Son président et huit membres accusés de subversion

L’association SOS Bab El Oued dans le collimateur ?

L’association culturelle SOS Bab El Oued, bien connue de ce quartier populaire, semble faire l’objet d’une enquête judiciaire à cause de l’activisme de ses membres dans les manifestations du hirak.

Son président Nacer Meghnine a été placé hier en détention provisoire, suite à son interpellation lors de la marche du vendredi 16 avril. Huit membres présumés de l’association ont été également interpellés dans la même journée. Sans jamais citer le nom de l’association, un communiqué de la DGSN, rendu public hier, présente les personnes arrêtées comme appartenant à un «groupe criminel» faisant des «activités subversives financées par une représentation diplomatique à Alger».

Le communiqué de la DGSN annonce ainsi l’arrestation avec les mots suivants, veillant toujours à taire le nom de l’association : «La police judiciaire de la sécurité de la circonscription de Bab El Oued a réussi à arrêter un groupe criminel composé de 8 suspects, âgés de 26 à 60 ans, opérant sous le couvert d’une association culturelle non agréée au niveau de Bab El Oued à Alger.»

Et de poursuivre : «Grâce au financement d’une représentation diplomatique d’un grand pays étranger en Algérie, cette association culturelle a pu acquérir des équipements et appareils technologiques modernes, qu’elle a utilisés pour réaliser des films et des documentaires provocateurs, ainsi que pour confectionner des dépliants et des pancartes à des fins subversives.»

Le communiqué tient à préciser que «les responsables de cette association ont reconnu cet appui étranger sous couvert d’une prétendue activité culturelle». Il est notamment reproché à l’association l’impression de pancartes brandies lors des marches hebdomadaires du vendredi. La perquisition des locaux de l’association a ainsi permis, selon la DGSN, de saisir 677 banderoles imprimées, sept unités centrales d’ordinateur, une caméra numérique sophistiquée, 3 scanners et 12 imprimantes.

Il est à souligner que l’association SOS Bab El Oued, créée dans les années 1990, mène un travail reconnu auprès des jeunes du quartier afin de les aider à développer leurs capacités et leur ouvrir de nouvelles perspectives. De nombreux jeunes du quartier y suivent des cours gratuits de guitare, de langues, de soutien scolaire et participent à diverses activités culturelles et artistiques qui, en l’absence de loisirs, peuvent s’avérer un antidote au mal-être.