Une sale époque !



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Par une sorte de pudeur originelle, les rédactions, qui racontent pourtant copieusement les joies et les peines du monde, se font moins éloquentes quand il s'agit de s'attarder sur leurs propres malheurs. Journal populaire, fait par et pour les enfants du peuple, Le Soir d'Algérie est composé de femmes et d'hommes issus du plus profond de cette Algérie qui souffre et espère. Cette semaine, notre jeune collègue, Kamel Amarni, qui occupe depuis deux années le poste de rédacteur en chef, a perdu sa maman à Tizi-Ouzou, par manque d'oxygène, comme tant d'autres victimes. Déjà, pour lui trouver un lit, il me racontait qu'il avait fait le tour de quatre hôpitaux avant de tomber sur une âme magnanime.
Nous ne sommes pas des privilégiés. Et nos malheurs ressemblent à ceux de toutes les familles algériennes. Nous n'en parlons pas beaucoup et si je le fais aujourd'hui, en égratignant la timidité légendaire de Kamel, ce n'est pas pour pleurer encore mais juste pour rappeler que nos victoires sur le Covid-19 furent héroïques et qu'il ne faut pas les oublier en ce moment où la bête se réveille et fait des ravages. Et si elle tue plus que d'habitude, c'est qu'elle profite de nos faiblesses et de notre désorganisation.

Oui, car cette magnifique résistance est trahie aujourd'hui par la négligence de ceux qui n'ont prévu aucun plan de bataille dans cette terrible guerre de l'oxygène. De leader africain exportateur de gaz industriels dans les années 70, nous en sommes aujourd'hui à un secteur privatisé, échappant au contrôle de l'État et incapable de répondre aux besoins d'une pandémie qui dure pourtant depuis une année et demie et qui pouvait, à tout moment, atteindre des pics foudroyants. Prévisions aléatoires ? Confusion dans l'attribution et le rôle des ministères concernés (Santé, Industrie pharmaceutique et Industrie tout court) ? La production est suffisante mais sa distribution a coulé face à une demande anachronique. Les bouteilles d'oxygène ont pris le chemin des ménages où elles sont stockées inutilement. Chacun veut avoir sa dose d'oxygène «au cas où» ! Les chaînes qui se forment devant les centres de distribution ouverts dans les unités fabriquant de l'oxygène interpellent les pouvoirs publics. Car il s'agit d'un produit spécifique qui ne peut être administré à n'importe qui, sans avis médical. En pareil cas, il est toujours souhaitable d'imposer des mesures strictes et de mettre en état d'alerte les forces de l'ordre car il y va de la vie des malades. 
Mais la solution finale réside dans l'installation d'équipements de fabrication d'oxygène dans les structures hospitalières mêmes, afin d'assurer une alimentation continue et régulière et éviter ces transports d'un autre âge. Dernière précision : ces équipements s'adaptent aux différentes tailles des hôpitaux et ne coûtent pas excessivement cher.
En attendant, la mort continue d'endeuiller partout. Courage Kamel ! Courage à tous les autres orphelins de cette sale époque !
M. F.


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