Pr Moussa Houhamdi. Enseignant chercheur à l’université de Guelma et vice-président de l’Association nationale algérienne d’ornithologie (ANAO)

La réalité est différente 



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-L’Indice de performance environnementale (IPE) de 2020 met l’Algérie au premier rang des pays qui n’ont pas perdu un seul are de zone humide en 18 ans. Une appréciation faite à partir de données d’agences spatiales. Selon vous, est-ce que cela correspond à la réalité sur le terrain ?

Sur terrain, la réalité et tout à fait différente. La majorité des zones humides des Hauts-Plateaux (d’Oum El Bouaghi, Batna, Khenchela, Sétif, M’sila, Tlemcen…) sont à sec ces dernières années où elles n’ont reçu que très peu d’eau pendant les périodes cruciales, celles de la reproduction des oiseaux et des espèces phares des zones humides : les odonates (libellules ndlr), les syrphidés (mouches ndrl), etc. Le potentiel et les capacités d’accueil de ces écosystèmes aquatiques pour les oiseaux d’eau, principalement pour les anatidés (les canards), les gruidés (la grue cendrée grus grus) et les phœnicoptéridés (le Flamant rose phoenicopterus roseus) est en déclin flagrant, et ce, depuis une dizaine d’années. Les effectifs recensés par nos soins dans les zones humides des hautes plaines et dans le Sahara algérien sont en régression continuelle. Certaines espèces ne fréquentent nos milieux que très tardivement. D’autres espèces-clés, telles que l’érismature à tête blanche (oxyura leucocephala), pour ne citer qu’elle, qui nichait jadis dans de nombreuses zones humides, est devenue rare.

-On ne saura jamais le nombre exact des zones humides algériennes sans un inventaire avec des critères précis. Il y en aurait autour de 1500 tous types confondus. Par contre, depuis 2011, 50 sont inscrites sur le liste de Ramsar pour une superficie de 3 millions d’hectares, soit l’équivalent du domaine forestier national. Succinctement, dans quelle situation se trouvent-elles ?

L’Algérie, notre beau pays, est riche en zones humides lotiques (cours d’eau, ndlr) et lentiques (plans d’eau, ndlr) surnommées garaets, dayaets, sebkhetes, gueltetes, oueds, chaabetes, etc. Cinquante d’entre elles ont bénéficié du statut international de Ramsar et sont inscrites depuis 1983 sur la liste de cette convention. Au début, le classement a concerné les zones humides du littoral, surtout celles situées à l’extrême est du pays puis celles des Hauts-Plateaux ensuite celles du Sahara qui demeurent jusqu’à ce jour très peu documentées. Peu de littératures scientifiques les décrivent et étudient leur diversité faunistique et floristique. Nous pensons sincèrement que leur classement nous a déjà permis de les identifier et d’étudier leurs caractéristiques biotiques et abiotiques, mais franchement, ces milieux continuent à souffrir, surtout ces dernières années où ils ont perdu les spécificités de leurs micro-habitats avec la pollution chimique causée par les déversements des déchets liquides et solides des communes limitrophes, des constructions et des habitations avoisinantes en extension depuis une vingtaine d’années. Les travaux que nous avons entrepris ces dernières années soulignent ces désastres écologiques (taux de polluants chimiques élevés, présence de bactéries pathogènes) qui ne peuvent que nuire à la qualité de nos zones humides de réputation internationale.

-La Convention de Ramsar sur les zones humides est évoquée comme un label lorsqu’il s’agit des zones humides, mais qu’a-t-elle apporté de concret avec les engagements nationaux qu’elle implique ?

Malheureusement, les gens qui œuvrent dans le domaine des zones humides (gestionnaires, chercheurs, mouvements associatifs, etc.) soulignent tous le problème des coupes des hélophytes (plantes semi-aquatiques, ndlr) par les riverains, le pillage des œufs, le dérangement, le braconnage et la chasse illégale et anarchique. Ces dernières sont surtout observées pendant la saison de reproduction des oiseaux qui sont considérés comme une partie biotique importante de ces milieux et qui est derrière le classement de ces milieux. Ils sont des facteurs parmi d’autres qui affectent négativement nos zones humides. Les gestionnaires des aires protégées et des forêts ainsi que certaines associations œuvrent dans la protection, la conservation et la restauration des habitats naturels.


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