L’humilité personnifiée



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Après la disparition toute récente de Djamel Benamara, célèbre animateur à la Chaîne 3, et Anis Hamza Chelouche, jeune journaliste de Radio M, le monde de la presse est de nouveau frappé par le deuil avec le décès de notre ami et ancien collaborateur d’El Watan, Illiès Sahar, emporté par une grave maladie, à l’âge de 68 ans.

La tragique nouvelle est tombée hier, laissant tous ses amis et proches collaborateurs avec lesquels il a longtemps «roulé sa bosse», comme on dit dans le jargon, dans un désarroi indescriptible. C’est que l’homme qui vient de nous quitter suscitait autour de lui une sympathie telle qu’il ne se rendait pas compte lui-même de la très grande popularité qu’il avait auprès de ses pairs.

Affable, sourire permanent aux lèvres, ayant toujours en réserve le mot de la fin pour mettre tout le monde d’accord, Illiès avait en lui le sens du contact humain et de l’humilité, deux valeurs absolues de sa personnalité qui lui permirent de se forger une stature professionnelle et sociale très enviable.

Spécialiste des questions économiques, il a réussi à ce titre à devenir une vraie référence de communication vers laquelle de nombreux médias, notamment la télévision nationale, se tournaient pour entretenir des débats sérieux et crédibles.

A El Watan, où il a passé une dizaine d’années comme journaliste animateur de la page économique, Illiès Sahar avait manifestement l’obsession de la perfection dans son travail. Et, par-dessus tout, le respect des lecteurs.

Il n’aimait pas la redondance, la langue de bois, les petites phrases de compromission. Tout chez lui respirait la rigueur et l’honnêteté. Issu d’une famille très humble, Sahar a gardé tout au long de son parcours journalistique les yeux braqués sur les démunis, les déclassés socialement, les petites gens souffrant de la précarité et de l’injustice.

Son job, il le conjuguait ainsi avec une action militante qui l’a naturellement aidé à trouver sa voie sur les chemins sinueux de la politique.

Du journal L’Unité au sein duquel il avait aiguisé ses premières armes dans la presse, à notre rédaction qu’il quitta pour aller savourer une retraite méritée, en passant par le grand quotidien gouvernemental El Moudjahid où il se fit beaucoup d’amis parmi les grandes plumes de l’époque, Algérie Actualité et le journal indépendant Le Matin, où Benchicou l’avait accueilli à bras ouverts, la bonhomie d’Illiès, sa manière bien à lui d’élever le niveau du dialogue par la… dérision, quand les mensonges d’Etat sont trop flagrants, resteront inégalables dans nos mémoires. Il a été d’abord un homme d’une correction et d’une droiture incontestables.

Il a été ensuite un journaliste de grande valeur, témoin de son temps qui savait faire la différence entre le futile et l’essentiel. Discret, curieux, jamais encombrant, compétent. Nous l’avions aimé pour toutes ces qualités. Il va nous manquer terriblement. Repose en paix frère !


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