Front social

Les foyers de contestation se multiplient



...

Le monde du travail est en ébullition. La protestation sociale semble reprendre dans de nombreux secteurs. Plusieurs actions de protestation, dont le recours à la grève dans certains cas, ont été organisées ces derniers temps. D’autres sont annoncées pour les jours à venir.

Le Syndicat national des sages-femmes algériennes (SNSFA), relevant de la Fédération nationale des travailleurs de la santé (FNTS), a annoncé une grève nationale pour les 26 et 27 avril. L’organisation syndicale réclame l’amélioration des conditions socioprofessionnelles. Le syndicat autonome des fonctionnaires des impôts, lui, a décidé de surseoir provisoirement au débrayage qu’il devait organiser du 20 au 22 avril. Une première action a eu lieu au mois de mars dernier.

Parmi les revendications exprimées figure la hausse des salaires. Certaines corporations, comme c’est le cas pour les personnels des Directions de la concurrence et des prix (DCP) ou de l’Office national des statistiques (ONS), sont en grève depuis un moment déjà.

Les agents de la Protection civile ont, pour leur part, organisé, avant-hier, une action de protestation. Le secteur de l’éducation aussi a connu, les 12 et 13 avril, une grève qui risque de se reproduire. Sans oublier, bien entendu, ce qui s’est passé, ces tout derniers jours, au niveau des bureaux de poste avec la grève surprise qui a «perturbé» les clients de cet établissement.

Tout ceci pour dire que le nombre des actions de protestation dans le monde du travail ne cesse d’augmenter. Les revendications socioprofessionnelles se font de plus en plus pressentes.

Et les choses risquent de se compliquer davantage à l’avenir. Si, à un moment il y avait une certaine accalmie – les syndicats de l’éducation avaient même signé en 2015 une «charte d’éthique et de stabilité» (une trêve syndicale) – la dégradation du pouvoir d’achat des Algériens ces dernières années semble pousser nombre de syndicats à réoccuper le terrain de la protestation. L’envolée des prix des produits alimentaires, ces derniers mois, conjuguée à la stagnation des salaires, en est la parfaite illustration.

«Un hirak social» ?

La Confédération des syndicats algériens (CSA), regroupant la majorité des syndicats autonomes de la Fonction publique, évoque une «dégradation sans précédent du pouvoir d’achat des travailleurs». Selon cette confédération, pour qu’un Algérien puisse vivre décemment, il lui faudrait un salaire de 80 000 DA au minimum.

Les longues files d’attente signalées ces derniers jours, que ce soit pour le lait, l’huile de table, la pomme de terre déstockée…renvoient à la détérioration de ce pouvoir d’achat, parce que beaucoup préféreraient éviter de se tasser devant un point de vente du lait en sachet s’ils pouvaient se permettre autre chose.

C’est cette dégradation graduelle du pouvoir d’achat qui fait que la contestation sociale reprenne peu à peu. Plusieurs hommes politiques et des militants ont tenu à relever qu’il est possible qu’à la contestation politique (hirak) viennent se greffer les revendications d’ordre socioprofessionnel. Dans tous les cas de figure, certains syndicats ont d’ores et déjà lancé des alertes par rapport à cette question.

D’où, bien entendu, la reprise des actions de protestation. Après la grève de deux jours dans le secteur de l’éduction des 12 et 13 avril, le Cnapeste, qui l’avait lancée, menace de «durcir le ton» à l’avenir.

L’Exécutif éprouve des difficultés, ou n’arrive carrément pas, à trouver des solutions aux différents problèmes posés qui impactent le pouvoir d’achat des Algériens. Ce qui indéniablement va alimenter la colère chez les uns et les autres. Et à ce rythme là, il est clair que la contestation sociale ne fera que s’élargir.


Lire la suite sur El Watan.