180 harraga algériens sont arrivés à Almeria en 48 heures



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Le phénomène de la harga est de retour. 180 harraga algériens sont arrivés à Almeria (Espagne) durant les dernières 48 heures. A Annaba, durant la nuit de lundi à mardi, 28 harraga ont été interceptés par les gardes-côtes de la façade est maritime. Ainsi, comme attendu vu la crise économique qui secoue le pays, le phénomène de l’émigration clandestine est en train de connaître des pics inattendus et cela va probablement prendre encore plus d’ampleur au cours des prochains jours.

En effet, la ville des Jujubes s’est réveillée, tôt hier matin, avec l’annonce de l’arrestation, à 3 miles des côtes de Ras El-Hamra, de 22 candidats à l’émigration clandestine alors qu’ils tentaient de gagner les côtes italiennes à bord de deux embarcations artisanales, a appris Le Jeune Indépendant de sources sécuritaires. Agés entre 19 et 60 ans, on compte des universitaires fraîchement diplômés dont trois femmes. Selon des sources sécuritaires, certains d’entre eux auraient confié aux services de sécurité que quatre autres embarcations artisanales avaient déjà quitté les eaux territoriales algériennes durant les dernières 48 heures, à destination des côtes italiennes, Lampedusa et la Sardaigne. Pour rappel, dimanche et lundi dernier, 180 harraga algériens sont arrivés à Almeria, ville côtière de l’Espagne. Selon Francisco Jose Martin, membre d’une ONG espagnole en charge d’accueillir les migrants clandestins, treize embarcations artisanales ont été interceptées par la garde civile, à bord desquelles se trouvaient en majorité des Algériens (142), dont 8 sont des Marocains et des Subsahariens. Il convient de signaler qu’à bord de ces embarcations qui tentaient de rejoindre les côtes espagnoles se trouvaient des femmes, des bébés et des enfants.

Tous ces passagers clandestins, dont certains ont été secourus, sont actuellement entre les mains des services de police frontalière. Ils sont en garde à vue et seront libérés, au plus tard, dans les 78 heures qui viennent. Mais que se passe-t-il ? Selon des sources provenant de personnalités universitaires, la situation de l’émigration clandestine s’est aggravée devant le chaos économique sans précédent observé dans le pays et en particulier devant “l’échec” du Hirak, en proie à des difficultés pour continuer ses revendications.

Pendant la première période du Hirak, déclenchée le 22 février 2019, aucune tentative de harga n’a été signalée plusieurs mois durant, ce qui démontre l’attente de la population quant aux changements à venir. Mais le changement n’a pas eu lieu, selon plusieurs constatations de jeunes de moins de 30 ans. Dans une déclaration à la presse, le professeur de sociologie Rabah Sebaa est sidéré par le phénomène de l’émigration clandestine. «Ces jeunes-là, pourquoi partent-ils ?

C’est une question qu’il faut se poser et se reposer encore et encore. Il y a certes l’aspect matériel mais ce n’est pas que cela, car ces jeunes ne travaillent pas et n’ont pas, entre autres, de loisirs, certes, mais en tant qu’enseignant universitaire, j’ai formé des doctorants et des diplômés en magistère qu’on compte aujourd’hui parmi ces harraga ! J’ai été sidéré d’apprendre qu’il y avait eu une fille parmi eux», a-t-il déclaré. Au début du mois de mai, 30 embarcations d’immigrants clandestins algériens sont arrivés sur les côtes d’Almeria (Espagne). Selon le spécialiste en politique migratoire, Ruben Pulido, citant des sources algériennes, des passeurs tunisiens seraient impliqués dans l’organisation de ces traversées à partir du territoire algérien.

Une première en Algérie. En 2020, sur les 41 000 harraga débarqués en Espagne, 11 200 étaient de nationalité algérienne, selon un décompte de la police espagnole. Toujours au cours de cette même année, l’Italie a été la seconde destination des harraga avec 1 458 Algériens arrivés sur les côtes italiennes, selon des chiffres du ministère italien de l’Intérieur. Selon un rapport de l’ONG Caminando Fronteras, 2 170 migrants sont morts en tentant de rejoindre les côtes espagnoles, dont 231 migrants algériens, soit une augmentation de 143% par rapport à l’année 2019.

Et pourtant, selon plusieurs harraga expulsés, la vie sociale en Italie, comme à travers les pays de l’Union européenne, n’est pas reluisante tant par la pandémie de coronavirus que par la crise économique mondiale. Mais ces harraga préfèrent tenter l’aventure dans d’autres territoires que de rester «coincés» en Algérie, sans travail, sans espoir et sans illusions. Un ancien harrag, sexagénaire, a expliqué au Jeune Indépendant que les conditions de vie actuelle en Italie, et même en Europe, n’étaient plus les mêmes, comparativement aux années précédentes.

Il a ajouté que son frère aîné, qui avait dernièrement pris le large vers la rive nord de l’Italie, lui avait écrit : «Si ça continue comme ça, je préfère retourner au pays et vivre au sein de ma famille.» Côté gardes-côtes, des efforts inlassables ont été déployés pour endiguer ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur jour après jour. Les officiers donnent même des leçons de morale aux harraga interceptés, en vain. Plusieurs lieux isolés à Sidi Salem, fief des harraga, ont été transformés en véritable chantier naval. Des embarcations artisanales y ont d’ailleurs été détruites par les forces combinées, Sûreté et Gendarmerie nationales. Au cours d’une enquête menée par le Jeune Indépendant, le chômage semble être la première cause de la harga pour les jeunes de moins de 30 ans. Hamza C. a expliqué : «J’ai un magistère en informatique et cela fait plus de 4 ans que je suis au chômage. Je suis enfant unique et j’ai failli laisser ma peau en pleine mer, si ce n’était l’intervention, in extremis, de la marine marchande. mais si ça continue comme ça, je reprendrai la mer.» Hocine B., enseignant dans une école primaire, a confié au Jeune Indépendant : «J’ai un doctorat en philosophie et j’enseigne depuis plusieurs années dans une école primaire avec un salaire de moins de 32 000 DA. Je n’arrive pas à m’en sortir. Je rêve de partir en Europe mais je n’ai même pas les moyens de me payer la harga !» Samir G., éleveur de volailles, a révélé pour sa part : «J’ai 32 ans et je ne suis pas encore marié. Je suis mon propre patron mais je n’ai pas réussi à économiser un peu d’argent. La volaille c’est mon secteur mais tout ce qui va en parallèle, comme l’aliment de bétail et autres ingrédients, c’est instable en Algérie. J’ai voulu changer de métier mais je sais que ça ne changera rien. Tous les métiers ici sont pareils.»

Pour rappel, depuis 2015, 1 038 408 migrants de toutes les nationalités sont arrivés clandestinement sur l’ensemble de la Méditerrané, quelle que soit la route. En 2020, on a enregistré 95 031 personnes. En 2021, malgré la pandémie du coronavirus, 24 950 clandestins ont rejoint les côtes espagnoles ou italiennes. L’Union européenne craint un véritable envahissement de ses territoires au cours de cette année.

 

 

 


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