Le pays enregistre plus de 372 000 morts dus à la covid

Le Brésil confronté à une «catastrophe humanitaire»



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Le nombre de victimes de la Covid-19 a franchi, dans la matinée d’hier, la barre des 3 millions de morts dans le monde depuis le début de la pandémie. Sur ce chiffre terrifiant, le Brésil, qui a dépassé les 372 000 morts, est le deuxième pays le plus endeuillé par l’épidémie de coronavirus derrière les Etats-Unis (les USA étant à plus de 566 000 décès du Sars-CoV-2).

Il faut dire que depuis l’apparition du virus dévastateur, le Brésil, ce pays-continent de 211 millions d’habitants, est confronté à une grave crise sanitaire. Et ces derniers mois, la situation n’a fait qu’empirer.

De vendredi à samedi, le géant sud-américain a enregistré 67 636 nouveaux cas, selon un bilan du ministère brésilien de la Santé, cité par l’APS, portant le total des contaminations à plus de 13,9 millions de cas depuis le déclenchement de l’épidémie.

«Sao Paulo, l’Etat le plus peuplé du pays, a aussi été le plus durement touché par le virus avec 2 739 823 cas et 88 097 décès, suivi par celui de Rio de Janeiro, qui a recensé respectivement 699 422 cas et 41 162 décès», ajoute l’APS, avant de préciser : «Le Brésil enregistre actuellement une incidence de 6614 cas pour 100 000 habitants.» A noter par ailleurs que jusqu’à vendredi dernier, 34,9 millions de Brésiliens ont été vaccinés.

La situation épidémiologique au pays d’Oscar Niemeyer et de Pelé s’est trouvée aggravée par la prolifération des variants du virus. Le Brésil compte, en effet, pas moins de 92 variants du coronavirus, d’après une récente étude de l’Institut Fiocruz, équivalent de l’Institut Pasteur. «La situation est complètement hors de contrôle», s’alarme Fernanda Grassi, médecin infectiologue de Salvador de Bahia, dans un entretien à France 24.

Et de pointer les dégâts du variant P1, dit «variant brésilien», qui est «largement majoritaire ici, plus contagieux et mène à des cas plus graves que le variant dit classique. Donc, il y a plus de patients ayant besoin d’une hospitalisation», dissèque l’infectiologue, également chercheuse à l’Institut Fiocruz. Le Brésil est devenu, selon le mot de Fernanda Grassi citée par France 24, «une véritable usine à variants».

Même constat de Jesem Orellana, lui aussi chercheur à l’Institut Fiocruz, qui déclare à l’AFP : «Le Brésil est devenu un laboratoire à variants à ciel ouvert.» (dépêche du 14 avril).

Cette situation désastreuse a été largement imputée à la gestion catastrophique de la crise sanitaire par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui a longtemps été dans le déni vis-à-vis de la pandémie. Dans un communiqué rendu public le 15 avril dernier, l’ONG Médecins sans frontières n’a pas hésité à charger le pouvoir en place, incarné par le président brésilien.

Sous le titre : «Au Brésil, l’absence de réponse adaptée des autorités a conduit le pays à une catastrophe humanitaire», MSF note : «Plus de 12 mois après le début de l’épidémie de Covid-19 au Brésil, il n’y a toujours pas de réponse de santé publique efficace, centralisée et coordonnée dans le pays. L’absence de volonté politique pour agir de manière adaptée face à cette pandémie est responsable de la mort de milliers de Brésiliens.»

L’ONG dresse un constat inquiétant du contexte sanitaire en relevant : «La semaine du 5 avril, 11% des nouvelles infections à la Covid-19 dans le monde étaient enregistrés au Brésil, ainsi que plus d’un quart des décès. Le 8 avril, 4249 décès ont été recensés, un record pour une seule journée, ainsi que 86 652 nouvelles infections à la Covid-19, avec des services de soins intensifs saturés dans 21 des 27 unités territoriales du Brésil.

Ces chiffres illustrent l’incapacité des autorités à gérer la crise sanitaire et humanitaire dans le pays et à protéger les Brésiliens, en particulier les plus vulnérables, contre le virus.»

Et de faire remarquer, par la bouche du Dr Christos Christou, président international de MSF, cité dans le communiqué : «Au Brésil, les problématiques de santé publique sont instrumentalisées par le pouvoir politique.

En conséquence, les mesures sanitaires à adopter, qui devraient être basées sur des faits scientifiques, sont davantage associées à des opinions politiques au lieu de servir de cadre pour protéger les individus et leurs communautés.» MSF regrette, par ailleurs, le retard pris dans la campagne de vaccination contre le coronavirus : «Le retard dans la vaccination aggrave encore la situation.

Alors que les autorités avaient réussi à vacciner 92 millions de personnes contre le virus H1N1 (grippe porcine) en seulement trois mois en 2009, la campagne de vaccination Covid-19 fonctionne au ralenti.» «A ce jour, environ 11% des personnes ont reçu au moins une dose du vaccin, ce qui signifie que des millions de vies sont menacées par plus de 90 variants du virus qui circulent actuellement dans le pays», prévient l’ONG.

CHIFFRES-CLÉS

-Le Brésil, ce pays-continent de 211 millions d’habitants, est confronté à une grave crise sanitaire

-Le Brésil, qui a dépassé les 372 000 morts, est le deuxième pays le plus endeuillé par l’épidémie de coronavirus derrière les Etats-Unis (les USA étant à plus de 566 000 décès du Sars-CoV-2)

-De vendredi à samedi, le géant sud-américain a enregistré 67 636 nouveaux cas, selon un bilan du ministère brésilien de la Santé

– Sao Paulo, l’Etat le plus peuplé du pays, a aussi été le plus durement touché par le virus avec 2 739 823 cas et 88 097 décès


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