Baisse des revenus et hausse des prix

La pression monétaire s’accentue sur les ménages



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Une baisse des revenus pour certains, une perte pour d’autres et une stagnation pour une autre catégorie. Parallèlement, les prix ne cessent d’augmenter notamment pour les produits de large consommation entre fruits, légumes, huile de table et légumineuses. Les viandes et poissons sont hors de prix. C’est dire que le couffin de la ménagère devient de plus en plus cher et lourd à prendre en charge pour des salaires loin d’être en adéquation avec la réalité du terrain.

 

La situation devient en effet de plus en plus intenable pour les ménages algériens qui font face à d’énormes difficultés pour subvenir aux besoins de leurs familles. Le salaire vital qui par définition doit permettre à tout travailleur de subvenir à ses besoins fondamentaux ainsi qu’à ceux de sa famille et qui est un droit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies n’est pas atteint par la majorité des salariés algériens.

Le salaire national minimum garanti (SNMG) fixé à 20 000 DA depuis le 1er juin 2020 est toujours à un niveau insuffisant permettant de vivre décemment. La suppression de l’Impôt sur le revenu global (IRG) pour les faibles revenus (inférieurs à 30 000 DA) n’ont pas amélioré la situation financière des salariés particulièrement ceux de la fonction publique. Et pour cause, ces mesures dont l’objectif étant de consolider et de renforcer la sécurité sociale et économique ont vite été suivis par des hausses des prix. La dévaluation du dinar a davantage compliqué la situation, ce que les syndicats ont souligné à maintes reprises.

La Confédération des syndicats autonomes exige plutôt une révision de la politique salariale de manière à atteindre un équilibre dans le pouvoir d’achat et à préserver la dignité des employés et des travailleurs, de même qu’elle appelle à la création de l’Observatoire national du pouvoir d’achat et de l’indice du coût de la vie. Un coût difficile à supporter avec des revenus mensuels qui permettent à peine aux travailleurs de tenir quelques jours juste pour les volets alimentaire, transports et autres factures à payer. Avec les prix qui partent en flèche depuis quelques mois, le quotidien des algériens est des plus ardus.

Coût de vie intenable

«Chaque jour, nous découvrons de nouvelles hausses des prix. Quand, je fais mes courses, je ne demande plus le prix par peur d’être surprise. Ce qui est certain, c’est que mes dépenses augmentent régulièrement alors que ma faible retraite est insuffisante», nous confie une sexagénaire rencontrée au marché Sorécal de Bab Ezzouar à Alger. «Avec ma pension de 30 000 DA et les charges mensuelles de mon logement LSP (logement social participatif) à payer, sans l’aide de mes enfants, je ne pourrais jamais finir jusqu’au prochain virement», nous dit par ailleurs une autre retraitée. «Mon salaire a été réduit de moitié durant la crise sanitaire. Avec quatre enfants à charge, ce n’est pas du tout aisé pour moi de faire face aux besoins de mes enfants. Une bonne partie de mes revenus vont aux dépenses alimentaires», reconnaît un employé d’Air Algérie.

Les conditions ont commencé à se dégrader bien avant la pandémie. Conjuguée au contexte économique du pays, cette crise n’a fait qu’aggraver la situation pour les salariés algériens. Aujourd’hui que les indicateurs liés à la propagation du virus s’améliorent, la hausse des prix a pris le relais compliquant davantage la situation avec des dépenses alimentaires de plus en plus importantes bien au deçà des revenus pour bon nombre d’Algériens. Pour un couffin équilibré rien que pour les fruits et légumes et sans viandes rouges et poissons, il faut au moins entre 3000 et 4000 DA par semaine. Maintenant que les prix des viandes blanches (l’unique source de protéines encore accessibles aux revenus moyens) ont pris de l’aile (à raison de 450-500 DA le kilo de poulet), la facture sera plus chère à régler.

Parallèlement, pour le pain, le lait et les produits d’épicerie, il faut compter 3000 DA supplémentaires. Au total, par mois, les ménages moyens dépensent pour les produits les plus consommées et les plus accessibles pas moins de 30 000 DA, et ce, sans ajouter les frais dédiés aux transports, soins, location, factures (eau, électricité et gaz) et scolarité des enfants.

Dans toute cette liste pas de place pour les imprévus, les loisirs, la lecture et les sorties familiales. Certaines études à l’image de celle de la Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (CGATA), une famille de classe moyenne composée des deux parents et de trois enfants nécessite un salaire minimal de 76.000 DA pour subvenir aux besoins de premières nécessités lui permettant de vivre «dignement», ce qui n’est pas le cas pour bon nombre de ménages.

Les dépenses alimentaires au premier rang

Cela pour dire que les revenus des Algériens sont majoritairement consacrés aux dépenses alimentaires comme l’a déjà montré l’enquête de l’Office national des statistiques (ONS) de 2011 sur la consommation des ménages (les enquêtes sont décennales). En attendant la prochaine étude du genre qui, faut-il le noter, accuse beaucoup de retard et qui permettra d’actualiser la composition du panier de la ménagère, rappelons que les dépenses alimentaires des ménages algériens ont presque triplé en une décennie, passant de 683 milliards de dinars en 2000 à 1875 milliards de dinars en 2011.

Ces dépenses globales en alimentation représentaient durant cette période près de 42% de la totalité des dépenses annuelles de consommation. En milieu urbain, ces dépenses avaient atteint 1281 milliards de dinars en 2011 (contre 449 en 2000), alors qu’elles étaient de 594 milliards de dinars (contre 281 milliards de dinars) en milieu rural. Par tête d’habitant, cette dépense est estimée en moyenne à 51 076 DA, soit 52 634 DA en milieu urbain et 48 013 DA en milieu rural. En fonction du niveau de vie, la dépense alimentaire moyenne était de plus de 80 000 DA/an chez les plus riches et d’un peu plus de 27 000 DA/an chez les plus pauvres.

L’enquête 2021 sur la consommation des ménages en attente

De 2011 à 2021, ces chiffres s’annoncent en hausse avec une flambée des prix pendant cette période et des salaires toujours bas. En 2017 par exemple, le salaire moyen net mensuel d’un citoyen algérien était de 40 325 DA selon les chiffres officiels. De 2017 à aujourd’hui, les salaires n’ont pratiquement pas bougé avec les difficultés financières du pays. Et pour couronner le tout, la pandémie dont les conséquences sont des plus lourdes. L’octroi d’une prime de 10 000 DA pour les ménages vulnérables n’a pu atteindre le nombre de personnes escomptées en l’absence de statistiques fiables. Dans ce contexte, la situation risque de se compliquer. La Banque mondiale a déjà tiré la sonnette d’alarme dans l’un de ses récents rapports.

«L’Algérie pourrait connaître, suite à la crise de la COVID-19, une augmentation des indices de pauvreté au sens multidimensionnel. La pression monétaire sur les ménages à cause de la COVID-19 peut entraver l’accès à une nutrition saine, variée et adéquate, avec des conséquences plus fortement ressenties par les enfants. Elle peut également modifier le comportement des consommateurs, les poussant, par exemple, à réduire la variété des aliments pour faire des épargnes», avertit la BM dans ce cadre.


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