Rassemblements et marches à Kherrata

Le hirak en quête de structuration



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Kherrata, à 60 km de Béjaïa. Il est 9h. Des citoyens se rassemblent au milieu de la rue principale de la ville en un petit groupe. Munis d’un haut-parleur et d’un micro, ils se lancent dans l’animation en entonnant les chants habituels du hirak en attendant l’arrivée «des invités».

Ces derniers se sont déplacés par centaines depuis plusieurs régions du pays pour crier leur ras-le-bol contre un système qui cherche à se recomposer et s’imposer par des élections législatives anticipées, rejetées par la population. L’image renvoyée par cette marche de Kherrata n’est pas différente de celle des vendredis de par sa densité humaine et les mots d’ordre.

Cependant, des idées ayant émergé avec insistance cherchent le soutien des manifestants, à l’image de cette proposition accrochée à la stèle commémorative de l’enclenchement du mouvement citoyen à Kherrata, un certain 16 février 2019, contre un 5e mandat de Bouteflika. Elle résume la nature de l’escalade dans les actions qui doivent être prônées à l’avenir, pour répondre à la répression et au marasme socioéconomique.

«L’escalade = ramper vers la capitale», «La grève générale, le pouvoir au peuple» revenaient comme une rengaine lors d’un rassemblement organisé dans la soirée du 7 mai au centre-ville. Le besoin pressant du mouvement à changer de forme de lutte a finalement été entendu par le collectif des militants de la même ville, qui ont profité de la célébration du 76e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 à Kherrata pour organiser une «prise de parole», à la veille de la marche du 8 mai, où des militants et des citoyens lambda ont exprimé leurs avis sur des thèmes précis, notamment sur les perspectives de l’escalade des actions, sur le moyen de pression efficace qui amènera le pouvoir à libérer les détenus et suspendre les législatives de juin 2021 sans recours à la violence, afin de déjouer la manœuvre du ministre de la Justice qui a menacé les «perturbateurs» d’un emprisonnement de 20 ans tout individu détruisant une urne.

Les hirakistes de Kherrata ont saisi cette opportunité pour commenter la proposition du RAJ quant à la tenue d’une conférence nationale du hirak visant à capitaliser les 2 ans de vie du mouvement citoyen à la faveur de cette date historique.

Une option à laquelle ont appelé plusieurs chefs de partis politiques, des organisations associatives et non-gouvernementales ainsi que des personnalités nationales, ambitionnant d’organiser le hirak, rapprocher les visions des acteurs du mouvement et élaborer une feuille de route consensuelle.

Les acteurs du hirak de Kherrata décident ainsi que la réunion qui devait se tenir à Kherrata soit «reportée à cause de l’inopportunité de cette rencontre de concertation préliminaire dans le contexte actuel et sans l’obtention d’un consensus national autour des modalités de cette initiative, son lieu et son timing», et ce, avant de s’engager à tout mettre en œuvre pour réussir cette démarche dans cette ville.
émergence d’un nouveau souffle politique

La concertation préliminaire ajournée devrait contribuer à l’émergence d’un nouveau souffle politique pour la lutte du peuple contre le système et relever le défi d’unifier les rangs des Algériens, quelles que soient les orientations politiques, idéologiques et religieuses de chacun.

Des éléments sensibles sur lesquels le pouvoir surfe et joue la carte de la discorde, de la division, de la diabolisation des militants et de la criminalisation du hirak.

La marche, qui a démarré à 12h, a sillonné les principales artères de la ville. La procession humaine a fait une halte devant le siège de la gendarmerie, où une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes du Printemps berbère et des martyrs de la Guerre de Libération nationale.


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