Ghardaïa

Cheikh Lakhdar Gara, un combattant, une histoire



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Une épopée poétique, un roman émouvant intitulé « le Soldat Symbol », édité par le Grand Poète Amazigh, de Ghardaïa, « Abdelwahab Ben Hammou Fekhar », retrace les évènements de la seconde guerre mondiale 1939/1945, vécus par un jeune Algérien Mozabite, en plein époque coloniale Française.

Plusieurs questions s’imposent: Comment a-t-il été contraint de s’engager dans l’armée Française ? Comment a-t-il résisté à Strasbourg, sur le plus chaud front de Guerre, aux frontières Allemandes ? Comment a-t-il pu échapper aux bombardements assassins des Allemands ? Comment est-il revenu au M’Zab?  Comment, après les années de braises, a-t-il réussi à poser le fusil pour lever la plume, et continuer son parcours en éducateur sur plusieurs générations, sous la lumière du savoir, et l’emblème du drapeau national …

Cet oiseau migrateur a échappé aux rafales de balles et aux obus de canons pour céder, dans un nid natal, à l’affreux virus corona. Si on devait résumer son itinéraire, on dira : «une vie au service du peuple et de la nation.»

D’une grande humilité, réservé et bienveillant, Cheikh Lakhdar Gara était toujours disponible, aussi bien pour son pays que pour ses élèves. Il était l’un des combattants de la deuxième guerre mondiale 1939/1945 puis une figure de proue de la lutte pour l’indépendance et un leader spirituel. C’est la place qu’il occupa en qualité de bon compagnon et de grand rénovateur musulman dans l’organisation sociale de la vie des Mozabites Ibadites.

Afin de retirer de l’oubli l’image de nos glorieux martyrs et dégager leurs souvenirs de la poussière des années. La célébration du Maoulid Ennabaoui a été justement l’occasion de rendre un grand hommage à ce soldat de la deuxième guerre Mondiale 1939/1945, c’est-à-dire, à ce Cheikh spirituel, Lakhdar Gara.

Après trois années depuis sa disparition pour un monde meilleurs, L’hommage à cet grand homme a été fêté en présence de toute sa famille réunie dans un cadre restreint. Nous venons, disent-ils, par ce bref témoignage, évoquer son parcours, qui offrit sa vie et sa jeunesse au service, d’abord de l’indépendance de son pays : l’Algérie, et au service de ses élèves.

Ce héros mérite qu’on en parle un peu plus de lui, en mettant en avant ses engagements, ses exploits, son courage afin que la jeunesse algérienne mesure les vertus et s’approprie le sacrifice de nos martyrs. Et que le pouvoir, de son côté, se saisisse de leurs images pour en faire le patrimoine historique de la véritable Algérie moderne.

A ce jour,  Cheikh Lakhdar Gara, fait partie de ceux qui ont  consacré leurs vies aux autres disparaissent sans que les bénéficiaires ou les institutions leur rendent l’hommage tant mérité . Certains le font tardivement par remords de conscience et encore…C’est le cas de ce grand combattant et éducateur pédagogue.

Lakhdar Gara était né un 31 décembre 1918 à Ain Bessam (Wilaya de Bouira). D’une famille très modeste, originaire de la région du M’Zab, de la ville de Ghardaïa. A Six ans, il débuta ses quatre premières années du cycle primaire à la seule école de Ain Bessam.

Lakhdar, se révéla studieux avec des résultats exemplaires à cette école. l’enfant studieux, alors âgé de 10 ans, fut alors emmené à Ghardaïa par son Père Si Ahmed. il était médersien, puisque aussitôt arrivé à son Bled d’origine, il incorpora successivement, deux médersas coraniques, celle de ‘’Tajiwines’’ puis celle de ‘’Baïzi’’ en 1932, fondée juste après la fondation de l’Association El-Islah en1928.

Par ses deux grands amis de l’éducation, le Duo : Cheikh Hadj Salah Babekeur et Cheikh, Hadj Hammou Fekhar. En 1936, après avoir récité en entier le Saint-Coran, l’élève dévoué, rejoignit l’association de la mission scientifique Mozabite à Tunis, sous l’égide du Cheikh Ibrahim Abou El-Yakdane et Cheikh Banouh Mosbah, où il poursuivi ses études trois années durant, à la Mosquée Zeitouna, sous l’ombrage des Oulémas, tels que : Cheikh Mohamed Ezzaghouani, Cheikh Abou-Achour, Cheikh Abdeslam et bien d’autres. Loin d’avoir terminé ses études, à l’aube du déclanchement de la deuxième Guerre Mondiale 1939/1945, Lakhdar Gara fut contraint à un recrutement forcé au sein de l’armée Française et se voit affecté au bataillon Anti-Aérien, au front Est de la France (L’Alsace Loraine) pour lutter et combattre contre les forces allemandes.

A la fin de cette guerre atroce, en 1945, il sortira indemne de cette guerre, non sans avoir, quelques mois avant, échappé Miraculeusement d’un assassinat avéré, perpétré par les forces Allemandes en bombardant le bateau qu’il occupait avec ses compatriotes. En ces moments précis, le Soldat Lakhdar était en train d’accomplir une de ses prières hors du bateau bombardé, tout en restant lucide, comme s’il craignait que la vie allait lui échapper par surprise pendant sa prière.

A la fin de cette maudite guerre destructive et son aventure dans celle-ci, pour laquelle il ne s’y attendait nullement pas, le soldat, Hadj Lakhdar Gara déposa les armes Françaises, réintégra son Pays d’origine et reprit son tablier blanc de la medersa. Il fut d’abord affecté à l’école coranique Mozabite ‘’El-Houda’’ de la ville de Constantine, où il enseigna durant Six années avant de rejoindre définitivement Ghardaïa, la ville natale de son Père Si Ahmed.

Parvenant à une trentaine d’années de son âge, il se maria avec la partenaire de sa vie, El-Hadja, Menna Debache, une femme au foyer, ils eurent ensemble, Onze enfants (filles et garçons) et procréèrent ensemble pour la première fois, à l’intérieur même de leur demeure, une première école Coranique pour les neuf filles Mozabites seulement dont la dernière  la vétérane : El-Hadja Lalla Hadj Daoud, aujourd’hui, âgée de 84 ans est toujours en vie.

En compagnie de son épouse El-Hadja-Menna, ils enseignèrent près d’une vingtaine d’années durant, avant que Si Lakhdar, décide de prendre sa retraite très chargée de louables souvenirs pour se consacrer aux loyaux services à sa communauté Mozabite et à sa ‘’Achira’’ (la fraction) At-Afafras, qu’il dirigea durant de nombreuses années.

Durant l’occupation Française, Si Lakhdar Gara, ce révolutionnaire hors-pair n’est pas resté bras croisés. Connu par son esprit révolté contre toute forme d’occupation et d’injustice, il avait bel et bien préféré d’embrasser à bras ouverts, la Révolution du 1er novembre 1954 en rejoignant les rangs des Moudjahidine dans le maquis, afin de défendre la noble cause du peuple Algérien et pour une Algérie indépendante.

Grand Moudjahid, Lakhdar, ce soldat Symbole, ( comme on a voulu l’appelait) collaborait discrètement avec ses autres amis Moudjahidine Mozabites ? tels que : Hadj Brahim Daddi-Ouameur et Hadj Brahim Ramdane et autres….. Selon des témoignages, Si Lakhdar et ses compagnons avaient participé à plusieurs opérations de lute contre les soldats de l’armée française au coeur de la Wilaya quatre..

Très aimé et apprécié de tous, Cheikh Hadj Lakhdar Gara, Cet homme d’une forte personnalité, d’une stature digne de Taleb, aux traits d’un honnête intellectuel, filtrait à travers ses lunettes un regard clairvoyant, serein de ceux qui détiennent la vérité, ceux qui luttent contre l’ignorance et l’injustice de la force décéda à Ghardaia à l’Age de 102 ans, il a été inhumé au cimetière ‘’Baba-Saad’’, sous une grande émotion et un silence ahurissant, en présence des autorités locales, des membres de sa famille et un public très nombreux venu saluer la mémoire de celui qui a porté

L’Algérie et les siens du M’Zab dans son cœur jusqu’à son dernier soupir. Ainsi, la volonté d’Allah oblige!
Durant une boonne partie de sa vie, Cheikh Lakhdar Gara, fut secondé puis remplacé à la tête de sa Fraction, ‘’Achira, El-Afafra” par Cheikh Hadj Mohamed Korti, Ancien élève de l’Institut El-Hayet de la ville de Guerrara.


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