Benjamin Stora à « El Watan »

«Les gestes symboliques ne peuvent avoir de portée que s’ils sont appuyés de mobilisations citoyennes»



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La reconnaissance officielle de l’assassinat du nationaliste et avocat Ali Boumendjel par l’armée française en 1957 – Le général Paul Aussaresses, dans ses mémoires en 2001, avait avoué avoir donné l’ordre de tuer Ali Boumendjel puis de maquiller sa mort en suicide – est un geste important, nous affirme l’historien Benjamin Stora.

«Cela relève aussi de l’histoire personnelle pour moi. J’étais un ami de Samy», un des fils du chahid Ali Boumendjel. «C’est une promesse que j’ai faite à la famille, il y a deux ans», nous a -t-il déclaré, très ému. «Il faut prendre la mesure de chaque pas acccompli et en proposer d’autres. Un geste succède à un geste.»

Aussi l’historien observe qu’il revient aux acteurs de la société civile de s’emparer de la brèche ouverte par l’Elysée qui, dans son communiqué, affirme qu’«aucun crime, aucune atrocité commis par quiconque pendant la guerre d’Algérie ne peut être excusé ni occulté».

L’auteur du rapport écrit à la demande du président Macron sur la «réconciliation des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie» – qui a suscité moult réactions et critiques tant en France qu’en Algérie – nous affirme que «les gestes symboliques ne peuvent avoir de portée que s’ils sont appuyés de mobilisations citoyennes, sur chacune des questions, les archives, les essais nucléaires, les disparus».

Sans attendre que «les choses arrivent d’en haut». «Je pense qu’il faut articuler les décisions des Etats avec les mouvements des sociétés. C’est cela surtout ma préoccupation». «Il faut sortir du cadre du politique étroit et peut-être dégager des mobilisations originales sur des grandes questions de mémoire.»

Faisant allusion aux critiques des préconisations contenues dans son rapport, l’historien rappelle que «cela fait deux mois que mon rapport est publié. “J’ai écrit ce que j’avais à dire et ce que je pense”. C’est aux acteurs de la société civile de s’en emparer et s’ils ne sont pas d’accord avec mes préconisations ou les trouvent insuffisantes, qu’ils en avancent d’autres».


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