«En boxe, il n'y a pas de sentiments»



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Mohamed Besmi est l'un des meilleurs juges-arbitres du pays. Il totalise 34 ans d'expérience dans son domaine. Il est apprécié et souvent sollicité pour officier au niveau international comme en témoigne son choix pour le tournoi de qualification du continent européen prévu du 2 au 9 juin à Paris. Il vient également d'être sollicité par l'Argentine pour officier au niveau du continent sud-américain. Rencontre de l'autre côté du ring avec celui qui note les prestations des pugilistes.
Comment devient-on juge-arbitre ?
Le mieux, c'est d'avoir pratiqué la boxe, mais ce n'est pas une condition obligatoire. Toutefois, si l'on devait choisir entre un ancien boxeur et un autre pour être juge-arbitre, le choix se porterait sur le pugiliste.
Vous-même, vous avez pratiqué la boxe ?
Oui. J'ai démarré la boxe en 1970 avec mon frère qui était mon entraîneur. Ensuite, j'ai intégré le Widad de Rouiba. En 1981, j'ai effectué mon service militaire et en 1983 quand j'ai quitté l'armée, j'ai repris la compétition jusqu'en 1985, année au cours de laquelle j'ai raccroché pour suivre le stage de juge-arbitre. En 1987, je suis devenu arbitre national, puis en 1994, arbitre au niveau africain, et en 1998, arbitre international. Je possède une expérience de 34 ans dans le domaine à ce jour.
La boxe a évolué avec l’apparition de la scoring-machine…
Il y a la scoring-machine qui consiste à appuyer dès qu'un boxeur touche son adversaire, mais il y a toujours le système de notation qui consiste à ce que le coup est validé à condition que les trois juges attestent dans le même temps.
En boxe, on a souvent évoqué des combats truqués, qu’en pensez-vous ?
Ma fonction ne me permet pas de vous suivre sur ce terrain et d'entrer dans ce domaine.
Est-ce qu’il vous est arrivé d’être sollicité pour favoriser un boxeur ?
Non, jamais. De toute façon, je suis un juge assermenté et en mon âme et conscience, je n'applique que les règlements à la lettre. En boxe, il n'y a pas de place pour les sentiments ou le favoritisme.
L’été dernier, deux boxeurs professionnels ont trouvé la mort sur un ring. Est-ce à dire que le noble art est une discipline dangereuse ?
La boxe anglaise existe depuis très longtemps. Elle figurait même lors des premiers Jeux olympiques organisés par les Grecs au temps de l'Antiquité. Ensuite, elle a été codifiée avec des règlements stricts et une certaine prévention. Ce n'est pas un hasard si on compte un boxeur à terre et cela pour lui permettre de récupérer. Et savez-vous que lorsque un pugiliste subit un K.O., il est obligé d'observer un repos total d'au moins un mois pour récupérer également. Non, la boxe n'est pas dangereuse
Suite à ces tragiques accidents, des protections ont été introduites, qu’en dites-vous ?
Dans les catégories de jeunes, il y a obligation de porter un casque, mais chez les seniors, on a supprimé les protections parce que les K.O. sont rares. Chez les cadets et les juniors, on a constaté que le casque diminue les blessures à l'arcade, mais le problème c'est le corps à corps qui engendre des coups de tête qui entraînent des blessures. Il ne faut pas oublier que l'arbitrage est devenu très sévère dans le but de protéger les boxeurs.
Quel est pour vous le meilleur boxeur de tous les temps ?
Que ce soit au niveau médiatique ou sur l'évolution du noble art, c'est Mohammed Ali.
Et au niveau national ?
Il y en a pas mal. On peut citer Loucif Hamani et Ould-Makhloufi et plus près de nous Benguesmia.
Propos recueillis par Hassan Boukacem


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