Adoption du remaniement ministériel par l’Assemblée en Tunisie

Les calculs politiques passent avant les soupçons de conflits d’intérêts



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Trop de bruit à propos de trois ministres nommés, soupçonnés, durant la semaine écoulée, de conflits d’intérêts. A l’Assemblée, les calculs politiques passent devant et les onze ministres du remaniement obtiennent la majorité requise.

Toute la journée d’avant-hier, 26 janvier jusqu’à minuit, était nécessaire pour discuter et faire passer le large remaniement ministériel, touchant 11 portefeuilles du gouvernement de Hichem Méchichi, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Tous les ministres sont passés avec une majorité favorable, oscillant entre 118 voix, pour le ministre de l’Emploi, Youssef Fennira, et 144 voix, pour le ministre des Affaires foncières, Abdellatif Missaoui. L’ancienne ceinture politique a préservé donc son soutien à Hichem Méchichi, malgré les bruits qui  couraient.

Les réticences exprimées par toute la classe politique, les islamistes d’Ennahdha en tête, se sont dissipées lors du vote de l’ARP. Il est vrai que, concernant Ennahdha, le président de l’ARP, président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a tenu une réunion avec son bloc parlementaire et l’homogénéité est revenue dans le groupe.

Leur président de bloc, Imed Khemiri, avait déjà déclaré, suite à cette réunion, qu’Ennahdha allait soutenir tout le remaniement. Pourtant, vendredi dernier, une bonne partie de ces députés a exprimé des réserves concernant trois ministres, celui de la Santé, Hédi Khairi, de l’Emploi, Youssef Fennira, et de l’Energie et des Mines, Sofiane Ben Tounes.

Les trois sont soupçonnés de conflit d’intérêts. Les blocs parlementaires, El Islah et Tahya Tounes, ont précédé Ennahdha dans ces mêmes réserves. Mais, face aux critiques, subies par le remaniement ministériel, de la part du président Kaïs Saïed, lors de la réunion, la veille, du Haut Conseil de la sécurité nationale, l’harmonie s’est rétablie au sein de la ceinture gouvernementale.

Reste toutefois un problème avec le serment, obligatoire constitutionnellement, des ministres ayant obtenu la confiance de l’ARP, devant le président de la République, Kaïs Saïed.

Ce dernier a dit, lundi, refuser d’inviter à prêter serment des ministres ayant des dossiers de corruption. L’ARP a envoyé dans la matinée d’hier une correspondance à la présidence de la République l’informant des résultats du vote et l’invitant à appliquer les procédures constitutionnelles en la matière. Cette dernière n’a pas encore réagi.

A ce titre, le professeur de droit administratif, Yadh Ben Achour, assure que «le président de la République est dans l’obligation constitutionnelle d’appeler les nouveaux ministres à prêter serment». Néanmoins, le professeur Ben Achour rappelle que «la Constitution n’impose pas à Méchichi de faire passer son remaniement devant l’ARP». La situation semble très complexe, surtout en l’absence d’une Cour constitutionnelle.

Crise

A part cette lutte entre les trois présidences, concernant les prérogatives constitutionnelles de chacune d’elles, la Tunisie fait face à une véritable crise socioéconomique, aggravée par la pandémie de la Covid-19.

En plus, les manifestations de jeunes sillonnent le pays. Pas plus tard qu’avant-hier, plusieurs centaines de jeunes ont manifesté au Bardo, pas loin de l’ARP, très bien quadrillée par les forces de l’ordre. Ils demandent des perspectives d’avenir, loin des promesses creuses, ainsi que la libération des détenus des manifestations des semaines écoulées.

Les manifestants ont été empêchés de parvenir jusqu’à l’ARP. Ils ont été également empêchés d’accéder sur l’avenue Habib Bourguiba, le boulevard de la révolution du 14 janvier.

Lors de son intervention devant l’ARP, pour parler du remaniement, le député Salem Labiadh a exprimé, au nom du bloc démocratique, son soutien aux manifestants, «accusés à tort de pillage», puisque «toutes les manifestations sont infiltrées par des pilleurs, comme celles du 26 janvier 1978 dont nous sommes fiers», rappelle-t-il.

Méchichi est donc face à cette crise socioéconomique et dans l’obligation de trouver une issue aux problèmes de la pauvreté et du chômage, alors que la Tunisie a besoin de 7 milliards de dollars pour boucler son Budget 2021.

Des négociations serrées attendent les Tunisiens devant les bailleurs de Fonds internationaux, notamment l’inévitable FMI. Par ailleurs, et alors que cette dernière institution internationale appelle à réviser le poids de la Fonction publique et des entreprises étatiques, la puissante centrale syndicale, UGTT, est strictement opposée à toucher au pouvoir d’achat des employés.

Le secrétaire général de l’UGTT , Noureddine Taboubi, a déclaré dimanche dernier, dans une interview à l’agence Reuters, que «les syndicalistes sont ouverts à toutes les réformes, pourvu qu’il y ait de l’équité dans les sacrifices, en commençant par l’équité fiscale». Le gouvernement Méchichi est devant une équation très difficile, qu’il est dans l’obligation de résoudre.


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