J’y pense encore, une semaine après



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J’y pense tous les jours, depuis que j’ai croisé son regard gêné, pudique, mais désespéré. Ce sont eux qui sont dans le désespoir et ce sont eux qui baissent les yeux. J’avais déjà en tête l’image de cette femme et de son adolescente de fille le visage tourné vers le mur pour ne pas croiser celui des passants et je me souviens avoir été gênée par le tableau qui racontait plusieurs histoires en même temps. Aussi sordides les unes que les autres. Je ne savais pas si elles étaient là parce qu’elles fuyaient une violence familiale, si elles avaient été mises dehors par le mari et le père pour libérer de l’espace à la prochaine épouse, si elles étaient là parce qu’elles étaient en quête de nourriture et d’un toit. Ce dont je me souviens, c’est que les deux, la mère et son enfant, fuyaient le regard inquisiteur des passants. Peut-être craignaient-elles de croiser celui de voisins ou de possibles connaissances prêtes à jaser ? On aura beau partager ce que l’on a dans son porte-monnaie, et Dieu sait combien les Algériens, même ceux dans le besoin, sont solidaires, la précarité avance à une cadence brutale. 
Ils et elles sont chaque jour un peu plus nombreux à solliciter de l’aide. Mais je ne sais pas pourquoi, précisément, celui-là. La précarité n’est plus seulement démontrée par le nombre choquant de mendiants qui occupent les rues. La précarité, ce sont aussi tous ces jeunes qui subissent, impuissants, le chômage et ne savent ni quoi faire de leur journée ni qui solliciter. La mendicité qui se professionnalise est une réalité incontestable. On sait bien combien faire la manche peut parfois rapporter gros, mais ce n’est pas le cas pour tous. Ils en sont réduits à mendier parce que leur histoire est compliquée et que la vie ne leur offre pas l’occasion de s’en sortir en gagnant dignement de quoi manger, se loger, se laver… Lui était différent. Il était jeune, la vingtaine, propre et il ne demandait pas l’aumône. Il avait juste envie de gagner sa vie, à la sueur de son front. 
À la poissonnerie, il a offert ses services, vider les sardines, mais le marchand, sincèrement désolé, lui a répondu qu’ils étaient déjà trois sur le coup.
M. B. 

 


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