Marge de manœuvre de plus en plus réduite pour les partis

Sale temps pour l’opposition



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Quelle place, aujourd’hui, pour l’opposition qui, dans sa majorité, a soutenu le hirak et qui, conséquemment, rejette la feuille de route politique du pouvoir actuel, lequel montre des signes de vouloir remodeler la carte politique ? La question mérite d’être posée.

Temps difficiles pour les partis politiques de l’opposition. Entre ceux qui vivent périodiquement des crises internes, sciemment provoquées, d’après quelques-uns d’entre eux, les laissant parfois en marge d’événements nationaux importants, et ceux qui subissent ce qu’ils considèrent être des pressions des autorités, la classe politique nationale fait face aujourd’hui à un double défi, celui de reconquérir une population, dont une partie ne croit pas en l’acte politique, du moins tel qu’il est configuré dans le moment présent, et l’autre de survivre à des restrictions des libertés politiques de plus en plus marquées.

Quelle place, aujourd’hui, pour l’opposition qui, dans sa majorité, a soutenu le hirak et qui, conséquemment, rejette la feuille de route politique du pouvoir actuel, lequel montre des signes de vouloir remodeler la carte politique ?

La question mérite d’être posée alors que beaucoup d’Algériens, et là il est utile de revenir à l’attitude de nombreux manifestants lors des premières semaines du «mouvement populaire», qui avaient tendance à vouloir chasser certains chefs de parti politique, même si les concernés y ont vu une «manipulation» visant à écarter les «politiques» du hirak, croient de moins en moins en la classe politique, mettant tout le monde dans le même sac.

Une question qui se rapporte à un aspect fondamental dans tout processus de démocratisation : existe-t-il une volonté réelle de la part du «pouvoir» d’aller dans ce sens, c’est-à-dire mettre en place les mécanismes nécessaires pour asseoir un véritable multipartisme et le consolider ?

Si les partis politiques de l’opposition ont toujours dénoncé des restrictions sur les libertés, aujourd’hui, la situation semble s’empirer, pensent bon nombre d’entre eux. «Il y a des atteintes flagrantes aux libertés», a estimé Athmane Mazouz, député du RCD, qui rappelle d’ailleurs ce que «subit» son parti depuis un moment déjà.

Ramdane Taazibt, du Parti des travailleurs (PT), ex-député, juge carrément qu’«il y a une volonté de criminaliser l’acte politique». «Il y a une volonté de se débarrasser du multipartisme, réduire à néant l’action politique», ajoute-t-il.

En plus des «tentatives de déstabilisation» qu’a vécues son parti ainsi que des «emprisonnements politiques», celui-ci cite d’autres entraves comme «le refus d’accorder des salles» aux partis de l’opposition.

Pour lui, «il ne peut y avoir de liberté politique sans liberté de presse, par exemple». C’est indissociable. Il rappellera à cet effet que les voix discordantes, notamment à propos de la Constitution proposée, sont interdites d’antenne aussi bien sur les médias publics que privés.

Laissant entendre que la situation tend à s’empirer par rapport au passé, le coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares, nous a déclaré qu’«il y a des tentatives de revenir sur les acquis démocratiques».

«Ils sont en train de revenir sur les acquis arrachés par la société en 1988», a-t-il estimé, avant d’ajouter que ce sont ces mêmes acquis qui ont permis au hirak de voir le jour. Donc, indique-t-il, «le pouvoir a compris que pour mettre fin au hirak, il fallait remettre en cause ces acquis».

La «société civile», l’autre base sur laquelle veut compter le régime

Les dispositions dans le projet de la nouvelle Constitution relatives à la société civile, notamment les articles 10 et 16, en évoquant la participation de celle-ci à la gestion des affaires publiques, sont vues comme une volonté ou une tentative de marginaliser davantage la classe politique en s’appuyant sur un «mouvement associatif» acquis, qui serait la base électoraliste du pouvoir en place. «Sans démocratie, pas de société civile», assène Ghares.

L’arsenal relatif à ce point mis dans la nouvelle Constitution, indique pour sa part Ahtmane Mazouz, «vise à créer une nouvelle clientèle, une classe politique qui soutiendra le pouvoir». Une manière, par conséquent, «pour casser la classe politique de l’opposition».

Pour Taazibt, la démocratie participative (cité dans l’article 16 de la Constitution, ndlr) «c’est faire semblant d’impliquer le citoyen dans la gestion des affaires publiques, mais les choix, en matière de stratégie, sont faits par le pouvoir».

«Ils utilisent la société civile pour se débarrasser de la classe politique», lance-t-il, tout en précisant que «la gestion des affaires publiques, c’est un programme et un projet». «On ne peut pas gérer sans partis politiques», affirme-t-il.

A ce titre, il faut relever que parallèlement aux récents rejets des demandes d’autorisation, pour motif de Covid-19 par exemple, pour l’organisation d’activités dans des salles, formulées par des partis de l’opposition, plusieurs réunions de formations politiques acquises au pouvoir et surtout de ce qui est appelé la «société civile» ont eu lieu dans les mêmes salles.

La classe politique de l’opposition peut-elle sortir de ce contexte sans y laisser des plumes ? «C’est un moment difficile, mais il y a de la résistance à ce tournant autoritaire», a estimé Taazibt.

Pour Mazouz, «il faudrait que la classe politique fasse preuve de détermination, mais surtout de solidarité pour faire face à cette stratégie».

Cela est-il possible au vu des divergences, mais surtout des susceptibilités existantes ? En tout cas, certaines formations politiques tentent ce rapprochement. Mais la situation semble difficile.

Pas seulement pour la classe politique, mais pour les médias aussi. Et ce ne sont pas les «garanties» présentes dans la mouture de la nouvelle Constitution qui vont rassurer les uns et les autres parmi les opposants, qui s’attardent beaucoup sur le climat actuel marqué par des interdictions de réunion et des emprisonnements de militants et d’activistes. 


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