La RASD, un combat séculaire, une volonté populaire pour une défaite Inéluctable du colonialisme



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Il est une vérité incontestée que le colonialisme et l’accaparement par la force des territoires d’autrui est un crime et une honte qui reste gravée sur le front de l’Humanité. Si bien qu’aujourd’hui le fait qu’un Etat, quel qu’il soit, décide d’aller au delà de ses frontières afin d’agrandir son territoire national est considéré comme un acte odieux que la communauté internationale  ne peut tolérer ni admettre ni laisser s’établir ou s’accomplir. Le cas du Koweit en est un exemple. Ce n’était pas le cas  pour la RASD lorsque son territoire fut l’objet d’une invasion militaire par le royaume voisin.

L’histoire du Sahara occidental, de son Peuple et de sa république, la RASD est, justement, une histoire terriblement marquée par le colonialisme classique, typiquement européen, espagnol dans ce cas, relayé par un autre colonialisme tout aussi similaire mais cette fois-ci provenant d’un pays africain ayant été lui-même soumis au colonialisme.

Le Maroc, voulant étendre illégalement et illégitimement son territoire au delà des frontières qui lui sont internationalement reconnues, décida soudainement, de revendiquer et brutalement annexer le territoire de la RASD. Un acte de folie qui reste étrangement impuni par la communauté internationale, donnant au Maroc, au fil des ans, un sentiment d’impunité et d’être au dessus des lois africaines et onusiennes. Une attitude qui ne pouvait exister sans le soutien et la complicité de pays puissants, influents au sein de l’ONU et du Conseil de sécurité, eux-même anciennes puissances coloniales. Une attitude ayant pour intention de retarder voire d’empêcher la libération de la dernière colonie en Afrique.

Au commencement de l’histoire, l’Espagne alla planter un comptoir commercial, un drapeau national, arracha quelques accords de certains chefs de tribus locaux et fit valider un « droit colonial » auprès des autres partenaires de la Conférence de Berlin, décidés à partager l’Afrique pour la civiliser, parait-il!

Ce « droit colonial» reconnu, les frontières officiellement tracées, l’Espagne s’installa dans sa nouvelle colonie un siècle durant, l’exploita  et la pilla comme elle voulait, et même en la déclarant « province nationale», dans une ultime tentative d’empêcher sa décolonisation et en tout cas, si cela devait advenir il ne devait pas être selon les règles des Nations Unies.

D’appel en appel,  l’Espagne feignant céder à l’ONU, céda finalement le territoire au Maroc sans respecter les règles régissant la décolonisation, ni l’Avis de la Cour Internationale de Justice, encore moins la volonté, clairement affichée, du Peuple  sahraoui. Elle a ainsi, contre toute attente, préparé le terrain au royaume voisin pour envahir, annexer et disposer comme il l’entendait du territoire de la RASD, comme au « bon vieux temps » des colonies.

Le 26 février 1976, le dernier soldat espagnol ayant quitté le territoire et à la première minute du 27 février 1976, le Peuple sahraoui proclame solennellement, à partir de son pays, sa République Arabe Sahraouie Démocratique, libre, indépendante et souveraine, conséquence naturelle d’un combat séculaire et expression d’une volonté populaire de vouloir vivre librement et dignement dans le cadre d’un Etat moderne, indépendant, aux frontières définies, reconnues et incontestées.

Le Peuple sahraoui, en proclamant sa République, ne voulait pas laisser s’installer le vide juridique que la puissance coloniale entendait laisser afin de faciliter la tâche aux nouveaux occupants. Le peuple sahraoui qui a farouchement combattu la présence coloniale tout au long de cette longue et sombre période, n’entendait pas se laisser déposséder de son pays par une nouvelle puissance toute aussi colonialiste que la précédente.

La suite de cette invasion militaire est tragique et pas seulement pour le Sahara occidental. Celui-ci n’étant pas le Koweit, encore moins Danzig, a été laissé à son sort face à ses nouveaux envahisseurs par une Communauté internationale qui feignait regarder ailleurs et, semblant ruser avec ses principes, s’est révélée finalement incapable d’organiser un référendum d’autodétermination, quand bien même l’Histoire lui  en a donné la possibilité 29 ans durant.

Mais la RASD n’a été ni vaincue, ni agenouillée, ni soumise. Elle a menée sa résistance avec une ténacité légendaire et une volonté populaire sans limite, libérant même de nombreuses parties de son territoire durant la première guerre de libération, bien que l’ennemi disposait de moyens considérables et du soutien de pays puissants et influents sur la scène internationale.

La RASD est fière d’avoir été soutenue par de nombreux Etats et instances qui ne voulaient plus voir revenir les temps les plus sombres de l’Histoire de l’Humanité et put compter sur de nombreux soutiens et alliés.

Elle a ainsi été reconnue par plus de 80 Etats y compris par ses voisins immédiats: l’Algérie et la Mauritanie ainsi que par l’organisation continentale, l’OUA et par son successeur l’UA dont elle est membre fondateur. Quand à l’ONU, elle refuse toujours de reconnaître au Maroc la souveraineté sur le Territoire de la RASD qui le considère encore comme Territoire Non Autonome, devant accéder à l’autodétermination conformément à sa Charte et à ses résolutions, notamment la résolution 15/14.

Parallèlement au combat armé de libération national, la RASD s’est mise à édifier des institutions à même de sortir la société sahraouie des archaïsmes inégalitaires des anciennes époques, bannissant le tribalisme, les castes et autres inégalités sociales inhérentes à une société traditionnelle pré-coloniale, vivement encouragées par le système colonial dans le but de « diviser pour régner ».

Politiquement, la RASD est une République démocratique moderne fondée sur la base des trois pouvoirs séparés. Elle s’est dotée dès sa naissance d’une constitution moderne d’un exécutif dirigé par un Président démocratiquement élu chaque 4 ans, d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre désigné par le Président de la République, d’un Conseil National législatif issu des élections populaires et d’un pouvoir judiciaire organisé par le ministère de la justice ayant des tribunaux dans les différentes structures administratives de la RASD.

Administrativement, La RASD s’est rapidement dotée d’un système administratif efficace en organisant son territoire et sa population en Wilayas (Préfectures), Daïras (Municipalités) et Baladyas (Quartiers), gérées par des assemblées élues, soutenues par des instances désignées, représentatives de l’Etat.

Sur le plan de l’éducation, de nombreuses campagnes d’alphabétisation ont été menées parmi les adultes que le système colonial avait sciemment mis dans l’ignorance pour les rendre dociles et soumis.  L’instruction est rendue obligatoire pour tous les enfants.  En bâtissants des écoles gratuites et obligatoires pour tous, la RASD a fait largement reculer l’analphabétisme et permis à la majorité de ces citoyens une instruction de qualité faisant de l’école un lieu de la consolidation d’une nation menacée dans son existence par  la guerre que lui livrent ses envahisseurs.

L’effort consenti dans ce domaine relève du miracle et l’on peut dire aujourd’hui que le peuple sahraoui que l’on voulait voir ignorant, divisé, nomade et sans terre est aujourd’hui largement instruit, maniant dans sa grande majorité aussi bien la langue arabe que l’espagnol.

Sur le plan sanitaire, la RASD a construit un système fondé sur la santé préventive en mettant en place des dispensaires dans les différentes Daïra et un hôpital au niveau de chaque wilaya. La santé est gratuite dans les centres publics. Le Programme de prise en charge de la mère et de l’enfant ainsi que le programme de vaccination ont démontré la capacité de la RASD dans ce secteur, de même que sa gestion honorable durant la  récente crise sanitaire de la COVID19.

Bien que la tâche fondamentale de la RASD est de libérer le reste de ses territoires occupés, elle s’est trouvés ses dernières années confrontée au phénomène du narco-terrorisme. Les drogues marocaines passant par la partie occupée de la RASD, traversent le mur militaire érigé par le Maroc, sous les regards complices de ses militaires pour finir aux mains des groupes terroristes qui sévissent dans la région du Sahel et qui se servent de ces produits narcotiques comme moyen de financement de leurs activités criminelles. De grandes quantités ont souvent été saisies et exhibées par les forces de sécurité sahraouies. En faisant face aux circuits narco-terroristes, la RASD démontre sa capacité et sa volonté à agir en toute responsabilité conformément aux engagements que lui impose son statut d’Etat responsable, soucieux de sa sécurité nationale et de la sécurité régionale et internationale.

Diplomatiquement, la RASD possèdent de nombreuses ambassades dans les pays qui la reconnaissent, complétées par un réseau de Représentations du Front POLISARIO, installées dans de nombreux pays qui n’ont, malheureusement pas encore reconnu la RASD mais qui n’ont pas décidé, non plus, de commettre l’infamie en reconnaissant un fait accompli colonial aussi abject que brutal, ayant de surcroît l’allure d’une véritable « piraterie » internationale.

Aujourd’hui, La RASD est un membre fondateur et respecté de l’Union Africaine et participe activement à sa consolidation. Elle agit pour que l’UA puisse jouer un rôle fondamental dans le règlement du conflit qui l’oppose au Maroc, un autre membre de cette même organisation continentale, et considère que l’Union Africaine a la pleine légitimité d’agir dans ce sens surtout que l’ONU s’est montrée incapable d’organiser ce référendum d’autodétermination, tant promis mais jamais organisé et incapable d’empêcher la reprise des hostilités militaires, surevenues le 13 novembre 2020, après avoir laissé le Maroc violer gravement les accords du cessez-le-feu et longtemps pervertir le processus de paix.

De part ses statuts, son histoire et le passé de ses pays, l’UA ne pourra pas laisser un pays membre continuer de se livrer au jeu sordide d’un colonialisme éculé, au détriment d’un autre pays membre et au détriment de tout un continent.

Quand à l’ONU, elle doit être à la hauteur des ses principes fondateurs, de ses engagements solennellement proclamées pour en finir avec le colonialisme. Elle doit aider sans tarder et en toute honnêteté à parachever la décolonisation du Sahara occidental.

En ce qui la concerne, la RASD ne trahira pas le sermon de ses martyrs et reste déterminée, plus que jamais, à réaliser la promesse faite à son Peuple de le libérer du joug colonial et parachever sa souveraineté sur l’intégralité de son pays, par la voie pacifique ou par la voie de la légitime défense.

Par: El Kenti Balla
Militant sahraoui, ex-disparu de Kalaat M’gouna.


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