L'épouvantail du nucléaire iranien



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Aux premières années de l'indépendance, bien avant que nos yeux se décillent et que les masques tombent, les feuilles de vigne avec, on taxait de «valet de l'impérialisme» tout pays différent. La différence pouvait devenir adversité ou hostilité, suivant les incitations des leaders du moment et les résolutions pertinentes et toujours patriotiques de la kasma FLN du coin. Pour une génération d'Algériens, fiers d'être révolutionnaires et d'avoir comme amis Tito et Che Guevara, l'ennemi était à l'extérieur, et «valet de l'impérialisme» était la pire des insultes. Une certaine prospérité aidant et assez équitablement répartie, il nous est souvent arrivé de nous ennuyer, la Palestine étant trop loin et la Ligue arabe recevant nos mandats, nous avons su évoluer. Dans le mauvais sens, vu que ce n'est pas le moment de vous rassurer, puisque même les voisins «valets de l'impérialisme» ont subi les effets de l'épidémie, prédisposés qu'ils étaient. Avec quelques piqûres de rappel idoines et des flacons d'eau bénite en veux-tu en voilà, nous avons fait aussi une autre grande découverte: le nouvel islam, venu œuvrer à notre salut. Nous avons alors troqué nos amulettes naïves et philtres magiques contre des thérapies évincées par la médecine moderne et ressuscitées il y a peu, comme la «hidjama» ou la «roqya». 
La «roqya» étant plus crédible et plus pratiquée, parce qu'elle associe le Coran, ce qui la rend effectivement plus attractive et très lucrative pour ses «thérapeutes», subitement surgis de partout. Avec cette redécouverte de nous-mêmes et notre éveil à la vraie foi, nous n'avons pas renoncé à l'essentiel,  notre superstition légendaire, qui n'a jamais été aussi vivace et aussi présente. Puis, la révolution iranienne, menée au nom de l'islam et pour l'islam, est arrivée, avec sa plus importante décision après l'islamisation de la république, imposer le voile aux femmes. De ce point de vue-là, et en généralisant le port du voile, les ayatollahs iraniens sont devenus des alliés providentiels pour les cheikhs saoudiens, à la réputation déjà établie dans ce domaine. Mais cette fraternité misogyne, si j'ose dire, s'est délitée au fils des ans, avec les prétentions iraniennes au leadership du monde musulman, et la guerre en Syrie et au Yémen fait le reste. Mais bien avant ces guerres, une lutte sournoise a opposé et oppose toujours les deux rites dans les pays musulmans sunnites, chasse gardée de l'Arabie Saoudite, convoités par le chiisme. Signe des temps, l'autre guerre, la plus longue et la plus meurtrière, celle qui a opposé l'Irak et l'Iran, entre 1980 et 1988, a mis de côté les références à la religion, du moins côté irakien.
Or, si à Dieu ne plaise une autre guerre opposait aujourd'hui les Arabes et les Iraniens, ce serait une vraie guerre de religion entre États musulmans et Israël jouant les Raminagrobis. On sait par expérience que les guerres, ce sont ceux qui en parlent le plus qui s'enhardissent le moins à les déclencher et qui les gagnent encore plus rarement, mais les données ont changé. La seule puissance de la région qui peut déclencher une guerre contre l'Iran pour l'empêcher de posséder l'arme nucléaire, c'est Israël, avec l'appui ou l'accord des Arabes de la région. Cela dit, les Iraniens, toujours aussi arrogants dans leurs propos, et qui vont «élire» un nouveau président vendredi prochain, sont-ils en mesure de subir une nouvelle guerre et de riposter ? La réponse est non si on en croit les dernières révélations faites par l'ancien Président Ahmadinejad, qui aspirait à le redevenir ce 18 juin, mais dont la candidature a été rejetée. Ceci expliquant sans doute cela, l'ancien Président a déclaré que la pénétration israélienne en Iran était telle qu'elle a permis au Mossad d'investir un immeuble à Téhéran et d'emporter des archives nucléaires. Le comble est que le responsable iranien qui a été nommé à la tête des services de lutte contre l'espionnage israélien était lui-même un agent israélien.  
Mahmoud Ahmadinejad a également dénoncé l'existence d'une bande de corrompus à la tête des services de sécurité, et c'est cette bande qui a permis l'assassinat de savants nucléaires iraniens. Sinon, comment Israël a réussi à entrer dans le bâtiment abritant les archives nucléaires à Téhéran et à les emporter à bord de camions, au nez et à barbe de tous ces services ? s'est-il interrogé. Ces propos confirment les déclarations récentes de l'ancien chef du Mossad, Yossé Cohen, qui a donné des détails sur le déroulement de l'opération qui a eu lieu le 31 janvier 2018. Il a précisé que l'enlèvement des archives nucléaires iraniennes a eu lieu à Téhéran, et dans la clandestinité la plus totale, engageant une vingtaine d'agents israéliens et autres. Il a aussi affirmé que le contenu essentiel des archives a été transmis à Tel-Aviv avant même que le groupe d'agents n'ait quitté le site qu'ils avaient investi à Téhéran. La préparation de l'opération a commencé deux ans auparavant, avec la construction «dans un pays étranger» de la réplique exacte du bâtiment abritant les archives à récupérer. Yossé Cohen a ajouté que l'assassinat de savants nucléaires iraniens, dont le plus récent celui de Mohsen Fakhri Zadeh, était l'œuvre de ses services, et que c'était un avertissement aux autres savants. 
Alors que le pays des ayatollahs semble infiltré de partout et qu'il ne semble pas constituer un danger pour l'humanité, Israël continue à crier au feu, tout comme ses alliés américains l'avaient fait pour l'Irak. 
A. H.


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