Zoubir Rouina. Président du Conseil des enseignants des lycées d’Algérie (CLA)

«Nous devons promouvoir l’école du mérite »



...

– Le ministre de l’Education nationale, Mohamed Ouadjaout, a annoncé que les candidats ayant obtenu une moyenne égale ou supérieure à 9/20 à l’examen du baccalauréat, session 2020, seront admis «à titre exceptionnel». Votre syndicat a parlé d’une décision «politique aux relents populistes».

Commençons d’abord par dire que nous ne nous attendions pas à une telle décision. C’est une surprise pour nous. Notre syndicat a accepté les dernières mesures liées au report du bac, au BEM, entre autres. Pour nous, la situation sanitaire que connaît le pays imposait des décisions exceptionnelles.

Mais là, rien ne justifie la baisse de la moyenne de réussite à l’examen du bac ; les critères pédagogiques dont peut se prévaloir la tutelle ne sont pas du tout valables. Par une telle décision, les autorités ont voulu «rendre heureux» les élèves et leurs parents. Mais cette joie sera de courte durée. L’intérêt de l’élève est dans une école performante, où l’acquisition des savoirs est primordiale.

Les autorités auraient dû mesurer les répercussions de cette annonce sur l’avenir de l’école algérienne. Mais disons-le sans détour, même sur le plan politique, le gain n’est pas important. Un politique ne doit pas perdre de vue tout ce que peut impliquer sa décision comme répercussions sur l’école et la société. Mais là, rien.

– Quelles seront justement ces répercussions ?

Nous allons payer demain les erreurs que nous commettons aujourd’hui. Il y aura des répercussions sur l’étudiant, qui rejoindra l’université sans véritables acquis.

Il sera à coup sûr obligé de repasser son bac pour pouvoir s’orienter vers une filière de son choix. Pourquoi alors vouloir augmenter le nombre dans le seul but de contenter les familles, à quelques jours d’un rendez-vous électoral (référendum de la Constitution, le 1er novembre prochain, ndlr) ?

Nous ne devons pas promouvoir la médiocrité. Seule une école du mérite doit être l’objectif de nos politiques éducatives. Il faudra impérativement valoriser l’effort. Par ailleurs, il y a lieu de s’intéresser à tous les diplômés au chômage.

Ces derniers jours, le CLA a rencontré les enseignants fraîchement sortis de l’ENS (Ecole nationale supérieure), qui réclament leur recrutement, comme l’exige la loi. La tutelle doit s’intéresser à leurs cas…

– Votre syndicat a rendu publique son étude sur le taux de réussite au bac…

Effectivement, le taux selon nos estimations ne devra pas dépasser 48%. Certes, l’échantillon n’est pas important. Mais selon les échos qui nous parviennent, cela nous permet de classer les matheux en première place, suivis par les élèves inscrits en langues étrangères, les scientifiques, les littéraires et en dernier lieu les inscrits en gestion.

Les questions de la session actuelle étaient abordables. Mais comme nous le savons, l’appréciation d’une épreuve se fait suivant le niveau de chaque élève.

– Les syndicats de l’éducation réclament des réformes de l’examen du baccalauréat et des différents cycles d’enseignement. Qu’en est-il ?

Il est regrettable de constater qu’après plus de 60 ans d’indépendance, l’école se cherche toujours. Nous regrettons l’absence d’une volonté politique. Aucun objectif sérieux n’est assigné à l’école algérienne qui reçoit près de 10 millions d’écoliers.

La politique d’austérité adoptée par les gouvernements successifs n’arrange rien : les enseignants sont obligés d’acheter la craie, ou des marqueurs pour assurer leurs cours, au moment où la tutelle nous parle d’acquérir des tablettes !

Il faudra informer les responsables que les micro-ordinateurs, installés à travers les établissements scolaires, sont en panne. Les choses se compliquent davantage avec la marchandisation, dont a parlé feu Redouane Osman (ancien porte-parole et fondateur du CLA, ndlr).

La tutelle aurait dû mettre l’accent sur la formation de l’enseignant et sur la prise en charge de toutes ses revendications socioprofessionnelles. Il est aussi nécessaire de savoir que l’école n’est pas faite pour absorber le chômage. L’école a une mission foncièrement pédagogique.


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