Mme Maya, symbole de la dérive du régime



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De lourdes peines ont été prononcées hier contre «Mme Maya», de son vrai nom Zoulikha Nachinech, connue comme étant la «présumée fille cachée» du Président déchu. Le tribunal de Chéraga l’a condamnée à 12 ans de prison ferme, une amende de 6 millions de dinars et la confiscation de tous ses biens, au même titre que ses deux filles, lesquelles ont été condamnées à 5 ans de prison ferme et la saisie de leurs passeports pendant 5 ans. Poursuivis dans le cadre de cette affaire, les deux ex-ministres Mohamed Ghazi, du Travail, Abdelghani Zaalane, des Transports et l’ancien DGSN, Abdelghani Hamel, ont écopé d’une peine de 10 ans de prison ferme et un million de dinars d’amende.

Mis en délibéré depuis une semaine, le verdict de l’affaire de «Mme Maya», ou «Lemaalma» (La cheffe), connue comme étant la «fille cachée» du Président déchu, a été prononcé hier par le tribunal de Chéraga.

C’est vers 10h, après avoir lu les décisions de nombreuses affaires, que les prévenus ont fait leur entrée à l’audience, les mains menottées et entourés par de nombreux gendarmes et policiers, sans compter les agents de l’administration pénitentiaire. Le juge commence par les prévenus en liberté et ceux poursuivis pour des délits mineurs.

Ainsi le fils de Mohamed Ghazi, Chafi, a écopé d’une peine de 3 ans de prison ferme et 500 000 DA d’amende, alors que les deux ex-fiancés des filles de Mme Maya, Karim Koudjil et Mohamed Bensmina, ont été condamnés à une peine de 3 ans de prison ferme et 500 000 DA d’amende.

La tension commence à monter lorsque le juge passe aux peines supérieures. Une condamnation de 5 ans de prison ferme a été infligée à Mustapha Boutaleb, une autre de 7 ans de prison ferme et un million de dinars d’amende, car il servait d’intermédiaire entre Mme Maya et certains hommes d’affaires.

Puis, le tribunal a prononcé, par défaut, une peine de 10 ans de prison ferme et un million de dinars contre Mohamed Cherif et Amar Yehiaoui, tous deux en état de fuite avec la confirmation du mandat d’arrêt à leur encontre. Les yeux des prévenus restent figés sur le président qui poursuit lentement la lecture de ses décisions.

Les deux anciens ministres, Mohamed Ghazi et Abdelghani Zaalane, ainsi que l’ex DGSN Abdelghani Hamel écopent de 10 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars, alors que Mme Maya est condamnée à une peine de 12 ans de prison ferme, une amende de 6 millions de dinars et la confiscation de tous ses biens. Du box, elle ne laisse transparaître aucune réaction. Du regard, elle fait le tour de la salle, probablement à la recherche de ses deux filles, absentes à l’audience.

Le tribunal décide aussi le paiement solidaire, par les deux ministres et l’ex-directeur général de la Sûreté nationale, de la somme de 600 millions de dinars comme préjudice subi par le Trésor public. Des cris stridents brisent le silence qui pesait sur la salle. Personne ne semble connaître cette femme en crise de colère qui vilipende le tribunal à l’entrée de la salle.

Les avocats sont surpris. Ils ne s’attendaient pas à un tel verdict, qu’ils jugent très lourd par rapport aux faits liés, entre autres, «au trafic d’influence», «abus de confiance», «blanchiment d’argent», «octroi et perception d’indus avantages». Tous affirment qu’ils vont faire appel contre les décisions du tribunal.

Un tribunal, faut-il le préciser, qui n’a pas élucidé le mystère de ce statut de «fille cachée» du Président déchu, la clé qui a permis à Mme Maya d’ouvrir toutes les portes des administrations et d’avoir accès aux centres de décision les plus fermés pour monnayer des services rendus à des hommes d’affaires, des ministres et de hauts responsables et ériger ainsi un empire financier. Le procès s’est d’ailleurs terminé en laissant un goût d’inachevé.


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