Pâtes alimentaires

Les raisons de la pénurie et de la hausse des prix



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Malgré le gel à la mi-novembre dernier de l’entrée en application de deux décrets, le marché des pâtes alimentaires a connu une vive tension, provoquant le désarroi chez les industriels qui ne savent plus comment réagir face à cette loi.

Après la crise de la semoule qu’a connue le pays en début de la pandémie du coronavirus, il y a une année, c’est au tour des pâtes alimentaires de devenir de plus en plus rares sur les étals des grandes surfaces et des petits épiciers des quartiers.

Selon les explications de certains producteurs qui ont voulu répondre à nos questions sur les raisons de cette situation de pénurie, il apparaît que plusieurs facteurs ont été derrière la hausse des prix, ainsi que la baisse de l’offre.

Pour Mohamed Benagoudjil, directeur commercial de la semoulerie et minoterie Sosémie, spécialisée dans l’industrie des pâtes alimentaires et de la semoule, ce sont les deux décrets relatifs à la levée de subvention sur le blé tendre et dur destinés à la fabrication d’autres types de farine, de semoule de blé, de pâtes alimentaires et de couscous, promulgués en septembre 2020, qui ont provoqué un dysfonctionnement dans la filière agro-alimentaire des pâtes et semoule.

Malgré le gel à la mi-novembre dernier de l’entrée en application de ces deux décrets, le marché des pâtes alimentaires a connu une vive tension, provoquant le désarroi chez les industriels qui ne savent plus comment réagir face à cette loi, nous a affirmé le directeur commercial de la même marque.

«Actuellement, nous avons carrément arrêté l’utilisation du blé subventionné dans la production des pâtes alimentaires et du couscous et nous avons opté pour le blé que nous importons du Canada.» Cela pour éviter toute incohérence ou un malentendu avec le décret qui, «je le rappelle, n’a pas été gelé par une note mais juste par une annonce verbale de la part du ministre du Commerce», a-t-il ajouté.

Une situation qui a laissé place à la spéculation sur le marché, notamment de la part des «petits producteurs qui n’ont pas hésité à augmenter les prix malgré la poursuite des subventions», a-t-il encore expliqué.

En utilisant dans leur production le blé importé par eux-mêmes et qui n’est pas soumis à la subvention, les opérateurs privés font face à une hausse des prix du blé sur le marché international et à la dépréciation du dinar. Ils se sont ainsi retrouvés dans l’obligation de revoir les prix de vente à la hausse, vue l’importance des charges à supporter. Selon les explications de Mohamed Benagoudjil, ces éléments ont provoqué une hausse de 20 à 30% des prix des produits sur le marché.

L’arrêt des moulins de Amor Benamor a impacté l’offre

Concernant la rareté des produits, notre interlocuteur a évoqué l’arrêt de la production d’un important opérateur sur le marché, à savoir les Moulins de Amor Benamor, qui a impacté directement l’offre sur le marché, provoquant aussi la hausse des prix. Toutefois, il nous a signalé une éventuelle reprise de la production prochaine de ces moulins, ce qui pourrait rétablir un peu le déséquilibre entre l’offre et la demande.

M. Benagoudjil espère que la situation va s’éclaircir avec la mise en place du décret et que l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC)  mettra en place «un cahier des charges dans ce sens afin que nous puissions programmer notre production dans le futur proche». Toutefois, le même responsable n’a pas caché son souhait «de revoir la politique des subventions», qui est «la source de l’anarchie» que connaît le marché.

Presque le même constat a été fait par Mustapha Merabet, directeur commercial du groupe Mazouz, situé dans la région de Sidi Bel Abbès. Selon ses explications, le dysfonctionnement a débuté avec l’apparition de la pandémie de coronavirus et la crise qu’il y avait sur la semoule.

A cette période, la direction du commerce «nous a demandé, à travers une note, de ne produire que de la semoule, donc nous n’avons pas produit de pâtes durant toute cette période». En effet, «ce n’est qu’à la fin du mois de novembre que les autorités ont autorisé à nouveau les minoteries privées à produire des pâtes alimentaires avec le blé subventionné», nous a-t-il indiqué. Mais dès la reprise de la production, le marché était déjà dans un état de pénurie et les prix étaient déjà en hausse.

Par ailleurs, notre interlocuteur a évoqué l’arrêt de production des moulins de Amor Benamor, dont le patron est en prison pour des affaires de corruption. Cette situation a engendré une baisse remarquable de l’offre, ce qui a donné lieu à une hausse des prix, a-t-il expliqué. M. Merabet a signalé aussi la hausse de la demande, avec la rentrée sociale qui a impacté négativement les prix et la pression sur l’offre.

Le représentant des Moulins Mazouz a mentionné, en outre, l’approvisionnement de la part de l’OACI, qui ne couvre que 40% de leur capacité, ce qui limite beaucoup leur rendement en termes de production.

Evoquant les subventions de l’Etat en matière de blé, notre interlocuteur a indiqué que son souhait est de voir une nouvelle politique des subventions et de libérer les prix des produits dérivés du blé, qui sont plafonnées depuis 1995 à 3500 DA le quintal de semoule, et 2000 DA celui de la farine. «Nous avons beaucoup de charges qui ont augmenté depuis ce temps-là, mais les prix sont restés plafonnés, réduisant d’une manière importante les marges des producteurs», a-t-il fait remarquer.

En effet, avec la crise économique que traverse le pays, suite au recul des recettes de l’Etat, il devient plus difficile de soutenir toutes les dépenses sociales, entre autres, les subventions des produits, d’où la promulgation de deux décrets, en septembre 2020, mettant fin à la subvention du blé tendre et dur destinés à la fabrication d’autres types de farines, de pâtes alimentaires et couscous.

Ainsi, le premier décret à fixer les prix aux différents stades de la distribution des farines et des pains et le second a fixé les prix à la production et aux différents stades de la distribution des semoules de blé dur. Mais jusqu’à présent, leur application demeure gelée, jusqu’à nouvel ordre. Les autorités hésitent toujours à prendre une décision pour éviter de provoquer des tensions sur le front social.


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