Bouira

Zones d’ombre et de désarroi



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Adossé au mur d’une école primaire dans la localité de Malla, sur les hauteurs de la commune d’Ath Laâziz, au nord de Bouira, Omar, la quarantaine passée est sans emploi depuis une vingtaine d’années.

Dans la région, dit-il, le dernier projet «structurant» ayant généré une centaines de postes de travail remonte à l’année 2005. «Un groupement algéro-allemand avait été chargé des travaux de confortement et de rénovation du tunnel ferroviaire de Oued Djemaâ. J’ai travaillé pendant 18 mois comme ouvrier. Depuis, aucune entreprise ne s’est installée dans la région», dit-il.

Dans la commune d’Ath Laâziz, la population se désole du manque de projets de développement pouvant un tant soit peu absorber le taux de chômage galopant qui touche cette localité peuplée de quelque 2000 âmes. Si, dans certaines régions de la wilaya, c’était l’insécurité qui avait vidé les villages, à Ath Laâziz, c’est la mal-vie qui a contraint des familles à quitter leurs hameaux pour aller s’installer dans des villes. «Ici, le développement n’a pas le droit de cité.

Cette région montagneuse, jadis lieu de résistance contre le terrorisme islamiste, Ath Laâziz n’a aujourd’hui que la paix retrouvée, sans les commodités qui vont avec. Peu de projets ont été réalisés. Certes, tous nos villages sont raccordés au réseau de distribution de gaz naturel, néanmoins, l’eau manque cruellement dans les robinets.

Les pistes sont impraticables, l’éclairage public est inexistant. Nos écoles primaires se trouvent dans un état lamentable et nos enfants sont scolarisés dans des conditions pénibles», a résumé, de son côté, Brahim, un universitaire au chômage. Récemment, un collectif de citoyens a vainement sollicité un plan d’urgence adapté à la région, et ce, pour conjurer un nouvel exode rural. «C’est pratiquement la seule commune de la wilaya qui, en plus d’être boudée lors des visites des officiels, est ostracisée, même dans la répartition des projets de développement.

Quatre villages seulement ont été classés zones d’ombre, alors que c’est pratiquement toute la région, avec ses 34 hameaux, qui souffre de l’absence de moyens», a ajouté un sexagénaire. Dans un passé récent, des habitants de plusieurs villages ont dû bloquer la RN5 et la voie ferrée pour réclamer leur part de développement. Aucun officiel ne s’est rendu sur place pour écouter les préoccupations de la population locale.

Il a fallu déployer des trésors de diplomatie et de bon sens paysan pour que les protestataires libèrent la route. «L’obstruction des voies du dialogue ouvrent les portes de la révolte», lâche-t-on.

Ath Laâziz n’est pas le seul exemple où les conditions de vie ne sont pas réunies et le chômage en aggravation. Dans plusieurs communes de la wilaya, à Zbarbar, Malla, Aïn Turk, Mamoura où nous nous sommes rendus, le même constat : le dénuement gagne du terrain.

Zeboudja, une mémoire douloureuse

Le nom de Zeboudja, au sud de la commune de Aïn Turk, résonne fortement dans la mémoire des villageois, à l’instar de Zbarbar, Lakhdaria, rappelant la période funeste du terrorisme. Si la paix et la sécurité sont de retour grâce aux efforts déployés par les forces de sécurité, les GLD, des patriotes et les gardes communaux mobilisés durant des années dans le cadre de la lutte contre les hordes islamistes armées, la situation dans les villages est toujours la même. Nous quittons Ath Laâziz vers Zbarbar en passant par la ville de Lakhdaria.

Un important projet attire l’attention. Une pénétrante autoroutière entre Djebahia et Tizi Ouzou. Les engins du groupement algéro-turc sont toujours sur place mais le personnel a été libéré depuis des mois en raison des difficultés financières. Les salaires des travailleurs ne sont pas payés depuis des mois. Le projet, lancé depuis quelques années dans le but de désenclaver toute une région, est en stand by. «Avant, les entreprises étrangères et même locales se plaignaient des conditions d’insécurité, refusant d’investir en ces localités. La donne a changé. La crise financière frappant notre économie a eu un impact négatif sur le développement de ces régions», a estimé Adel.

Située à la limite de la wilaya de Médéa, la petite localité d’Ouled Gacem, sur les hauteurs de Zbarbar, peuplée de quelque 4000 âmes, est recluse dans l’anonymat. Pour s’y rendre, il fallait emprunter le CW1 en dépassant la commune de Malla, et le chef-lieu de Zbarbar en direction de Tablat, Médéa. Les pistes ne sont plus impraticables. Le quotidien des villageois est intenable. Isolés du reste des localités de la wilaya, les villageois qui se sont remis difficilement de la période difficile du terrorisme crient à l’injustice et à l’absence de projets.

Promesses oubliées

«L’Etat nous a promis des choses. Ce village est une zone d’ombre, alors où sont les promesses du Président ?», lance un jeune du village. «Ici, il n’y a ni eau, ni travail, ni projet, les citoyens sont livrés à leur sort», ajoute-t-il. Il faut préciser que la commune de Zbarbar englobe une population de 5000 habitants répartis sur deux importantes agglomérations, dont Ouled Gacem et Bsibssa. Dans la région, plusieurs villages ont été désertés dans les années du terrorisme, a fait savoir un fonctionnaire à l’APC, qui a rappelé que la majorité des habitants ayant fui l’insécurité ne sont pas revenus.

Le village Thal’laba est resté complètement vide de ses habitants. Au recensement démographique de l’année 1988, Zbarbar comptait plus de 9000 âmes, et Thaâlba à elle seule en comptait plus de 4000, a fait savoir un élu à l’APC. Le nombre de projets octroyés à la commune est insignifiant. Pour chercher du travail, il faut se déplacer à la ville, à Lakhdaria.

Les chantiers de l’habitat sont à l’arrêt. Les entreprises libèrent leur personnel. La crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 a accentué le dur quotidien des habitants. «Où sont passés les projets inscrits dans le cadre du dossier dits des zones d’ombre ?», se demande Ahmed, ex-élément de la garde communale. Dans la wilaya de Bouira, ce programme est à la traîne.

Le peu d’opérations inscrites dans ce dossier auquel les autorités centrales du pays accordent un intérêt particulier est en souffrance. La prise en charge de quelque 508 zones d’ombre se fait toujours attendre. A Zbarbar, A Ath Laâziz, tout comme à Mamoura, au sud de la wilaya, les besoins exprimés par les habitants de plusieurs localités dépourvues de commodités de base sont importants.

Les villageois vivent dans des conditions intenables en raison de l’absence d’eau potable, du réseau d’assainissement et l’accès à l’énergie électrique et gazière. «En plus de l’entêtement de certains responsables refusant de nous recevoir, nos doléances exprimées auprès des autorités compétentes ne sont pas encore prises en charge», regrette-t-on. Bien que le dossier du développement de ces zones d’ombre arrive en tête des priorités inscrites dans le programme du chef de l’Etat, la situation reste toujours inchangée.

Les habitants de ces localités reculées ont suivi sur l’écran de la télévision nationale le passage du discours de chef de l’Etat, le 16 février dernier. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, n’avait pas pu retenir ses larmes suite à la diffusion d’un documentaire «poignant» levant le voile sur la souffrance des citoyens vivant dans les zones d’ombre, à savoir les zones les plus reculées du pays.

C’est dans ces conditions que des familles vivent dans les villages isolés et démunis de commodités dans la wilaya de Bouira, et qui attendent un sursaut salvateur des pouvoirs publics.


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