Visite d’une délégation de diplomates à Biskra

Les exportateurs exposent leurs sempiternels déboires



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Inscrite dans le cadre d’une session de formation théorique et pratique planifiée par le ministère des Affaires étrangères en faveur des diplomates activant dans les ambassades et les consulats algériens, lesquels sont appelés à être des courroies de transmission et des facilitateurs pour les exportateurs nationaux à la recherche de pérennisation de leurs marchés et de dynamisation des échanges commerciaux avec les pays clients de l’Algérie en matière de produits agroalimentaires, une délégation de 32 diplomates conseillers économiques s’est rendue récemment à Biskra, afin de rencontrer les autorités locales chargées de leur présenter un descriptif détaillé des capacités agricoles de la région, prendre le pouls des producteurs et des exportateurs de dattes, de fruits et de légumes et s’entretenir avec ceux-ci pour identifier toutes les difficultés, les déboires et les obstacles empêchant le pays de se placer durablement parmi les gros exportateurs mondiaux en produits autres que ceux provenant du secteur des hydrocarbures.

Pour mettre en valeur les produits éligibles à l’exportation, la wilaya de Biskra a ainsi organisé, spécialement pour ses hôtes de marque, une exposition variée et chatoyante qui s’est tenue à l’Ecole des sports olympiques d’El Alia avec des espaces pour les exportateurs de dattes et des produits dérivés, de fruits et de légumes, d’une gamme de produits artisanaux, alors que des stands ont été réservés pour les producteurs d’huile d’olive, des eaux minérales, de pâtes et de semoules, de ciment, de sel sous toutes ses formes, d’équipements en plastique ou en acier et de produits parapharmaceutiques à base d’éthanol extrait des dattes non comestibles.

Cette manifestation factuelle a séduit les visiteurs, par le foisonnement et la qualité des produits exposés et le professionnalisme des animateurs, lesquels ont fait montre d’une volonté et d’un amour admirable de leurs différentes activités et de leur travail respectif, a-t-on relevé. «La wilaya de Biskra participe à hauteur de 30% à la production nationale de dattes dont l’excellence est mondiale et elle enregistre 32% de la production maraîchère nationale. Elle alimente de nombreuses autres wilayas en produits agroalimentaires et elle est capable de devenir un important pôle d’exportation vers tous les pays du monde. Les portes des administrations de la wilaya sont ouvertes à tous les producteurs, conditionneurs et exportateurs. Nous sommes heureux d’accueillir ces diplomates à Biskra», a souligné Abdallah Abinouar, wali de Biskra.

UN ÉVENTAIL CLASSIQUE DE DIFFICULTÉS

Invités à une rencontre avec ces diplomates, les exportateurs, industriels et opérateurs économiques de Biskra n’ont pas manqué l’occasion de rappeler les difficultés et les lacunes auxquelles ils sont confrontés depuis des années. «Nous avons des difficultés pour exporter nos produits vers l’Europe, car les conditions phytosanitaires y sont draconiennes, mais en contrepartie, le marché subsaharien nous est ouvert, car les produits algériens y sont très prisés. Seulement, les voies terrestres sont défectueuses et il est très difficile pour les camions de marchandises de passer les frontières faute de zone de libre-échange», a expliqué Messaoud Guemari, président de la chambre de l’agriculture de Biskra. «Nous avons d’excellents produits répondant aux normes internationales, mais le manque de logistique, notamment les camions frigorifiques et les avions ou les cargos faisant des rotations au moins hebdomadaires, nous empêche d’honorer nos contrats et hypothèque nos relations commerciales. Là où un ferry tunisien livre la marchandise en 4 jours, nous, il nous faut 30, voire 40 jours pour que notre marchandise soit livrée aux clients.

Ce sont des délais inacceptables pour des produits agroalimentaires dont certains sont précoces, sensibles et périssables. L’acte d’export est un métier à part entière et il faut professionnaliser la filière. Que chacun fasse son métier et tout ira bien», a ajouté Mohamed Tahraoui, patron du Groupe éponyme qui produit et exporte vers l’Europe une gamme de produits agricoles à la qualité reconnue. «Nous devons reconsidérer et renégocier certaines conventions et accords passés avec des clients européens qui exercent une pression sur les exportateurs algériens en imposant des exigences phytosanitaires variant d’un pays à un autre et modulables à leur gré et qui astreignent les exportateurs ou bien à rapatrier leurs marchandises ou bien à les brader à des prix dérisoires. Nous veillons toujours à respecter les conditions de production, de traitement et d’emballage de nos produits afin de répondre aux exigences sanitaires et commerciales, mais beaucoup d’exportateurs se plaignent d’être grugés par des intervenants étrangers et ainsi d’enregistrer de lourdes pertes de revenus», a lancé Adlene Maatallah, contrôleur des produits destinés à l’exportation à la direction de l’agriculture de Biskra. «Le véritable problème enduré par les exportateurs de dattes émane de la réglementation bancaire régissant les opérations de change. Il faut savoir que les dattes constituent un produit intégré à 100%, c’est-à-dire qu’un producteur de dattes n’a pas besoin d’intrants, d’emballage, d’équipements ou de semences importés à coup de devises étrangères.

Lors de leurs opérations bancaires, on les traite cependant comme ceux qui consomment des millions en devises pour produire. C’est une injustice sur laquelle les autorités nationales doivent se pencher afin d’y remédier», a précisé Mosbah Achour Ziane, négociant international en dattes et président de l’Association pour la valorisation et la protection de la Deglet nour de Tolga.

LES ASSURANCES DU BIPIE

D’autres intervenants ont évoqué l’absence de projections et d’études de marché, d’audits et de sondages sur les habitudes alimentaires et les modes de consommation de certains pays, de grilles des exigences phytosanitaires et d’une nomenclature des concurrents sur tel ou tel marché et aussi de containers mixtes adaptés au transport routier et maritime pour booster les exportations algériennes.

Au cours de ce débat à cœur ouvert, les diplomates ont pris des notes et se sont montrés fort intéressés par les interventions et les digressions «en majorité pertinentes», ont-ils noté. «En application des orientations du président de la République, le ministère des Affaires étrangères a initié un programme de formation visant à renforcer la diplomatie économique pour les conseillers économiques qui seront en poste dans les ambassades et les représentations consulaires et qui seront chargés essentiellement du volet commercial, d’ouvrir des marchés pour les exportateurs algériens et de les aider à transcender toutes les difficultés et de contracter des conventions et des contrats gagnant-gagnant. Je vous annonce l’activation d’une plateforme électronique dédiée aux exportateurs où ils peuvent trouver toutes les informations nécessaires à leurs activités, se renseigner sur tous les aspects légaux et les facilitations accordées par l’État en leur faveur.

L’objectif commun est de décupler les exportations de produits algériens hors hydrocarbures par l’adoption d’une nouvelle démarche incluant les diplomates en poste à l’étranger. Je suis heureux de constater que Biskra est une wilaya pilote en matière de production agroalimentaire exportable», a confié Rabah Fessah, chef de cette délégation de diplomates en visite à Biskra et directeur du Bureau d’information et de promotion des investissements et des exportations (BIPIE).

Cet organisme relevant du ministère des Affaires étrangères a pour principales missions d’offrir aux exportateurs et investisseurs toute la documentation relative à leurs activités et de les mettre en contact avec les chargés des affaires commerciales de l’ensemble des représentations diplomatiques et consulaires, d’accompagner les exportateurs jusqu’à la phase finale de leurs opérations, d’organiser des sessions de formation, des séminaires, des journées d’étude et des missions économiques et d’orienter les requérants vers les ambassades, les organismes et les instances accrédités à Alger.

C’est un espace dédié aux opérateurs économiques algériens, y compris ceux issus de la communauté émigrée qui sont engagés dans des opérations d’exportation ou de collaboration avec des partenaires étrangers. «Le BIPIE est attentif à toutes les revendications professionnelles et chacune d’elle trouvera un dénouement heureux pour le bien de l’Économie nationale», a rassuré son premier responsable agissant pour que le label «Made in Algeria» s’éparpille et s’ancre dans tous les pays du monde.

Pour cela, des efforts importants restent à fournir par toute la chaîne d’intervenants impliqués dans l’exportation «qui est un défi d’avenir pour le pays et où les diplomates auront un rôle crucial à jouer», a-t-on noté.


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