Confédération Africaine de football

La FIFA suspend Ahmad Ahmad 5 ans

Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Ahmad Ahmad, a été suspendu pour une période de cinq années de toute activité liée au football par la chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante de la FIFA.

La sanction était dans l’air. La FIFA avait fuité l’information depuis au moins deux semaines. C’est la première fois depuis la création de la CAF, en mars 1957 à Khartoum, qu’un président de la Confédération africaine fait l’objet d’une sanction aussi lourde et humiliante.

Ce n’est pas la première fois que la FIFA inflige une si lourde sanction à un de ses officiels, Ahmad Ahmad est aussi vice-président de l’instance faîtière du football mondial. Sa suspension intervient suite à l’ouverture d’une procédure à son encontre.

Les charges retenues contre lui sont la «non-observation du devoir de loyauté», article 15 du code de l’éthique, ainsi que les articles 20, «acceptation et distribution de cadeaux», l’article 25, «abus de pouvoir» (code de l’éthique édition 2020) et enfin l’article 28, «détournement de fonds», code de l’éthique édition 2018.

La FIFA a mis en cause le mode de gouvernance (2017-2019) du président de la CAF et a retenu contre lui les charges suivantes : «l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque (omra)» et des «accointances avec l’entreprise d’équipements sportifs Tactical Steel».

La suspension du Malgache, c’est aussi la victoire de feu Amr Fahmi, secrétaire général adjoint à la CAF, qui a été le premier à accuser Ahmad Ahmad de mauvaise gestion, corruption et affaires de mœurs. La justice de la FIFA lui a donné raison une année après sa tragique disparition.La fin d’Ahmad Ahmad ouvre la voie aux quatre candidats qui ont postulé pour sa succession, à savoir Ahmad Yahya (Mauritanie), Senghor (Sénégal), Anouma (Côte d’Ivoire) et le Sud-Africain Patrice Motsepe.

La suspension d’Ahmad Ahmad a les allures d’un signal fort en direction des «dignitaires» du football africain. Le Malgache a été propulsé à la tête de la CAF grâce au soutien assumé du président de la FIFA, Gianni Infantino, qui la veille des élections de la CAF en 2017 avait effectué une tournée africaine au cours de laquelle il a visité une douzaine de pays pour encourager leurs fédérations à voter Ahmad Ahmad.

A l’époque des membres de la FIFA avaient demandé l’ouverture d’une procédure contre Gianni Infantino à qui ils ont reproché d’avoir pesé de tout son poids dans l’élection du nouveau président de la CAF. La FIFA et la Commission d’éthique sont restées sourdes à cette demande. Aujourd’hui, ce sont les mêmes parties (FIFA-Commission d’éthique) qui ont destitué Ahmad Ahmad.

Le président de la FIFA lui aussi pouvait être suspendu comme celui de la CAF en vertu de l’article 20 du code d’éthique de la FIFA (acceptation et distribution de cadeaux) dans l’affaire des billets VIP Coupe du monde 2018 en Russie, offerts à son ami d’enfance, un magistrat suisse, à qui la justice de son pays a infligé un camouflet. Pour le football africain, la page Ahmad Ahmad est tournée, mais le tutorat de la FIFA est plus que jamais présent et menaçant au dessus de sa tête.