De provocations en gesticulations



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On croit rêver. A l’occasion de la fête du trône, le roi Mohammed VI a déclaré à l’adresse des Algériens, le plus sérieusement du monde : «Vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc (…). La sécurité et la stabilité de l’Algérie (…) sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc.»

Les Algériens, et tous ceux qui suivent l’actualité, doivent être abasourdis. Le roi joue-t-il les cyniques ou n’est-il pas au courant de ce qui se passe dans son royaume ? Est-il tellement déconnecté de la réalité au point de ne rien savoir de la gravité des relations entre l’Algérie et le Maroc ? Il y a à peine deux semaines, le pas vers l’irréparable aurait été franchi. En effet, Rabat a ciblé notre pays de façon imprudente, se livrant à deux véritables agressions contre l’Algérie qui s’apparentent beaucoup plus à une déclaration de guerre.

En premier, un consortium de 17 journaux occidentaux a révélé, documents à l’appui, que les services marocains ont espionné au moins 6000 Algériens ; parmi eux de hauts responsables, des hommes politiques, des journalistes, et ce, grâce à un logiciel fourni par Israël.
Mais le cas le plus grave est une véritable atteinte à l’unité et à la sécurité nationales. En effet, la mission marocaine aux Nations unies a distribué aux représentants des pays Non-Alignés un document dans lequel le Maroc annonce officiellement qu’il soutient l’autodétermination de la Kabylie. Une grave atteinte aux chartes des Nations unies et de l’Union africaine et une provocation qui aurait pu mener loin, n’était la sagesse des dirigeants algériens, lesquels n’ont pas voulu jeter de l’huile sur le feu et qui se sont contentés de rappeler l’ambassadeur algérien à Rabat.
L’Algérie est habituée aux comportements imprévisibles du palais royal qui ne rate aucune occasion pour faire diversion en cherchant à orienter l’attention du peuple marocain vers un ennemi imaginaire, qui s’appelle Algérie. Tout cela parce qu’il a opté pour une stratégie de la tension avec cet ennemi héréditaire qui est, selon lui, l’Algérie.

On se rappelle qu’en 1994, par exemple, des terroristes islamistes avaient attaqué un hôtel à Marrakech : très rapidement, Rabat avait accusé les services algériens d’être les organisateurs du coup. Il s’avérera plus tard que les terroristes étaient des ressortissants marocains, parmi lesquels il y avait un Français d’origine algérienne. Jamais Rabat n’a présenté d’excuses, préférant le pourrissement des relations algéro-marocaines. L’hostilité des Marocains à l’égard de l’Algérie a été sans limites au point qu’ils avaient ouvert des camps d’entraînement du GIA et cherché à utiliser Abdelhak Layada, qui avait trouvé refuge chez eux, comme arme de chantage. Ce qui fait que le discours mielleux du roi Mohammed VI ne doit pas faire illusion. Il est vrai que la fermeture de la frontière algéro-marocaine a été une catastrophe pour l’économie du royaume. Rabat cherche le beurre et l’argent du beurre. Il veut une grande bouffée d’oxygène sans vouloir en payer le prix. Le statu quo actuel ne peut que faire du bien à l’Algérie. De ce fait, les gesticulations royales ne peuvent à aucun moment être prises au sérieux.


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