Qui est Malek Bennabi ?



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Par Nour Eddine Khendoudi, écrivain 
II- Retour sur l’échec de la renaissance dans le monde musulman
Thème classique, épuisé et consommé chez beaucoup, la question de la renaissance du monde musulman revient, par moment ou en certaines occasions, à travers une conférence d’un spécialiste, une déclaration d’un éminent responsable ou une contribution savante. Globalement, en plus d’un siècle, la Nahda a nourri les espoirs de plusieurs générations avant de déboucher sur une amère déception. Le rêve est devenu une chimère. Tant et si bien que, gagnés par le doute nourri d’échecs à répétition, les intellectuels arabes concernés par le sujet ont plongé dans la résignation, dans un contexte marqué par la décomposition persistante du monde musulman et sa régression infinie.  

C’est pourquoi la proposition du Dr Mahatir Mohamed, Premier ministre malaisien, de forger une alliance nouvelle entre certains pays pour œuvrer à la résurgence de la civilisation islamique et tirer les musulmans de leur décadence actuelle(1) n’a fait, à première vue, qu’exhumer un vieux sujet. Mais on ne peut éluder, d’une manière cavalière, le propos de l’artisan du décollage économique sans précédent dans son pays. Point de défaut de crédibilité donc.   
En attendant d’y voir plus clair, il est bon de revenir sur l’échec des tentatives de ressusciter la grandeur d’antan des musulmans.  

1-  L’ère asiatique de l’islam
Pour des raisons évidentes, l’escamotage des Arabes est dans l’ordre des choses et confère, paradoxalement, du sérieux à l’idée. Le monde arabe, miné par les divisions et les contradictions, ne peut assumer, dans la phase historique critique actuelle, un rôle dans le réveil du monde musulman.
Je crains que le Premier ministre malaisien ait lu et s’était inspiré de l’impitoyable sentence de Malek Bennabi qui décrit la région arabe comme le «bout pourri du monde musulman». Une putréfaction qui résume la somme des tares des Arabes. Ensuite, Bennabi a prévu que l'ère méditerranéenne de l'islam est terminée et que le centre de gravité du monde musulman s’est déplacé en Asie. C’est dans cette partie du monde que se jouera l’avenir des musulmans.
Théoricien de la culture, Bennabi a déploré l’individu arabe amorphe, ankylosé et inefficace. À l’opposé, son jugement de l’Indonésien est surprenant : «L’homme de Java est minutieux ; il a le sens de l'ordre et de l'organisation, l'amour du détail ; c'est l'homme du concret, du positif, de l'effort, l'homme de la pratique de la technique mais aussi celui des arts.»  Ces qualités de civilisation font défaut actuellement à l’homme arabe. D’une manière plus globale, Bennabi entrevoit à travers le musulman de l'Asie «la promesse d'une nouvelle synthèse de l'homme, du sol et du temps et par conséquent d'une nouvelle civilisation».(2)
Ainsi, Bennabi et Mahatir se rejoignent sur ce point décisif qui considère que c’est de l’islam en Asie que jailliront de nouveau les jalons du chemin de sa civilisation dans la phase critique actuelle de son histoire.  

2-Coup de massue et émergence de deux conceptions de la Nahda
Mieux que quiconque, Bennabi, hanté par «les problèmes de la civilisation», est passé de l’enthousiasme euphorique à la déception amère en assistant à la ruine de deux de ses grandes idées. D’abord, la «renaissance du monde musulman», dont il a tracé les conditions et les contours et, ensuite, le «déclin de l’idée de l’afro-asiatisme» qu’il a conçue comme une voie de libération des musulmans de la domination de l’Occident grâce à une refonte des relations internationales. Ses deux grandes idées ont été «tuées» par des «assassins ignorants», comme il le dira lui-même.
À l’instar de l’historien anglais Arnold Toynbee, Bennabi a observé l’impact bouleversant du choc de la rencontre entre l’Occident et le monde musulman. Avec le colonialisme, les peuples arabes et musulmans ont reçu un coup de massue. Étourdis, mal réveillés ils  ne se sont toujours pas remis du coup qui leur a été assené. Dans son ouvrage intitulé La Civilisation à l’épreuve (paru en France en 1951), Toynbee parle des chambardements qui s’en étaient suivis. On peut lire dans le chapitre sur «L’Islam, l’Occident et l’avenir» ce qui suit : «Les historiens futurs diront, je pense, que le grand événement du XXe siècle fut le choc de la civilisation occidentale sur toutes les autres sociétés vivantes du monde d'aujourd'hui. Ils diront que ce choc fut si puissant et si pénétrant qu'il mit sens dessus dessous les existences de toutes ses victimes.» Toynbee qui parle de civilisations «bousculées et profondément déstabilisées», décrit l’islam comme la première victime de la civilisation occidentale.(3) 
Ce constat est partagé par Bennabi qui détaille les effets du chaos de ce bouleversement sur le monde musulman, devenu un mélange d’influences passées et nouvelles qui ont produit les deux acteurs de la Nahda. Pour lui, «le monde musulman est aujourd’hui un produit mixte de résidus de l’époque post-almohadienne (période de la décadence) et d’apports culturels nouveaux du courant réformateur et du courant moderniste : archaïsme indécanté et nouveautés non filtrées». 
Ce syncrétisme est incarné par les deux courants qui ont conduit les efforts de la Nahda, à savoir le réformisme religieux et le modernisme laïc. Bennabi schématise : «L’homme malade musulman eut d’abord à son chevet pour le guérir  le maraboutisme qui ne pouvait ni le guérir  ni l’achever. Le kémalisme, le baâthisme charlatan  n’ont rien modifié à la situation ; ils l’ont plutôt compliquée davantage.»  Sur scène, dans le monde musulman, on a, ainsi, deux acteurs : une écrasante majorité nonchalante qui subit face à une minorité agissante qui décide. 

3- Le «modernisme d’emprunt»
Le courant moderniste, que Bennabi qualifie de «modernisme d’emprunt», est le fruit du contact entre certaines élites arabes et musulmanes avec l’Occident. Ses tenants appellent à emboiter le pas à l’Occident et à adopter ses modèles et critères. Produit de l’école coloniale, suscitée ou encouragée par des milieux intellectuels en Occident, l’école moderniste se manifeste sous divers cachets et dénominations. Pour enfoncer les Arabes dans la confusion, on a créé pour eux une multitude de formes de modernisme. Les plus connus sont le kémalisme, le nassérisme, le bourguibisme, le baâthisme, le communisme, le socialisme… et d’autres formes d’idéologies aux lendemains qui chantent. 
L’école moderniste traduit les vues et les aspirations d’une élite occidentalisée, composée d’intellectomanes,(3) contempteurs de la religion musulmane, détachés de la conscience du monde musulman, de son histoire et de ses réalités passées ou actuelles. Pour Bennabi toujours, ce courant traduit «l’impulsion du présent». «Faute d’un contact réel avec la civilisation moderne et d’une rupture effective avec le passé post-almohadien, la tendance moderniste n’a pas apporté les éléments d’une culture.»  Il lui reconnaît, toutefois, le mérite de donner naissance à un courant d’idées, discutable sans doute, mais qui a l’avantage de remettre en question tous les critères traditionnels. Le modernisme d’emprunt incarne l’abdication, la soumission et le ralliement à la civilisation occidentale. Moins profond et peu ancré dans la société musulmane, le courant est voué à l’échec. En définitive, le modernisme d’emprunt, sous ses différentes tendances, a abouti sur des échecs clairs et son seul et unique «succès» est d’embourber la société dans des tensions et des antagonismes sans fin.

4- Les limites du réformisme religieux 
Le mouvement réformiste classique est l’œuvre d’hommes politiques ou de penseurs, à l’exemple de Djamel Eddine El Afghani (Iran), Mohamed Abdou (Égypte), Abderrahmane El Kawakibi (Syrie), Mohamed Iqbal (Inde), Abou Al Aala Al Mawdoudi (Pakistan), ou de mouvements structurés, à l’instar des «Frères musulmans» (Égypte), de «l’Association des Oulémas musulmans algériens» et du wahhabisme. D’une manière globale, le mouvement réformiste fonde sa démarche sur la défense de l'islam et la reformulation de la religion et prône le retour à ses sources premières. Pour Bennabi, ce courant représente «l’attraction du passé». Ses lacunes à part, il a le mérite décisif de rester attaché à la société musulmane et de traduire la conscience des peuples musulmans. Le réformisme représente la volonté de résistance à la civilisation occidentale conquérante. Mais c’est insuffisant comme démarche.   
Bennabi relève, pour commencer, que le monde musulman n’a pas un problème de religion pour exiger une entreprise de réislamisation. Comme tous les peuples dans leur situation, le drame des musulmans est celui de leur civilisation. «L’homme post-almohadien n’a jamais abandonné son credo, il est demeuré croyant, ou plus exactement dévot.» Le grand problème est que : «Cette croyance est devenue inefficace parce qu’elle avait perdu son rayonnement social, devenue centripète individualiste : une foi de l’individu désintégré de son milieu social. Par conséquent, il ne s’agissait pas de lui enseigner une croyance qu’il possédait déjà mais de restituer à cette croyance son efficacité.» Victime de carences qui altèrent son action ou annihilent son combat pour la renaissance du monde musulman, le courant réformiste n’a pas su «transformer l’âme musulmane, ni traduire dans la réalité la “fonction sociale” de la religion. Il a toutefois réussi à rompre l’équilibre statique de la société post-almohadienne en introduisant dans la conscience musulmane ­— partiellement et sur le seul plan intellectuel — la notion de son drame séculaire. Mais pour que la renaissance dépassât l’état embryonnaire, il restait à poser dans sa généralité le problème de la culture».
Bennabi note l’erreur d’Al Afghani, Abdou, Iqbal… qui ont cru trouver la solution à la décadence des musulmans dans la reformulation de la théologie. Il écrit : «Ce mot de théologie deviendra la fatalité du mouvement.»  
À ces défaillances d’ordre général et à ces critiques d’ensemble du mouvement de l’islah musulman, Bennabi détaille au besoin et au cours de ses livres et interventions les insuffisances et les erreurs de ce courant. Son regard est lucide si l’on doit éluder des critiques d’ordre personnel qui sont parfois excessifs. 
Enfin, Bennabi s’élève contre un syllogisme néfaste : «Nous sommes musulmans donc nous sommes parfaits.»  
Pour le courant réformiste, le tableau n’est pas reluisant non plus. On peut succinctement le présenter ainsi :
- La mort du wahhabisme 
Le wahhabisme, qui exhortait au départ à un retour à la purification de la religion de tout revêtement altérant, a évolué au gré des événements pour devenir un simple alibi au pouvoir politique auquel il élabore des justifications et des légitimations en prêchant son obéissance absolue.
Il a fini par réduire l’islam à de simples expressions cultuelles et plonge ses adeptes dans les rêves des moments de sa splendeur passée mais fait l’impasse sur les dévoiements du présent.
À l’y examiner de près, l’école wahhabite prône l’immobilisme et, dans l’idéal wahhabite, l’homme doit être figé et résigné. Le wahhabisme n’est donc plus un courant réformateur en quête des voies du réveil du monde musulman et de son salut.(4)

- Grand combat et pas de clerc des oulémas algériens 
Née en 1931, l’Association des Oulémas musulmans algériens est la première organisation créée par des Algériens soucieux de de préserver l’identité du peuple et de le préserver da la dilution voulue par le colonialisme. L’association est née au moment où la France célébrait avec faste le centenaire de la colonisation du pays. 
La commémoration funeste a montré, en son temps, le haut degré atteint par les tentatives de sa dissolution et son rattachement à la France. 
Indéniablement, l’étincelante œuvre des Oulémas fut décisive face au pire colonialisme qu’un peuple ait enduré durant toute l’histoire de l’humanité. Bennabi salue leur mérite inestimable de libérer le peuple algérien de l’emprise maraboutique en le tirant de sa torpeur et de sa soumission au fétichisme. Il salua, à travers leur action, un début du triomphe de «l’idée» sur «l’idole», un prélude à la transformation de l’âme algérienne. 
Il fut, de tous les temps, laudatif à l’endroit de Ben Badis, le plus illustres des Algériens, personnalité hors du commun, constructeur d’écoles et éveilleur de consciences avec ses frères de l’Association des oulémas. Sa préface à la compilation de ses œuvres, réalisée par le professeur Amar Talbi, traduit un respect pour le vénérable et vaillant cheikh. Pour Taib El Okbi, n’a-t-il pas déployé une grande activité en France pour obtenir sa libération lors de son arrestation dans l’affaire de l’assassinat du muphti d’Alger, cheikh Bendali Kahoul. 
Quant au chahid Larbi Tébessi, il n’avait jamais cessé de condamner son assassinat par l’organisation terroriste  la Main rouge, un appendice des services secrets français.  
L’abnégation au service de l’Algérie, la bonne foi, l’intégrité morale et la rectitude sociale des oulémas n’excluent pas quelques erreurs et  faux pas qui dévoilent une candeur et une grave méconnaissance des méandres de la lutte idéologique. Ce sont des griefs portés par Bennabi contre les Oulémas.(5) Mais ces reproches sont à relativiser. Cette méconnaissance des méthodes de la lutte idéologique et ses jeux cyniques et fourbes n’est pas un défaut des seuls oulémas. On le relève aussi chez les autres courants.  
À la lumière de ce qui précède, le lecteur dépassera ce qui peut paraître comme des contradictions dans les jugements. Et tous ceux qui croient que Bennabi était un ennemi, ou même un adversaire du courant islahiste algérien doivent se raviser et se détromper. 
- Le cas en Égypte : les Frères musulmans
Bennabi a porté un jugement variable sur l’association des «Frères musulmans» dans ses ouvrages connus Vocation de l’islam et l’Afro-asiatisme et puis et surtout dans ses Carnets, une mine d’informations, publiés à titre posthume.(6) On notera chez lui des attitudes différenciées et graduées, passant des éloges témoignés à Hassan el Banna, le fondateur, aux critiques, parfois très dures, à l’encontre de ses successeurs.  
Mieux que l’Islah classique qui a prévalu dans le monde musulman au début du XXe siècle, demeuré au simple stade du verbe, l’apologie de l’islam et les récits des temps de la grandeur révolue, le mouvement de Hassan Al Banna, sous sa propre impulsion, est passé du simple discours théorique à l’action concrète. Une pensée en action semble naître avec lui.  
Bennabi salua en Hassan Al Banna un homme qui «n’est ni un philosophe  ni un théologien : il s’est contenté de revivre un islam dégagé de tous ses revêtements historiques. Sa doctrine n’est rien d’autre que le Coran lui-même, mais un Coran aux prises avec la vie». Il voyait dans son action, au départ, «un acte de fraternisation et non un simple sentiment. Un acte concret non une simple idée abstraite».
Après l’assassinat d’Al Banna, Bennabi changea son jugement sur les Frères musulmans. Si, pour lui, Al Banna a su concrétiser la fonction de la religion, perdue depuis des siècles, ses successeurs lui ont substitué la boulitique qu’il abhorre et qu’il oppose à la «politique» comme une science. 
Son jugement est dur à leur égard : «Le mouvement lui-même, qui semble – sous la direction de ses nouveaux leaders – être devenu plutôt un instrument politique, dépouillé du caractère civilisateur qu’on aurait voulu tout d’abord voir en lui. Dans cette nouvelle phase, le mouvement paraît même n’utiliser la religion que pour parvenir à des fins pratiques immédiates.»  

5- Où situer Bennabi ?
Après ce petit détour, il faut placer Bennabi. Avec des nuances et des différences qu’il a signalées dans ses écrits et conférences, Bennabi considère, pour le résumer, que le «réformisme religieux» et, son opposé, le «modernisme d’emprunt» comme les deux facettes de la gangue post-almohadienne, l’avers et le revers d’une même médaille, symbole d’une entreprise jusqu’ici ratée. Le réformisme défend des idées mortes, puisées d’une civilisation islamique disparue. Le modernisme véhicule des idées mortelles introduites de la civilisation occidentale sans discernement. Or, les idées mortes et les idées mortelles ne peuvent construire une Nahda. 
Pour lui, les deux courants ont échoué car ils n’ont pu présenter des «éléments d’une culture». Qu’est-ce à dire ? il faut revenir à sa conception de la culture qu’il a développée au fil de ses écrits. C’est l’ambiance dans laquelle se meut l’individu, c’est la responsable de l’efficacité de l’individu fichu, c’est le climat général qui crée la dynamique sociale qui change l’homme qui le mue en acteur de la civilisation. Descartes en France, Jean Baptiste Alberti en Italie, Newton en Angleterre, Stakhanov en Russie soviétique… sont les produits de cette nouvelle ambiance. Ils n’en sont pas les initiateurs. Pour Bennabi, l’homme post-almohadien, post-civilisé, colonisable est inapte à la civilisation, «vieux et caduc et ne peut être réformé». Il a besoin d’une transformation complète grâce à «la liquidation du passif hérité de l’homme post-almohadien, il y a six siècles, conformément à une véritable tradition islamique et à l'expérience cartésienne». Or, cette perspective dépasse les combats des réformateurs et des modernistes. Selon Bennabi, il faut «une nouvelle synthèse de trois éléments : l’homme, le sol et le temps». 
Bennabi, on le déduit ainsi, n’est ni un réformateur traditionnaliste ni, à plus forte raison, un moderniste empruntant les idées de l’Occident. Il récuse l’idée des modernistes d’emprunt qui poursuivent l’objectif de laïciser la société pour la livrer prédisposée aux desseins de l’ennemi et refuse également l’idée de sa réislamisation inutile. En quête de «l’idée travaillante», appelant au retour de «la fonction sociale de la religion», privilégiant le «principe de l’efficacité» et l’amour du concret. En tout cas, placer Bennabi dans un cadre ou l’inféoder à un courant est une absurdité. 
Le caractère atypique de sa pensée le soustrait à toute affiliation aux courants intellectuels et politiques qui animent la scène dans le monde musulman depuis la fin du XIXe siècle. C’est pourquoi les initiés de sa pensée trouveront les tentatives de jeter un pont entre lui et certains mouvements dits «islamistes» comme un non-sens, une absurdité, sinon une malveillance. Mais le sujet ne peut être éludé au moment où des mouvements et des militants de certains courants se réclamant de l’islam revendiquent depuis quelque temps son héritage intellectuel ou prétendent s’inspirer de ses idées. À cela, il faut ajouter que certains écrivains en France notamment, comme Gilles Kepel ou Séverine Labbat, tentent de confiner le nom de Malek Bennabi dans le carré honni de «l’islamisme», au sens exécré en vogue actuellement.(7) 
On glisse ici vers les procédés connus de la lutte idéologique utilisés pour diaboliser un intellectuel ou étouffer ses idées.(8) 
N. E. K.
(À suivre)

 

 


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