Le groupe terroriste Aqmi désigne son nouveau chef



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Cinq mois après l’élimination de Abdelmalek Droukdel par l’armée française au Nord-Mali, cette organisation terroriste revient sur la scène médiatique.

L’organisation terroriste Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) a un nouveau chef. Il s’agit d’Abou Oubaïda Youssef Al Annabi, originaire de la ville de Annaba.

L’annonce a été faite par Intelligence Group, une entreprise américaine issue de l’Institut des entités de recherche sur le terrorisme international, et reprise par les grandes agences de presse.

Cinq mois après l’élimination de Abdelmalek Droukdel par l’armée française au Nord-Mali, cette organisation terroriste revient sur la scène médiatique.

Un retour annonciateur d’une reprise imminente de ses actes terroristes dans un Sahel plongé dans une instabilité chronique et plus que jamais infesté par les groupes terroristes. Aqmi compte bien «venger» son chef tué par les forces spéciales françaises.

Bien que ce groupe terroriste ne le déclare pas ouvertement, ses intentions sont clairement exprimées à travers la diffusion, sur un portail électronique, des images de Droukdel mort.

Des images qui ont été prises et diffusées par l’armée française. Aqmi, qui a à son actif plusieurs attentats terroristes, a d’ailleurs accusé la France d’avoir été responsable de la mort d’un otage suisse. Le remplaçant de Droukdel est connu pour avoir déjà appelé à des actions terroristes contre la France.

Dirigeant ces dix dernières années la «choura», une sorte de conseil consultatif en charge de fixer les cibles et de définir les moyens pour les atteindre, Abou Oubaïda Youssef Al Annabi a été l’un des principaux planificateurs des attentats et enlèvements menés durant la dernière décennie, à l’instar du rapt de deux Français en 2011 au Niger.

Il est inscrit sur la liste noire américaine des terroristes recherchés dans le monde. Aqmi a profité du coup d’Etat au Mali en 2012 contre le président Amadou Toumani Touré, qui a fait plonger le pays dans une violence inouïe.

Pour un meilleur contrôle des territoires, Aqmi a tissé des liens avec d’autres groupes terroristes présents dans la région, à l’image d’Ansar Dine et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Le but d’Aqmi était de mieux affronter la rébellion touareg au Nord-Mali et prendre le contrôle de cette partie du territoire malien afin qu’elle puisse mener des attentats terroristes sur le sol algérien. Ces trois groupes terroristes ont tenté de faire la même chose au sud du Mali.

Après l’intervention militaire française en 2013, ils se sont dispersés en plusieurs groupes. Aqmi et Ansar Dine se sont repliés dans plusieurs endroits à l’est de Kidal et au sud de Gao près de la frontière avec le Niger.

Le Mujao, quant à lui, a fusionné avec Les Signataires par le sang, formant un nouveau groupe terroriste appelé Al Mourabitoune, codirigé par Adnane Abou Walid Al Sahraoui et Mokhtar Belmokhtar.

Une fusion qui n’a pas duré longtemps, puisqu’en 2015 il a cessé d’exister, après l’allégeance du groupe Adnane Abou Walid al Sahraoui à l’Etat islamique et Mokhtar Belmokhtar à Aqmi.

Un petit groupe d’Al Mourabitoune, qui a refusé de rejoindre ces deux tendances, a formé une «katiba» avant de rejoindre en 2017 un autre groupe terroriste appelé Djamaâ nousra al islam wal muslimin (groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, JNIM).

Ce dernier est une reconstitution de plusieurs petits groupes terroristes issus notamment d’Aqmi, d’Ansar Dine et de katiba Macina, née en 2015 au nord du Mali.

Selon International center for Counter Terrorism (ICCT), basé à La Haye, l’activité terroriste a connu ces dernières années une forte recrudescence. L’ICCT fait état de «plus de 4000 morts signalés en 2019, soit une multiplication par cinq du nombre de décès causés par des attaques terroristes depuis 2016».

Le groupe terroriste Djamaâ nousra al islam wal muslimin (JNIM), proche d’Al Qaîda, est considéré comme le plus dangereux et le plus dominant dans la bande sahélo-sahélienne.

Cependant, la branche de l’Etat islamique, connue sous le sigle EIGS (Etat islamique au Grand Sahara) que dirige depuis 2015 Adnane Abou Walid Al Sahraoui, commence à affirmer sa présence sur le terrain ces deux dernières années.

L’EIGS a été l’auteur de plusieurs attaques terroristes entre 2019 et 2020, comme l’assaut contre une base militaire malienne à Indelimane le 1er novembre 2019 et le raid contre les forces armées nigériennes à Chinagoder le 9 janvier 2020 qui ont provoqué des dizaines de morts.

Ces organisations terroristes transnationales auxquelles sont affiliés plusieurs petits groupes, infestent tout le Sahel, semant la mort sur leur chemin. L’ICCT estime que JNIM et EIGS ont travaillé en parallèle afin d’accroître l’instabilité dans la région et de gagner les populations locales en organisant les trafics en tous genres.

Tout cela dans le but de pouvoir gagner des territoires pour mieux organiser leurs attaques terroristes transnationales en ciblant principalement les intérêts et les alliés des Etats-Unis et de la France.

Ces groupes terroristes évoluent selon les développements politico-sécuritaires dans les pays de la région.

La faiblesse des Etats du Sahel, leur instabilité politique quasi chronique et la nature désertique de ces territoires jouent beaucoup en faveur du renforcement de ces groupes terroristes qui ont déjà transformé en une véritable poudrière cette partie du continent, frontalière avec l’Algérie.


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