Toufik

Fin de mission



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Le patron du DRS depuis 1990, Mohamed Lamine Mediène dit « Toufik », l'homme le plus mystérieux d'Algérie quitte ses fonctions et part à la retraite. Depuis plusieurs jours des informations concordantes faisaient état d'un départ de Toufik à la retraite. Le Jeune Indépendant avait fait état de cette éventualité la semaine dernière.

Le président Bouteflika, a mis fin aux fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, exercées par le général de corps d'armée, Mohamed Mediene, depuis 25 ans. Il a été admis à la retraite, indique hier un communiqué de la Présidence de la République repris par l'APS.

Conformément aux dispositions des articles 77 (alinéas 1 et 8) et 78 (alinéa 2) de la Constitution, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, ministre de la Défense nationale, a mis fin ce jour aux fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, exercées par le général de corps d'armée, Mohamed Mediene, admis à la retraite », lit-on dans le communiqué.

Le président de la République a nommé M. Athmane Tartag, chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, ajoute la même source. Athmane Tartag, général-major à la retraite, était jusqu'à ce jour conseiller auprès du président de la République. Auparavant, il avait assumé plusieurs hautes responsabilités au sein des services de renseignement et de sécurité, conclut le communiqué. Depuis le mois de juillet, le président Bouteflika a mis à la retraite trois hommes clés de l'institution militaire.

Le général-major Ali Bendaoud, responsable de la Direction de la sécurité intérieure (DSI, contre-espionnage), le général Ahmed Moulay, chef de la garde républicaine, et le général Djamel Kehal Medjoub, responsable de la protection présidentielle.

Ils ont été remplacé respectivement par le général Boura Rezigue alias Abdelkader, nommé comme nouveau directeur de la Direction de la sécurité intérieure (DSI), dépendant du département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général de corps d'armée Ben Ali Ben Ali, plus haut grade l'armée algérienne à la tête de la garde républicaine et colonel Abdelaziz qui remplace le chef du contre-espionnage, Ali Bendaoud, numéro 2 des services de renseignement. Enfin le dernier changement concerne la Gendarmerie nationale puisque le général Menad Nouba succède au général Ahmed Boustila, en poste depuis l'an 2000.

Il A travers cette annonce, la première du genre annonçant le départ d'un haut responsable de l'institution militaire par le biais d'un canal officiel, la présidence de la république se met au diapason de la communication institutionnelle.

Ce ne fût pas le cas pour les annonces précédentes fuitées à travers des sites électroniques. D'ailleurs le directeur du cabinet de la présidence Ahmed Ouyahia avait dénoncé avant-hier ces pratiques considéré selon lui comme des informations relevant du secret-défense.

Toufik, « l'homme fort »

Né en 1939 dans la région de Guenzet dans la wilaya de Sétif, Toufik a grandi à la Casbah puis à Bologhine. Il est le haut-gradé algérien ayant demeuré le plus longtemps à son poste. Avec le départ du général Toufik, c'est toute une génération post indépendance qui s'en va laissant le soin à une autre qui a fait les grandes écoles académiques. En 1961, Toufik rejoint l'ALN (Armée de libération nationale) quelques mois avant l'indépendance.

Après l'indépendance de l'Algérie, il intègre les services de renseignement, successeur du MALG (ministère de l'Armement et des Liaisons générales), il fait partie des rares dirigeants du DRS de son époque qui n'émergent pas du MALG.

Ensuite, il est envoyé suivre une formation en URSS au sein du KGB de la « promotion tapis rouge », une promotion d'agents de renseignement formés au KGB. De retour en Algérie, il est affecté avec le grade de lieutenant au frontière algéro-marocaine à la deuxième région militaire dirigée alors par le colonel Chadli Bendjedid et son chef d'état-major le capitaine Larbi Belkheir.

En 1978, homme de confiance de Chadli, il est promu au rang de capitaine et officier de sécurité de cette zone frontalière et réintègre peu après la direction central de la SM (Sécurité militaire) et prend la tête de la sous-direction de la sécurité de l'armée sous le commandement du général Lakehal Ayat directeur central de la sécurité militaire.

En 1983, il est affecté à Tripoli (Libye) en tant qu'attaché militaire à l'ambassade d'Algérie à Tripoli. Il retourne en 1986 en Algérie et devient chef du département de la défense et de la sécurité à la Présidence de la République, où Larbi Belkheir occupe la fonction de directeur de cabinet du président Chadli Bendjedid. Puis en 1987, le président Chadli signe un décret nommant le colonel Toufik à la tête du DADS (Département des affaires de défense et de sécurité) pour la succession du général Hocine Benmalem. Il dirige ainsi tous les services de sécurité du pays (police, gendarmerie, sécurité militaire).

Après le départ de Lakhal Ayat, il est promu directeur central de la sécurité de l'armée remplaçant le général Betchine, et à la suite de la démission de ce dernier en octobre 1990, il prend la tête de la sécurité militaire.

Sous le nouveau ministre de la Défense nationale, Khaled Nezzar, il devient général et crée par la suite un puissant organe de renseignement le DRS (Direction du renseignement et de la sécurité) avec plus de prérogatives que son prédécesseur.

Le général Toufik va organiser, en lien avec les généraux Khaled Nezzar ministre de la Défense nationale, le général Smain Lamari, patron de la DCE (Direction du Contre-Espionnage), le général Kamel Abderrahmane, patron de la DCSA (Direction Centrale de la sécurité de l'Armée) et le général Mohamed Lamari, chef d'Etat-Major de l'ANP, la gestion de la crise. Entre 1994 et 1998, le général Mediene soutien toutes les tentatives de paix du président Liamine Zéroual, amorcer un dialogue politique avec les dirigeants de l'ex FIS et la politique de la Concorde civile.

Reformes du DRS

L'arrivée du président Bouteflika en 1999 ne rapporte pas de changement au niveau de la direction du DRS. Durant toute la présidence de Bouteflika, il va rester le chef incontesté des services secrets.

Le DRS, comme par ailleurs toute l'Algérie, connaîtra durant la présidence de Bouteflika des changements, pour moderniser ses structures et perfectionner ses effectifs.

A la suite de l'expérience des années du terrorisme, le rôle des services secrets va augmenter jusqu'à devenir incontournable à fin de détecter les dangers et d'éviter des scénarios sanguinaires au niveau national et international (la participation de l'Algérie à la lutte internationale contre le terrorisme mondiale) et en plus de la défense des intérêts nationaux, ce départements est confié à de nouvelles missions, comme la lutte contre la contrebande et la surveillance de l'immigration clandestine dans le grande Sahara pour couper le financement des réseaux terroristes.

Le général Mediene va être l'instigateur de ces opérations, il sera derrière toutes les reformes que connaîtra le DRS. Cette période est marquée par la baisse des activités terroristes à tous les niveaux.

Le DRS réussis à déjouer plusieurs attentats terroristes et à démanteler le reste des groupes armées, car la majorité des terroristes sont soit été tués dans les combats ou ont choisis de déposer les armes, bénéficiant de la loi de la concorde civile et par la suite la charte de paix et de la réconciliation nationale.

En 2013, le président Bouteflika décide de nouvelles réformes dans ce département, il retire certaine prérogatives qu'il confia à d'autres départements ministériels tout en renforçant certaines structures du DRS avec des nouveaux responsables rompus dans la lutte contre le terrorisme.


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