Les marches ont eu lieu malgré le mauvais temps

Des appels pour la libération des détenus à l’Est



...

La principale revendication, qui revenait tel un leitmotiv, hier, à Constantine lors de la marche du vendredi, a été un appel pressant pour la libération des détenus d’opinion en ce premier vendredi du mois de Ramadhan.

Bravant le froid et la pluie pour exprimer leur détermination, les manifestants, qui étaient moins nombreux que les vendredis précédents, ont sillonné les artères principales de la ville pour clamer leur mise en liberté afin de passer le mois de carême avec leurs proches.

Brandissant leurs portraits, ils ont scandé : «Les généraux ya el khawana outelqo wladna ysomo maana !», ce qui signifie «O les généraux traîtres ! Libérez nos enfants pour jeûner avec nous.» Même l’ancien ministre de la Défense, le général-major à la retraite Khaled Nezzar, a eu sa part des slogans hostiles. «Ce pouvoir procède avec un esprit provocateur, qui incite dans certains cas aux émeutes.

Ces provocations se perçoivent dans les pénuries des aliments, dans les prix et surtout dans le retour des criminels ou des prévenus au pouvoir. Comment arrêter nos jeunes, au moment où on fait venir le général Khaled Nezzar dans un avion privé et qu’on l’accueille à bras ouverts, sachant qu’il était visé par un mandat d’arrêt ? Comment placer Salah Goudjil à la tête du bureau du Conseil de la Nation ? Cet homme doit partir à la retraite.

Tout simplement, nous continuerons à marcher pacifiquement et sans tomber dans le jeu du pouvoir, vu qu’une grande partie des revendications du hirak n’a pas été concrétisée», a déclaré un manifestant. Malheureusement et en dépit de la recrudescence des contaminations à la Covid dans la wilaya de Constantine, la majorité des marcheurs n’ont pas porté de masques et n’ont respecté aucune norme de distanciation.

Rejet des législatives

A Skikda, le froid glacial, la pluie et les rafales de vent n’ont pas dissuadé les hirakistes de sortir de nouveau, pérennisant ainsi le mouvement populaire enclenché depuis plus de deux années déjà. C’est sous leurs parapluies qu’ils ont sillonné l’itinéraire habituel en scandant des slogans anti-pouvoir. Ce pouvoir qu’ils considèrent comme «illégitime» en demandant de prioriser l’Etat démocratique. Le président Tebboune, les généraux, tout comme la France n’ont pas été ménagés. «Jeunes, manifestez-vous, la France est de retour !», déclamaient à tue-tête les manifestants.

A Annaba, la même ardeur a marqué ce 113e vendredi qui coïncide avec la première semaine du mois de Ramadhan. Les manifestants ont maintenu leur présence sur le Cours de la Révolution, tout autant que leurs slogans : «Dégagez tous, c’est dégagez tous !». Ils sont venus nombreux, des quatre coins de la wilaya, pour insister fermement sur le départ de tout ce système qui a fait subir aux Algériens les souffrances qu’on connaît. Les femmes comme les enfants y étaient aussi. «Y a-t-il des souffrances plus que celles que subissent les Algériens dans la supposée nouvelle Algérie de Tebboune ? La cherté de la vie, l’absence de liquidités, les grèves de la poste et celles des agents de la voirie de la commune d’Annaba à elles seules nous empoisonnent la vie. Qu’ils dégagent alors et nous laissent vivre notre sort», fulmine un vieil homme, retraité de l’APC d’Annaba rencontré sur les lieux. D’autres ont rejeté catégoriquement les prochaines législatives en vouant aux gémonies les candidats et leurs partis.

Par ailleurs, aucun incident n’est survenu tout au long de la manifestation. Bien qu’ils soient très nombreux, les services de sécurité, en civil ou en uniforme, sont restés discrets. Avec la même obstination à Jijel, la foule interpellera les tenants du pouvoir qu’elle accuse de vouloir continuer de piller le pays comme avant.

Les manifestants crieront : «Nous marchons pour la liberté, pour abattre le pouvoir militaire et faire triompher l’Etat civil». Ciblant particulièrement Abdelmadjid Tebboune, les généraux et les services de renseignement et même la police, ils ont réitéré la demande de libération des détenus pour leur permettre de jeûner parmi leurs familles. Sur le peu d’écriteaux brandis, on pouvait notamment lire «Pour une alternative démocratique, républicaine, moderne et sociale», ou encore : «Patience et résistance : briser l’injustice».


Lire la suite sur El Watan.