Levée de l’immunité parlementaire du président du RCD Mohcine Belabbas

Indignation et vague de solidarité



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Des organisations, des personnalités et des militants de divers horizons ont exprimé leur indignation face à cette pression qui va crescendo contre le RCD et son président, Mohcine Belabbas.

La levée de l’immunité parlementaire du député et président du RCD, Mohcine Belabbas, actée mardi par des parlementaires de la majorité FLN-RND, a suscité une vague de réactions. Des organisations, des personnalités et des militants de divers horizons ont exprimé leur indignation face à cette pression qui va crescendo contre le RCD et son président.

Ces derniers dénoncent notamment l’attitude de «ces parlementaires sans légitimité» qui se sont prêtés à cet exercice, malgré le fait que le concerné avait déjà affiché sa disponibilité à répondre favorablement aux convocations de la justice.

Les intervenants continuent, en effet, de condamner, dès l’annonce des résultats du vote à l’APN, le pouvoir auteur de ces pressions et les députés qui se sont exécutés. C’est le cas de l’ONG Riposte Internationale.

Dans un communiqué rendu public, hier, l’organisation «condamne la décision de l’Assemblée populaire algérienne qui vient de voter la levée de l’immunité parlementaire de M. Mohcine Belabbas».

«Riposte Internationale considère que dans son entreprise de bâillonnement et d’étouffements de toute voix discordante qui ne s’inscrit pas dans le discours imposé par le pouvoir, l’acharnement à déstabiliser le président du RCD et son parti ne témoigne que de la volonté de lui faire payer son engagement en faveur du changement démocratique depuis le 22 février 2019», précise l’ONG dans son communiqué.

L’organisation rappelle, dans la foulée, «que cette démarche est un prélude à une suite que le régime a choisi comme réponse à des revendications politiques légitimes».

Anticipant sur la suite de cette affaire, l’ONG dénonce aussi les «prémices d’un simulacre de procès où le verdict est rendu par le double mépris de la justice et du droit».

«Riposte Internationale prend la communauté internationale à témoin de cette énième forfaiture du pouvoir algérien qui persiste dans sa fuite en avant, hypothéquant de ce fait l’avenir de l’Algérie au profit de sa seule survie», ajoute l’organisation, en témoignant sa solidarité pleine et entière à Mohcine Belabbas.

«La légitimité populaire mieux que l’immunité»

Le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, a réagi également, mardi, à cette nouvelle, en exprimant son soutien au président du RCD. Il dénonce, dans le même sens, «ces attaques qui ciblent les militants de l’opposition qui interviennent sur fond de campagne de restrictions généralisées des libertés».

«Ces attaques ne feront qu’envenimer plus le climat, déjà délétère, attiser et prolonger la crise, et du coup, compromettre la solution, qui ne peut qu’être démocratique et en phase avec les attentes suscitées, notamment par le ‘‘hirak’’ pacifique.»

Des personnalités politiques et des avocats ont également condamné la procédure visant Mohcine Belabbas. Pour l’ancien député et militant politique Djamel Zenati, «cette levée d’immunité confère à Mohcine Belabbas davantage de légitimité».

Pour sa part, l’avocat et militant des droits de l’homme, Mostafa Bouchachi, affiche «sa solidarité absolue et inconditionnelle avec le militant et président du parti RCD, Mohcine Belabbas, qui subit de nombreux harcèlements qui ont commencé par l’interdiction de tenir le conseil national du parti jusqu’à la levée de l’immunité parlementaire».

«Mohcine Belabbas a toujours été connu par sa lutte dans les rangs du mouvement populaire pour une nouvelle Algérie démocratique, où le peuple est la source du pouvoir», écrit-il sur sa page Facebook.

Malgré son différend avec Mohcine Belabbas, l’ancien président du RCD, Saïd Sadi, s’est exprimé aussi sur cette affaire en précisant, dans un texte posté sur sa page Facebook, que «quand la politique rentre dans le palais, la justice en sort». «Belabbas Mohcine vient de voir son immunité parlementaire levée.

On peut se demander combien de députés de l’actuelle Assemblée mériteraient la même décision. Naïma Salhi qui a proféré des ignominies racistes et des trabendistes de tout acabit siègent toujours à L’APN», souligne-t-il. Et d’ajouter : «Je ne connais pas l’intimité du dossier, mais la sélectivité de ces levées d’immunités parlementaires interroge et doit être condamnée sans réserve.

Ce n’est un secret pour personne que les orientations et autres alliances contractées par le RCD actuel heurtent ma conscience et mes convictions. Cependant, tant que les positions s’affichent dans un cadre pacifique, elles doivent être défendues par principe.»

Outre les organisations et les personnalités, des militants et des internautes ont également condamné cet acharnement contre le RCD et son premier responsable. Ils précisent, cependant, que «la légitimité populaire et mieux que l’immunité parlementaire».

Mohcine Belabbas : «le pouvoir a tenté de m’approcher à plusieurs reprises»

Dans une déclaration à une chaîne de télévision, Mohcine Belabbas est revenu sur cette levée de son immunité parlementaire.

Il révèle pour la première fois que «le pouvoir a tenté, vainement, de m’approcher pour me convaincre d’atténuer les positions du parti concernant la crise actuelle en contrepartie d’une levée des pressions et des contraintes» qui pèsent sur lui et sur le RCD.

Rappelant son attachement et sa fidélité aux revendications populaires, il exprime son étonnement devant l’empressement du pouvoir à lever son immunité alors que «celle-ci tomberait de fait dans le cas où le projet de la révision constitutionnelle serait adopté à l’occasion du référendum du 1er novembre prochain». 


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