabilisant, qu’en plus du fait qu’ils n’admettent pas les questions abstraites (un virus dangereux non visible à l’œil nu en fait partie), ils font face à des comportements antinomiques : eux qui ont toujours été poussés par les médecins et leur entourage à sortir de leur bulle et d’aller vers les autres se voient tout à coup contraints à la distanciation sociale. Peu accessibles au changement, ils doivent également accepter que le seul périmètre auquel ils ont accès est celui de la maison.

Cela est des plus compliqué à gérer pour les milieux les plus précaires, avec de mauvaises conditions d’habitat et plein de difficultés pour survivre. La clé réside, selon les spécialistes, dans la structuration des journées et la ritualisation de la vie familiale… en attendant des jours meilleurs.


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