A la découverte de la boucle nord

Les Algériens du Nurburgring et la passion du sport automobile



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Oublions un peu le cahier des charges pour l’importation de véhicule. Oublions aussi le marché de l’automobile algérien qui n’a rien d’un marché et qui tient plus d’un cirque que de tout autre chose.

Parlons mécanique et sport automobile. Parlons circuit mythique. Parlons du Nurburgring et surtout des Algériens qui partent à l’aventure vers l’enfer vert. Pour les purs et durs, la boucle Nord, ou Nurburgring est le lieu où il faut aller une fois dans sa vie, il est pour les pilotes, qu’ils soient pros ou amateurs, ce qu’est la Mecque pour les musulmans. A longueur d’année, le circuit est ouvert au public qui vient de tous les horizons. Sur le parking, vous trouverez des plaques d’immatriculation en provenance de toute l’Europe, d’Angleterre et parfois même, des plaques algériennes. C’est la magie du Touristenfahrten !

On est parti à la rencontre d’un Algérien qui a presque 300 tours à son actif, c’est plus que beaucoup d’autres ! Plus que certains pilotes professionnels. Pour tourner comme un fou furieux sur la boucle nord et ces 20,850 km, ce jeune homme a choisi comme arme la BMW M3 E92. Une véritable machine de guerre qu’il n’a pas hésité à transformer en un missile sol-sol exaltant qui donne des papillons dans le ventre et vous fera hérisser les cheveux. Le jeune Farouk nous raconte son expérience depuis sa première fois, il y a maintenant trois ans. «Au tout début, j’avais peur, le circuit est très impressionnant. On a beau joué sur simulateur pour apprendre virage par virage, la peur est là.

L’adrénaline vous envahit dès qu’on franchit la barrière qui vous fera directement pénétrer sur la longue ligne droite du Dunlop. A mes premiers tours, mon véhicule était stock, suspension d’origine, moteur d’origine, j’avais juste modifié le freinage et les pneumatiques pour avoir un bon grip et une bonne force de freinage car on prend beaucoup de vitesse et les visages arrivent très vite», dit le jeune homme avec un large sourire. «Par la suite, et après de nombreux tours, j’ai commencé à prendre des repères pour les trajectoires. J’ai commencé aussi à mémoriser des points précis du style ou freiner ou accélérer pour savoir où placer ma voiture, histoire de ne pas perdre beaucoup de vitesse et prendre les virages aussi vite que possible.

En plus de ça, avec des amis on partait à plusieurs autos depuis Alger, on faisait la route d’une traite depuis Marseille jusqu’à la ville de Eiffel où se trouve l’enfer vert. On passait un mois entier et on se bagarrait dans les virages repoussant nos limites et celles des voitures qu’on conduit et qu’on prépare sur place chez des préparateurs qui bordent le circuit. A chaque modification, on sort sur le circuit pour tester les suspensions, les pneumatiques, la géométrie du châssis et, bien sûr, la puissance qu’on augment», annonce notre ami.

Team Schirmer

Beaucoup de machines qui tournent sur la boucle nord sont préparées. Certaines reçoivent des modifications de base, à savoir suspension, freinage et augmentation de puissance. D’autres poussent le bouchon encore plus loin et transforment leurs autos, spécialement pour le circuit, modifiant des paramètres dignes des grandes écuries comme le tarage de suspension, le final drive qui est la dernière vitesse enclenchée pour avoir une vitesse de pointe plus élevée ou encore modifiant le moteur de haut en bas pour améliorer ces performances sans oublier l’allégement et ce qui va avec. Pour la M3 de Farouk, les choses se sont passées de cette manière. Il est passé directement chez un préparateur allemand du nom de Team Schirmer.

Ce dernier a revu presque totalement la M3 du jeune homme en modifiant la triangulation et la géométrie avec un jeu d’amortisseurs, de bras de forces, de biellettes, de rotules, de barres stabilisatrices et anti-roulis. La puissance a également été augmentée, et Farouk a agrémenté le tout avec un échappement de chez Super Sprint, faisant chanter le V8 atmosphérique comme une chanteuse d’opéra. Un véritable concert pour les oreilles, surtout au-delà de 5600 tours pas minute !

Ambiance du Ring

Le monde du sport automobile a toujours été un monde bon enfant. Les pilotes professionnels ont toujours été accessibles aux fans et c’est ce qui fait la magie de ce sport. Sur le Nurburgring, «vous verrez la même chose et ce, sur le parking. Les pilotes amateurs venus des quatre coins du globe se découvrent, se demandent d’où ils viennent, que conduisent-ils et surtout qu’ont-ils fait sur leurs autos et s’ils veulent bien se faire une petite course», raconte le jeune pilote amateur et de reprendre, «vous ne verrez jamais une aussi bonne ambiance, les adeptes du Ring se reconnaissent et se retrouvent puis s’affrontent, certains viennent tenter de battre des records personnels. Les bolides défilent, les marques sont si nombreuses qu’on se perd rapidement. Ce qui fait la magie de ce circuit, c’est que vous trouverez des voitures familiales, des sportives, des motos et même des bus qui viennent rouler sur le circuit», termine notre jeune ami qui nous a promis de revenir avec sa belle pour en parler

On y va ?

Pour un passionné des sports mécaniques voulant savoir où en est son auto et pouvant assumer quelques frais, alors la réponse est oui ! Il faut y aller une fois dans vie. Par contre, notre ami affirme que partir une fois vous obligera à revenir encore et encore. Si le prix du billet de bateau est parfois élevé, parfois non, l’hébergement sur place est relativement peu coûteux. De nombreuses auberges et bad and breackfest sont disponibles à des prix très bas, le cadre est aussi magnifique. Si vous ne conduisez pas, la région propose beaucoup avec le château d’Eiffel à visiter, la vieille ville et le magnifique massif forestier qui noie le circuit, d’où le surnom d’enfer vert.

D’autres grandes villes allemandes ne sont pas très loin et l’Autobhan aussi, histoire de tester sa vitesse de pointe. Alors, une fois les frontières rouvertes le visa entre vos mains, votre bolide prêt et un peu d’argent mis de côté, partiriez-vous à l’aventure comme Farouk ?


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