Les cancers en hausse chez les moins de 50 ans



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Ces dernières années, le taux de cancers a quasiment doublé chez les moins de 50 ans à travers le monde.

C’est une véritable « épidémie » chez les moins de 50 ans, résume le cancérologue Shivan Sivakumar, chercheur à l’Université de Birmingham. Entre 1990 et 2019, le taux de cancers a quasiment doublé dans cette tranche d’âge à travers le monde, selon une vaste étude publiée en 2023 par le BMJ Oncology, qui s’est concentré sur la trentaine de cancers les plus répandus. Les cancers les plus fréquents chez les jeunes patients sont aussi ceux qui sont le plus fréquents chez les personnes plus âgées.

Le phénomène, qui affecte particulièrement les pays développés, se traduit aussi par une hausse des morts du cancer chez les moins de 50 ans.

En réalité, les cancers gastro-intestinaux (colon, œsophage, foie…) font l’objet d’une flambée particulièrement notable chez les jeunes. Selon l’American Cancer Society, ils constituent la première cause de mort du cancer chez les hommes de moins de 50 ans, et la seconde chez les femmes du même âge, derrière le cancer du sein.

Comment expliquer un tel phénomène ?

La réponse est sûrement complexe. « À l’heure actuelle, il n’y a pas d’élément concluant » pour privilégier une explication, explique le Dr Sivakumar. Il est probable que plusieurs facteurs soient impliqués.

Les chercheurs privilégient deux grandes pistes. Soit les générations récentes ont été plus exposées que leurs prédécesseurs à des facteurs de risques bien connus. Soit de nouveaux risques sont apparus.

La première catégorie d’hypothèses est notamment alimentée par un constat : comparés aux générations précédentes, les quadragénaires actuels étaient plus jeunes quand ils ont fait l’expérience du tabagisme, de la consommation d’alcool ou de l’obésité. Le dernier point retient particulièrement l’attention de l’épidémiologiste Helen Coleman, de l’Université Queen’s de Belfast. La chercheuse, qui a particulièrement étudié les cancers chez les jeunes en Irlande du Nord, pointe une « épidémie d’obésité » qui n’existait pas avant les années 1980.

Apparition de nouveaux cancérogènes ?

Objets d’une forte attention médiatique, les aliments ultra-transformés ont récemment été cités comme possible coupable.

Reste l’autre grande hypothèse, qui avance l’apparition de nouveaux cancérogènes. Les théories sont multiples : produits chimiques, microplastiques, nouvelles drogues, une alimentation déséquilibrée, pollution, la sédentarité, le manque d’activité physique, les pesticides, les perturbateurs endocriniens… À l’inverse, avoir une bonne alimentation, pratiquer une activité physique régulière, limiter l’exposition aux UV et à certaines substances professionnelles sont des boucliers de protection. En limitant les facteurs évitables, il est possible d’éviter 40 % des cancers.

À noter que « cancérogène » qualifie une substance qui provoque l’apparition d’un cancer ; et « Cancérigène » désigne pour sa part une substance qui favorise le développement d’un cancer.

Importance du dépistage

Pour certaines autorités sanitaires, le dépistage est un outil crucial. De manière plus générale, les chercheurs interrogés espèrent que le cas de la princesse de Galles attirera l’attention des jeunes sur le fait que le cancer ne frappe pas que les plus vieux. Et qu’en cas de doute sur un symptôme, mieux vaut consulter.

Écouter son corps

Ce qui est important, ce n’est pas l’âge mais le stade du cancer au moment où il est découvert. Dans le cancer, la maladie se développe en produisant des cellules anormales qui prolifèrent de façon anarchique et excessive. Chez les jeunes, le potentiel de gravité peut être plus important en raison de la rapidité de multiplication des cellules. Plus le cancer est d’apparition précoce et plus la rémission est importante. Mais plus le cancer se déclare chez un jeune et plus il a de chance de récidiver, car l’espérance de vie est plus longue.

Il faut être à l’écoute de son corps. Face à une fatigue inhabituelle et qui persiste, face à une perte de poids non souhaitée, il est recommandé de consulter un médecin afin de réaliser un bilan. Davantage de cancers sont dépistés qu’avec l’imagerie. Toute manifestation inhabituelle doit pousser à prendre un avis médical. Il ne faut pas négliger les signaux envoyés par le corps.

De nombreux cancers pourraient être évités en changeant nos comportements et nos modes de vie.

 


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