Le bac au bout d’une année d’incertitude



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Prévus initialement pour la dernière semaine de ce mois d’octobre, les résultats du baccalauréat ont été dévoilés hier mercredi. Malgré la baisse de la moyenne à 9/20, le taux de réussite au niveau national n’a pas atteint les 56%.

Avec l’annonce des résultats, le baccalauréat au titre de la session 2019-2020 est bien fini. Le ministère de l’Education nationale a annoncé, dans la soirée d’avant-hier, que le taux de réussite au niveau national était de 55,30% contre 57% l’année précédente. Par filières, ce sont les matheux qui sont en haut du podium avec un taux de réussite de 80,22%.

Ils sont suivis par ceux des langues étrangères avec un taux de 67,78%, de technique mathématique avec 58,48%, sciences expérimentales avec 56,97%, puis ceux de la filière littéraire et philosophie avec un taux de 52,60%.

Ceux de la gestion et économie sont à la traîne avec 38,09%. Une grande affluence sur les différents canaux mis à la disposition des candidats pour connaître les résultats a été constatée dès les premières heures de l’après-midi. Pour rappel, les résultats étaient diffusés sur le site de l’Office national des examens et concours (ONEC), par SMS sur *567# à travers tous les opérateurs de téléphonie mobile.

Pour la première fois, les résultats des lauréats scolarisés ont également été publiés sur la Chaîne du Savoir (Maârifa) de la Télévision nationale ainsi que sur le site électronique dédié aux parents d’élèves.

Avec ces différents taux estimés très faibles, la révision à la baisse de la moyenne de réussite est expliquée. L’explication donnée par les experts, à savoir rabaisser la moyenne pour gonfler le taux de réussite, est confirmée.

Au milieu de la joie des nouveaux bacheliers et de la déception de ceux qui ont échoué cette année, les réactions des professionnels du secteur n’ont pas cessé. «Nous nous attendions à un résultat beaucoup plus important que 53%, surtout que les élèves étaient examinés sur deux trimestres avec 6 mois de révision et une moyenne d’admission réduite à 9/20.

Cela ne peut être expliqué que par un décrochage des élèves qui malheureusement n’ont pas trouvé d’encadrement des parents et de la tutelle», a déclaré Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapeste).

C’est pratiquement le même avis de Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), qui considère que ces chiffres ne reflètent pas le niveau des élèves. «La décision politique de rabaisser la moyenne de réussite à 9/20 n’a pas fait des miracles. Le niveau de nos élèves est le même, pour ne pas dire pire.

Le problème est plus profond qu’il ne paraît», souligne-t-il. Idem pour Yacine Ouelmouhoub, secrétaire national du Syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale (SIEN), qui appelle les hautes autorités du pays à trouver la solution pour hisser le niveau de l’enseignement, en organisant véritablement de l’école loin du populisme.

Pour Missoum Abdelkader, formateur à l’Institut national de formation du personnel de l’éducation et expert de la question éducative, c’est tout le système du baccalauréat qui doit faire l’objet de révision.

«La loi d’orientation prévoit un taux de réussite de 70%. Durant toutes ces années, nous n’avons jamais atteint ce taux pour plusieurs facteurs, dont les conditions de scolarité et la difficulté des sujets.

Cette année encore, nous avons plusieurs autres facteurs dont justement le confinement et l’impact de cette pandémie sur les élèves, dont certains en ont été atteints», constate notre interlocuteur qui souligne que la baisse de la moyenne de réussite au bac n’est pas un rachat mais une admission d’office.

Le rachat signifie, selon ses propos, la mise en place d’une commission de délibération qui prend en considération le parcours scolaire de l’élève durant l’année.

Chose qui n’a pas été faite cette année. Saluant, tout de même, les efforts consentis par les autorités en cette période critique, il estime qu’il est grand temps de revoir tout ce système d’évaluation de ces 12 années de scolarité et aussi les systèmes d’apprentissage et de scolarité des élèves. Un avis partagé par d’autres experts qui appellent à l’ouverture de nouvelles passerelles pour les élèves qui ont échoué à cet examen.

Ils appellent également à prendre en considération le cursus scolaire des élèves depuis le BEM et tout au long de la période du secondaire. Cela permettrait, selon eux, de responsabiliser l’élève, le motiver à mieux travailler durant l’année et surtout lui donner la chance de se rattraper par ses efforts fournis en dehors des 4 ou 5 jours d’examen.


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